Les 59 pensées et citations de Françoise Giroud :
Il n'y a guère que l'amour qui puisse produire le miracle d'un échange égalitaire.
Le bonheur, c'est faire ce que l'on veut et vouloir ce que l'on fait.
Rien n'est jamais joué si l'on se refuse à subir.
Seuls les vivants respectables font des morts respectables.
Mieux vaut rester parfois bouche cousue.
Mieux vaut être riche et célèbre que pauvre et inconnu quand on comparaît devant un tribunal.
Rien n'est plus beau que de s'aimer et, si possible, pour un couple, de durer.
Quand l'amour tourne court mieux vaut se séparer que de se prendre en grippe.
On ne se suicide pas par amour, mais faute d'amour.
Le désir n'a jamais fait la preuve de l'existence de l'objet du désir.
Garçon ou fille, homme ou femme, il n'y a que des individus fiables ou non.
Agir, c'est se protéger.
Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables et qu'on n'a pas remplacés.
L'indifférence est une infirmité de l'esprit et du coeur.
Une femme, avec quatre enfants, n'a pas le temps de s'ennuyer.
Être mortelle ne m'offusque pas : la mort me blesse quand elle emporte ceux que j'aime, mais elle ne m'est scandale que lorsqu'elle frappe des êtres jeunes, pas ceux qui, comme moi, sont usés.
Un mariage réussi est, en soi, une œuvre qui en vaut bien une autre.
Que Dieu protège les enfants dont la mère a pleuré la naissance.
Tant bien que mal, avec des succès et des échecs, je me suis gouvernée depuis l'âge tendre ; j'ai connu de grandes douleurs, de grands malheurs : on ne peut pas être heureux tout le temps.
Dans ce pays, on divorce comme on se mouche.
J'aime la France, j'aime ce pays de façon charnelle ; j'aime ses coteaux et ses rivières, ses terres rouges, ocres ou noires, ses pierres blondes ; j'aime l'intelligence de ses habitants, comparés à ceux des autres contrées ; j'aime leur goût de la vie, sans être aveugles pour autant.
Être amoureux, cela donne des ailes.
Une certaine France est en train de disparaître, et surtout, cela va trop vite. Changer, c'est le mouvement même de la vie ; mais quand le rythme du changement dépasse la cadence naturelle des êtres humains, cela fait mal. Nous y sommes, et nous avons mal.
Voilà que, depuis vingt ans, nous avons, en France, tourné le dos à l'espérance et nous l'avons remplacée par la peur. Peur de perdre son emploi, peur de perdre sa couverture sociale, peur des immigrés, peur de Le Pen, peur de Maastricht, peur de la mondialisation de l'économie, peur pour les enfants qui ne connaîtront plus l'ascenseur social, et tout cela finit par tourner à la peur de vivre.
En quatre-vingts ans, j'ai vu le monde se transformer de fond en comble à travers bien des tumultes, et la France traverser bien des crises. Je n'ai jamais vu, dans les pires moments, qu'elle soit en crise d'espérance.
Si mes jours se prolongent, j'écrirai encore un livre, peut-être deux, mais je suis au bout de ma route, maintenant. Recommencer ? Ah non ! La balance est trop lourde du côté des douleurs. Me réincarner, voilà qui me plairait bien. J'aimerais être chat dans une bonne maison, un chat soyeux et moqueur.
Dans l'avenir tel qu'il m'apparaît, personne ne sera plus propriétaire de son emploi. Personne ne vieillira plus dans son entreprise en attendant la retraite. On changera peut-être vingt fois d'employeur dans une vie. Le maître mot sera précarité, insécurité dans le travail.
Ainsi, à 72 ans, me suis-je mise à l'ordinateur. Longtemps j'ai pensé que j'en serais incapable, que c'était bien de la prétention de croire que j'aurais encore cette faculté d'adaptation. C'est l'un de mes petits-fils qui m'a convaincue du contraire : « je te connais, m'a-t-il dit. Tu te débrouilleras très bien. » Il m'a donné l'adresse où acheter l'animal. Et puis s'est produit le miracle : en trois leçons d'une heure et demie, j'ai appris à maîtriser la merveilleuse machine. Outre les services que celle-ci me rend, l'épisode a agi sur moi comme une injection de jeunesse. Donc, dans ma tête, je n'étais pas rouillée, je pouvais encore.
Si vieillir, c'est se désintéresser et devenir indifférent, ce malheur là m'est épargné.
La sagesse des nations prétend que chaque âge a ses plaisirs. Foutaise ! Je n'ai jamais vu que la vieillesse ait les siens. Mais il est vrai qu'on peut vieillir et conserver le bonheur de vivre, à condition d'être en bonne santé.