Recueil de poésie et de citations ainsi que des proverbes.

Fernando António Nogueira Pessoa

Quelques mots sur l'auteur :

Photo de Fernando PessoaÉcrivain, critique et poète portugais né le 13 juin 1888 à Lisbonne, Fernando Pessoa est décédé le 30 novembre 1935 dans sa ville natale. Il meurt à l'âge de 47 ans des suites de son alcoolisme, Pessoa fut inhumé au cimetière des Prazeres. En 1985, ses restes sont transférés, pour le cinquantenaire de sa mort, au célèbre Monastère des Hiéronymites de Lisbonne. Pour de plus amples informations, lisez sa biographie sur Wikipédia.

Les 48 pensées et citations de Fernando Pessoa :

Je vois une absence de signification en toute chose ; je vois cela et je m'aime, car être une chose c'est ne rien signifier. Être une chose, c'est ne pas être susceptible d'interprétation.

Fernando Pessoa - Le gardeur de troupeaux (1914)

Les vrais mystères sont ceux de l'espoir.

Fernando Pessoa - En bref, Editions Christian Bourgois (2004)

Je suis entouré d'amis qui ne sont pas mes amis, et de connaissances qui ne me connaissent pas. J'ai froid à l'âme ; je ne sais comment m'emmitoufler. Pour le froid de l'âme il n'y a ni cape ni manteau.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Je frémis en constatant combien il me reste peu de chose de ce qui a été ma vie passée. Moi, l'homme qui soutient que le jour qui passe n'est qu'un songe, je suis moins encore qu'une chose de ce jour éphémère.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Toute ma vie je me suis senti inadapté, même aux choses les plus élevées, tandis que je m'adaptais à toutes les autres, même les plus basses. Je me suis ainsi créé une double personnalité, dont les deux branches sont également fausses.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

La vie humaine est trop triste et trop sérieuse pour qu'on en rie.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

La destinée sentimentale d'un érudit passant sa vie à lire et relire, dans le silence de son cabinet, m'a toujours paru ce qui pouvait le mieux convenir à des nerfs malades tels que les miens. L'éloignement de tout, et l'abdication solennelle – tel un roi abdiquant son trône – de tout ce qui est la vie !

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Plus nous approfondissons, au cours de notre vie, notre propre sensibilité, plus ironiquement nous venons à nous connaître. À vingt ans, je croyais en mon destin funeste ; aujourd'hui je connais mon destin banal.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Sois aimable par simple amabilité, sans plus ; ne te livre pas, ne discute pas sans frein de problèmes liés à la vie intime de l'esprit.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

La vie, la vie tout entière, c'est une éternelle rumeur, et la mort, la mort tout entière, son éternel démenti. Espoir, amour, illusion, foi anxieuse dans l'avenir, confiance tremblante dans le présent, tout cela cesse dans son objet et en soi-même. Passer, c'est se démentir.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Je suis perpétuellement consumé par un profond, un inextinguible amour de l'humanité, un profond désir de faire le bien, de défendre les faibles, de réaliser des choses prodigieuses.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Le plus grand amour n'est pas celui qu'expriment des mots tendres et purs. Ni celui que dit le regard, ou que transmet une main effleurant légèrement une autre main. C'est, lorsque deux êtres se trouvent ensemble sans se regarder ni se toucher, celui qui les enveloppe comme un nuage.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

L'amour unifie, et rend chaque homme à lui-même ; l'homme n'est vraiment soi que lorsque, par la force de l'amour, il devient plus grand que lui-même, extérieur à lui-même.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

