Que les exilés de force sont à plaindre ! Rien ne leur plait dans cet éloignement.
On se doit de perfectionner ce qu'on aime.
Espérer ou craindre pour un autre est la seule chose qui donne à l'homme le sentiment complet de sa propre existence.
Faire du bien, soulager, est une jouissance intime, la moelle du cœur d'une femme.
Quand on perd un être cher, toute consolation humaine est vide.
Les douleurs profondes sont comme la mer, elles avancent, creusent toujours davantage.
Où l'éternité réside, on retrouve jusqu'au passé.
Hélas ! hélas ! que les choses passent en cette vie, et que les souvenirs demeurent !
Hélas ! le temps passe, et il nous emporte sur sa croupe.
Le cœur en crainte est un mauvais artisan de bonheur.
Jour triste au-dehors comme au-dedans. Je m'ennuie plus que de coutume, et comme je ne veux pas m'ennuyer, j'ai repris la couture pour tuer le temps à coups d'aiguille ; mais le vilain serpent remue encore, quoique je lui aie coupé tête et queue, c'est-à-dire tranché la paresse et les molles pensées. Le cœur s'affaiblit sur ces impressions de tristesse, et cela fait mal !
Comment fais-tu, toi qui ne pries pas, quand tu es triste, quand tu as le cœur brisé ? Pour moi, je sens que j'ai besoin d'une consolation surhumaine, qu'il faut Dieu pour ami quand ce qu'on aime fait souffrir.
Que la chambre d'un absent est triste ! On le voit partout sans le trouver nulle part. Voilà ses souliers sous son lit, sa table encore toute garnie, ses livres que qu'il lisait avant de s'endormir, et moi qui t'embrassais, te touchais, te voyais. Qu'est-ce que ce monde où tout disparait ?
Les témoignages d'amitié me touchent et me font bénir Dieu d'être aimée. L'amitié est chose si douce ! Elle se mêle à la joie et vient adoucir l'affliction.
De temps en temps, l'âme a besoin de se trouver en solitude, de se recueillir loin de tout bruit.
Ils sont doux les baisers d'enfant, il me semble qu'un lis s'est posé sur ma joue.
La vie est un chemin bordé de fleurs, d'arbres, de buissons, d'herbes, de mille choses qui fixent sans fin l'œil du voyageur ; mais le voyageur passe. Oh ! oui, passons sans trop nous arrêter à ce qu'on voit sur terre, où tout se flétrit et meurt. Regardons en haut, fixons, les cieux, les étoiles ; passons de là aux cieux qui ne passeront pas !
Le cœur n'aime pas d'être entendu dans ses confidences.
Il ne faut pas garder en soi l'ennui qui ronge l'âme ! Je le compare à ces petits vers qui se logent dans le bois des chaises et des meubles dont j'entends le crac-crac quand ils travaillent et mettent leur loge en poussière.
Un beau soleil levant nous fait espérer un beau jour.
La désobéissance fut le premier vice de l'homme, c'est le premier défaut de l'enfant : il trouve un maudit plaisir dans tout ce qu'on lui défend.
Pour se consoler, il n’est rien de mieux que la foi pour l'âme, l'amitié pour le cœur.
Sur la terre, plus j'y demeure, et moins je m'y plais.
J'aime le repos, non pas l'inaction, mais le calme où reste une âme heureuse !
En ce monde, ombre de l'autre, on ne voit que l'ombre de la félicité.
La tristesse me rend muette, j'aime mieux me taire que me plaindre.
L'enfer ne punit que l'injustice, et quelle injustice commet le loup qui mange l'agneau ? Il en a besoin ; ce besoin, qui ne justifie pas l'homme, justifie la bête qui n'a pas reçu de loi supérieure à l'instinct. En suivant son instinct, elle est bonne ou mauvaise par rapport à nous seulement ; il n'y a pas vouloir, c'est-à-dire choix, dans les actions animales, et, par conséquent, ni bien ni mal, ni paradis ni enfer.
L'âme dans l'affliction se console en Dieu ! que de force elle tire de la puissance divine !
Quand on revient sur son passé, on efface. On y trouve tant d'erreurs !
