La haine impuissante n'est un supplice que pour celui qui la ressent et un amusement pour celui qui en est l'objet.
La Terre est un lieu de plaisirs mêlés de beaucoup de souffrances et n'est de repos pour personne.
Choisir entre les passions celles qui ne peuvent nous procurer que du bonheur, c'est entre les passions choisir la raison.
Si partir c'est mourir un peu, revenir c'est un peu renaître.
On ne peut avoir plus d'un ami qu'à la condition que vos amis soient amis les uns des autres autant qu'ils le sont de vous.
La véritable amitié est une union et une sorte de confusion de deux âmes l'une avec l'autre, l'une dans l'autre.
On choisit son ami, on ne choisit pas son père ni son frère. L'amitié a pour essence même le choix et la liberté volontaire qui ne se trouvent pas dans les liens de la famille, quelque naturellement forts qu'ils soient.
L'ennui est l'ennemi le plus redoutable de l'homme.
On ne s'ennuie jamais avec ceux qui sont gais et joyeux, ils ont un tour d'imagination divertissant, ils sont féconds en mots drôles et en fantaisies curieuses ; ils parlent inépuisablement et sans dire toujours la même chose.
La vie n'est donnée à personne en propriété, chacun n'en a que l'usufruit.
Qui veut trop prouver arrive souvent à ce résultat que son interlocuteur prenne ses dires à rebours.
Le pressentiment ne fait pas avancer d'un pas dans le pays de la certitude.
L'amour de la vie consistant, en tant qu'idée, à croire que la vie est belle, est très vrai semblablement une illusion. Il y a une duperie à nous faire croire que la vie est belle, si quelqu'un nous y fait croire il y a autosuggestion séductrice si nous y croyons de nous-mêmes, et dans ce cas c'est de nous-mêmes que nous sommes dupes.
Travailler pour un avenir incertain n'est pas autre chose que jouer ; on joue pour soi-même contre soi-même.
Travailler pour sa vieillesse, c'est travailler pour l'incertain, sacrifier le présent qui est sûr à l'avenir qui n'est qu'une hypothèse.
Lire, c'est penser avec un autre, penser la pensée d'un autre, et penser la pensée, conforme ou contraire à la sienne, qu'il nous suggère.
Toute passion exclusive développe l'égoïsme.
Je ne souhaite pas que les auteurs abondent en contradictions, mais je souhaite que les lecteurs puissent en trouver.
Rien d'excellent comme la liberté de penser.
La barbarie légèrement adoucie est ce qu'on appelle civilisation.
La pauvreté conserve l'énergie.
Les livres sont nos derniers amis.
Le mécontentement, c'est le désir de mécontenter.
Il n'y a pas de plaisir à n'avoir pas de plaisir.
La sympathie est la clef par laquelle on entre dans un coeur.
Que l'homme riche soit l'égal devant la justice de l'homme pauvre.
Le criminel n'est pas un criminel, c'est un idiot.
Toute passion devenant dominatrice rend idiot.
Il n'est pas inutile d'être idiot pour être souverainement intelligent.
Il ne faut point parce que nous avons trouvé contre un raisonnement un peu faible de l'auteur un raisonnement assez fort, croire toujours avoir raison contre lui.
Le plaisir d'offenser, de provoquer, c'est l'instinct de lutte.
Le critique doit inviter à relire ou à repenser sa lecture.
Rien ne révèle la débilité et ne l'entretient comme la moquerie.
La lecture, certaines précautions prises, est un des moyens de bonheur les plus éprouvés.
La première lecture est au lecteur ce que l'improvisation est à l'orateur.
La lecture est une victoire de l'ennui sur l'amour-propre.
L'art de lire, c'est l'art de penser avec un peu d'aide.
Lire, c'est penser avec un autre, penser la pensée d'un autre.
Lire est doux ; relire est, quelquefois, plus doux encore.
Un compliment c'est un peu d'amour dans beaucoup d'esprit.