L'homme de génie est un simple dépositaire de son génie. Tout son effort doit tendre à l'utiliser, et se préparer à le faire. S'il ne le fait pas, ce sont des comptes fort graves qu'il devra rendre – à Dieu peut-être, je ne sais, mais en tout cas à son être futur.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Avoir un caractère fixe, des habitudes précises, des opinions constantes, c'est s'appartenir à soi-même. Nous devons toujours changer d'opinion, de caractère et de projets, sans que jamais cette opinion coïncide avec celles d'autrui.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Le grand défaut du travail et de l'effort est qu'ils peuvent devenir une habitude... L'inaction pâtit du même défaut. Elle tend à devenir, elle aussi, une habitude. N'avoir ni habitudes, ni opinions, ni personnalité fixe, c'est le contraire absolu de l'homme supérieur.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Pour l'homme supérieur, les autres n'existent pas. Il est l'autre de lui-même. S'il veut imiter quelqu'un, c'est lui-même qu'il cherchera à imiter. S'il veut contredire quelqu'un, c'est lui-même qu'il tentera de contredire. Il cherche à se blesser lui-même, dans ce qu'il a de plus intime.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Faire quelque chose à l'inverse de ce que fait tout le monde est presque aussi mauvais que le faire parce que tout le monde le fait. C'est manifester un égal souci des autres, un semblable recours à l'opinion des autres – caractéristique indubitable de l'infériorité absolue.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Que sommes-nous pour nous-mêmes ? Des songes qui passent dans la brume, des lieux chargés d'angoisse ! Ce que nous faisons, nous ne le voulons pas ; cela est voulu en nous par quelqu'un d'étranger à nous-mêmes.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

La vie, dans son essence, est bien monotone. Le bonheur consiste donc à s'adapter, dans une mesure raisonnable, à la monotonie de la vie. Devenir monotone, c'est devenir semblable à la vie ; c'est, en somme, vivre pleinement. Et vivre pleinement, c'est vivre heureux.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

L'essence du progrès, c'est la décadence ; progresser, c'est mourir parce que vivre, c'est mourir.

Fernando Pessoa - En bref, Editions Christian Bourgois (2004)

Les esprits analytiques ne voient pratiquement que les défauts : plus la lentille est forte, plus imparfait nous apparaît l'objet observé. Le détail est toujours fâcheux.

Fernando Pessoa - En bref, Editions Christian Bourgois (2004)

La science consiste à vouloir adapter un rêve plus petit à un rêve plus grand.

Fernando Pessoa - En bref, Editions Christian Bourgois (2004)

L'amour est un échantillon mortel de l'immortalité.

Fernando Pessoa - En bref, Editions Christian Bourgois (2004)

L'esclavage peut être naturel, comme chez les peuples anciens, dont la conception du monde était simple et naturelle, ou artificiel, comme dans le monde moderne, où l'esclavage économique a remplacé l'esclavage social, et où l'homme est contraint de travailler non parce qu'il est fait prisonnier à cet effet, mais parce qu'il mourrait de faim s'il ne le faisait pas. Tout secours aux chômeurs, en tant que mouvement humanitaire, est, à l'instar de tant d'autres mouvements humanitaires, un crime social, parce qu'il représente une violation de la loi essentielle de la réduction à l'esclavage de ce qui est apte au travail.

Fernando Pessoa - Contes, fables et autres fictions (2011)

Le pire chez les femmes, c'est le manque de courage. Pensez-vous qu'une femme sérieuse porte une jupe courte pour être à la mode – dans le secret de son âme ? Elle le fait pour attirer les hommes – ce qu'elle n'ose pas, c'est les laisser s'approcher. Y a-t-il une femme qui se coucherait pour être juste palpée des yeux ?

Fernando Pessoa - Contes, fables et autres fictions (2011)

Le travail est le père de tous les vices. Seule l'oisiveté est pure. On dit que l'oisif vole, trompe, filoute. Mais il ne peut pas agir ainsi, car ce sont là des actions, et agir c'est ne pas être oisif.

Fernando Pessoa - Contes, fables et autres fictions (2011)

L'homme qui vole ou trompe n'est qu'un impatient, il veut obtenir les choses rapidement.

Fernando Pessoa - Contes, fables et autres fictions (2011)

Toute tentative sincère consistant à unir plaisir et solitude me paraît relever du domaine de l'aliénation mentale.