Le cœur des femmes est parleur et n'a pas besoin de grand-chose ; il lui suffit de lui-même pour s'étendre à l'infini et faire l'éloquent, de cette petite poitrine où il est, comme d'une tribune aux harangues.
Le cœur, quand il est triste, n'a pas assez des secours humains qui plient sous lui tant il est pesant de tristesse. Il faut à ce roseau d'autres appuis que des roseaux. Ce n'est que dans le sein de Dieu qu'on peut bien pleurer, bien se décharger.
Le ciel d'aujourd'hui est pâle et languissant comme un beau visage après la fièvre.
La plaisanterie aiguillonne l'esprit.
En compagnie des autres, je me trouve le plus souvent étrangère : je parle peu. J'ai l'esprit de comprendre bien plus que d'exprimer. Pour ceci il faut l'usage ; quand je converse, je sens que j'en manque, que l'à-propos ne vient pas, ni la pensée juste ; presque jamais je ne dis d'abord ce que je dirais ensuite.
La tristesse sans larmes, sèche, heurte le cœur comme un marteau ! C'est la plus pénible à sentir, et cependant il faut la porter comme une autre !
Toi au ciel mon frère, et moi sur la terre ! la mort nous sépare ! Mon âme vit dans un cercueil. Oh ! oui, enterrée, ensevelie en toi, mon frère ; de même que je vivais en ta vie, je suis morte en ta mort. Morte à tout bonheur, à toute espérance ici-bas. J'avais tout mis en toi, comme une mère en son fils.
La confession n'est qu'une expansion du repentir dans l'amour.
Il y a des jours de défaillance où l'âme se retire de toutes ses affections et se replie sur elle-même bien fatiguée. Quand je prends les choses mal, elles m'attristent.
Aujourd'hui fut un beau jour, un de ces jours qui commencent doux et finissent doux comme une coupe de lait. Dieu soit béni de ce jour passé sans tristesse ! Ils sont si rares dans la vie ! et mon âme plus qu'une autre s'afflige de la moindre chose ! Un mot, un souvenir, un son de voix, un visage triste, un rien, je ne sais quoi, souvent troublent la sérénité de mon âme, petit ciel que les plus légers nuages ternissent.
Comme la colombe, j'aime chaque soir revenir à mon nid. Nul endroit ne me fait plus envie. Je n'aime que les fleurs que nos ruisseaux arrosent, que les prés dont mes pas ont foulé le gazon ; je n'aime que les bois où nos oiseaux se posent, mon ciel de tous les jours et son même horizon.
La vie et la mort sont sœurs et naissent ensemble comme deux jumelles.
Les ans qui passent en ce monde sont autant de pas vers l'autre monde.
Il y a des jours où l'âme se recoquille et fait le hérisson. Si tu étais là tout près, je te piquerais bien fort !
Oh ! que le temps passe vite ! Hélas ! Je le regrette ? Non, je ne regrette pas le temps, ni rien de ce qu'il nous emporte ; ce n'est pas la peine de jeter ses affections au torrent !
J'aime m'arrêter sur mes pensées, m'incliner pour ainsi dire sur chacune d'elles pour mieux les respirer, pour en jouir avant qu'elles ne s'évaporent.
Si j'avais un enfant à élever, je le ferais doucement, gaiement, avec tous les soins qu'on donne à une délicate petite fleur ! Puis je lui parlerais du bon Dieu avec des mots d'amour ; je lui dirais qu'il les aime encore plus que moi, que Dieu me donne tout ce que je lui donne, et, de plus, l'air, le soleil et les fleurs ; que Dieu a fait le ciel et tant de belles étoiles. Ces étoiles, je me levais souvent petite quand on m'avait couchée pour les regarder à la petite fenêtre donnant aux pieds de mon lit. Cela prouve que les enfants ont le sentiment du beau, et que par les œuvres de Dieu il est facile de leur inspirer la foi et l'amour.
Ô mon Dieu, que l'on s'en va vite de ce monde ! Le soir, quand je suis seule, toutes les figures de mes proches morts me reviennent. Mes pensées prennent toutes le deuil, et le monde me parait aussi triste qu'un tombeau.
Oh ! qu'il est doux, lorsque la pluie à petit bruit tombe des cieux, d'être au coin de son feu !