Une femme laide à faire peur paraît à son mari aussi belle que Vénus.
Le bonheur consiste principalement à s'accommoder à son sort, et à vouloir être ce qu'on est.
J'aime mieux passer pour fou et pour un être sans valeur que d'être sage et morose.
Le fou, parce qu'il l'est, croit que tous ceux qu'il rencontre sur sa route sont fous comme lui. Quelle modestie, de voir des égaux dans tous les hommes, et de reconnaître chez eux, malgré l'amour-propre naturel à chaque individu, le même mérite qu'on a en soi !
Qui connaît l'art de vivre avec soi-même ignore l'ennui.
Un avare prend pour le comble de la félicité de vivre comme un gueux afin d'enrichir son héritier.
Si les mortels se décidaient à rompre avec la Sagesse et vivaient sans cesse avec moi la Folie, au lieu de l'ennui de vieillir, ils connaîtraient la jouissance d'être toujours jeunes.
Le fou dévient sage à ses dépens, il ouvre les yeux après l'action.
Les heures, les jours, les semaines, les mois, les années, s'écoulent comme les minutes et les secondes.
Comme il est d'une suprême sottise d'exprimer une vérité intempestive, il est de la dernière maladresse d'être sage à contretemps.
La folie est la source des exploits de tous les héros.
L'argent n'a pas d'opinion.
L'amitié est comme les vins vieux, les années la rende plus précieuse.
Pas de fard sur ma figure, elle ne dit rien qui ne soit dans mon cœur.
Plus l'amour est parfait, plus grande est la folie et plus complet est le bonheur.
Qui aime avec transport ne vit plus pour soi, il vit dans l'objet de son amour.
Il faut que la Folie jouisse d'une grande faveur près des immortels, puisqu'on lui remet tous les jours des fautes pour lesquelles la sagesse ne trouve pas grâce. Un sage a-t-il fait quelque sottise, vite, il allègue la Folie pour obtenir pardon, et se réfugie sous sa protection.
N'oubliez jamais que Jésus appelle ses élus ses brebis, et que de tous les animaux c'est sans contredit l'espèce la plus sotte. Caractère de brebis, dit Aristote, à cause de la stupidité inhérente à ces animaux, est devenu une injure grave ! Tel est pourtant le troupeau dont Jésus se déclare le pasteur.
Les fous ont le privilège de tout dire sans offenser personne.
Qui cache sa folie vaut mieux que qui cache sa sagesse.
Qui cherche la science cherche la douleur ; il y a de grandes souffrances dans une grande intelligence.
Le cœur du sage est hanté par la tristesse, le cœur du fou par la gaieté.
La folie est la joie du fou.
Le fou change comme la lune, le sage à la stabilité du soleil.
Un bien est d'autant plus grand qu'il est partagé par un grand nombre.
Les philosophes ne savent rien, et prétendent tout savoir ; ils s'ignorent eux-mêmes et ne voient ni la fosse ouverte à leurs pieds, ni le rocher qui se dresse devant eux ; leur vue est courte et leur esprit bas.
En recopiant sans peine, le plagiat s'approprie une gloire qui a coûté d'immenses travaux à d'autres.
Les poètes, enfants de la liberté, toute leur affaire est d'amuser les oreilles.
Ce qu'il y a de plus remarquable chez les maîtres et maîtresses d'école, c'est leur talent de fasciner les mamans, naïves et stupides, et les papas imbéciles, qui croient sur parole la science qu'ils se donnent.
La folie est une ivresse sans fin, où la joie, les délices, les enchantements se renouvellent sans cesse.
Le monde le plus restreint est celui des sages, si sages il y a.
Jouir seul n'est pas jouir.
Un fou à un grand avantage sur le sage, il est heureux à peu de frais.
L'esprit humain a une grande affinité pour le rêve qui le conduit sans efforts vers des pays enchantés.
L'imagination est la source où l'on puise le bonheur à meilleur marché.
L'ange qu'on a aimé à la folie devient souvent un vieux diable que l'on déteste.
L'ange qu'on a aimé jusqu'à la folie, devient quelquefois, avec le temps, un vieux diable que l'on déteste.
Un seul arbre ne peut tenir deux rouges-gorges.
Un, c'est personne.
Jeunesse angélique fait vieil âge satirique.
Il n'est pas de satiété dans l'étude.
La vieillesse est à charge à autrui comme à elle-même.
Le feu n'éteint pas le feu.
On ne flatte jamais mieux qu'en affichant une franche critique.
Si tu combats avec une épée d'argent, tu seras toujours vainqueur.
Le vaincu pleure, le vainqueur est ruiné.
Plus l'amour est parfait, plus la folie est grande et le bonheur sensible.
La montagne ne fraie pas avec la montagne.
Le glaise ne devient terre à mouler qu'après avoir été pétrie.
On a raison de se louer soi-même quand on ne trouve personne pour le faire.
Si tu te fais de nouveaux amis, n'oublie pas les anciens.
Qui court deux lièvres à la fois n'en prend aucun.
Un fou quelquefois parle avec sens et raison.
On trouve chez tous les fous réunis une demi once, que dis-je, un quart d'once de véritable sagesse !
À peine le vin est-il cuvé, que les chagrins reviennent au triple galop.
Ne donne pas de conseils à moins qu'on ne t'en prie.
Rien n'est plus logique que de voir la Folie trompeter ses propres louanges.