Fernando Pessoa - Contes, fables et autres fictions (2011)

La différence entre un homme normal et un criminel est une différence de rythme vital.

Fernando Pessoa - Contes, fables et autres fictions (2011)

Quand je vois le beau, j'aimerais être deux.

Fernando Pessoa - Contes, fables et autres fictions (2011)

On s'habitue et c'est plus par routine qu'on aime que pour autre chose. Qu'est-ce que ça pourrait être d'autre ? Ensuite on s'attache, mais on s'attache autrement, et ce sont nos grands enfants qu'on épouse.

Fernando Pessoa - Contes, fables et autres fictions (2011)

Si l'humanité suivait les règles chrétiennes elle disparaîtrait, parce que, si le mépris des biens et des choses de ce monde annihile la vie sociale, la chasteté annihile la perpétuation de l'espèce humaine elle-même.

Fernando Pessoa - Contes, fables et autres fictions (2011)

Pour chaque philosophe, Dieu est de son avis.

Fernando Pessoa - En bref, Editions Christian Bourgois (2004)

Définir la beauté, c'est ne pas la comprendre.

Fernando Pessoa - En bref, Editions Christian Bourgois (2004)

Rien ne pèse autant que l'affection d'autrui.

Fernando Pessoa - Le livre de l'intranquillité (posthume, 1982)

Le seul mystère, c'est qu'il y ait des gens pour penser au mystère.

Fernando Pessoa - Le gardeur de troupeaux (1914)

Dieu est la meilleure plaisanterie de Dieu lui-même.

Fernando Pessoa - En bref, Editions Christian Bourgois (2004)

La justice est à la bonté ce qu'est la chasteté à la timidité sexuelle.

Fernando Pessoa - En bref, Editions Christian Bourgois (2004)

Quel grand repos de n'avoir même pas de quoi avoir à se reposer !

Fernando Pessoa - Le gardeur de troupeaux (1914)

Aimer, c'est l'innocence éternelle, et l'unique innocence est de ne pas penser.

Fernando Pessoa - Le gardeur de troupeaux (1914)

Le monde est à qui naît pour le conquérir, et non pour qui rêve.

Fernando Pessoa - Insomnie (1929)

Le zéro est la plus vaste des métaphores. L'infini, la plus vaste des analogies. L'existence, le plus vaste des symboles.

Fernando Pessoa - En bref, Editions Christian Bourgois (2004)

J'ai toujours trouvé que le plus grand mérite consistait à obtenir ce qui est hors d'atteinte, à vivre là où l'on est pas, à être plus vivant une fois mort que de son vivant – à obtenir, enfin, quelque chose d'impossible, d'absurde, et à surmonter, comme autant d'obstacles, jusqu'à la réalité du monde.

Fernando Pessoa - Le livre de l'intranquillité (posthume, 1982)

J'appartiens à une génération encore à venir et dont l'âme ne connaît déjà plus, véritablement, la sincérité et les sentiments de la vie en société.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

Quand les hommes auront compris que la liberté est le bien suprême, et que c'est seulement dans la liberté que nous pouvons être tous égaux et nous aimer comme des frères, parce que nous le serons effectivement, alors l'idéal anarchiste aura atteint le stade religieux.

Fernando Pessoa - Le banquier anarchiste (1922)

Les idées sont quelque chose de merveilleux en elles-mêmes et dans leurs associations. En un instant nous avons traversé le monde entier, et avons placé un infini entre deux pensées.

Fernando Pessoa - En bref, Editions Christian Bourgois (2004)

Les grands hommes véritables sont ceux qui ont aimé l'Humanité sans la toucher, de haut, des régions où l'on peut aimer sans appartenir à quiconque, parce que nous ne nous aimons qu'en nous trompant nous-mêmes.

Fernando Pessoa - Un singulier regard (posthume, 2005)

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