Les intolérants forcent tout le monde à leur ressembler plus ou moins. C'est une infirmité de la nature humaine que la colère engendre la colère et, une fois la passion déchaînée, il est bien rare qu'elle ne saute point par-dessus les barrières qu'a élevées la raison.
La tolérance ne peut exister qu'à condition d'être mutuelle. Quiconque la refuse aux autres pousse les autres à la lui refuser. Si vous voulez me brûler, parce que je pense autrement que vous, je me défendrai de tout mon pouvoir, et même il y a beaucoup de chances pour que le désir des représailles m'entraîne plus loin que je ne voudrais et que je ne devrais.
Ce qui est fait est fait, rien ne saurait l'anéantir.
Je sais par mon expérience personnelle que les passions, si on leur lâche la bride, se rendent maîtresses de la volonté ; il faut les modérer, les retenir sous le frein de la raison.
Depuis toujours, je recherche uniquement les personnes et les choses qui peuvent me rendre meilleur, m'élever au-dessus de moi-même, me rapprocher de l'homme idéal que je voudrais et que je devrais être.
L'homme de cœur produit de bonnes actions comme la vigne du raisin.
La richesse absout de tout, l'or purifie mieux que le feu.
Si un enfant est un coquin, la faute n'en est pas à lui ! La faute en est à ses parents, qui lui ont transmis un sang vicieux et des règles de conduite plus vicieuses encore ; la faute en est à la société qui l'environne, mauvaise nourrice dont il a sucé le lait et les idées vénéneuses.
Travaillez à faire ressortir la beauté du devoir et la majesté de la justice ; parez des plus belles couleurs cet idéal, afin que l'homme aspire plus ardemment à en gravir les cimes escarpées ; usez des plus fortes paroles pour briser toutes les résistances qui paralysent son élan vers le bien. Telle est la noble tâche de tous ceux qui ont une fois vu face à face ces commandements écrits en nous-mêmes ! Il ne suffit pas de voir le bien soi-même ; il faut aussi le faire voir aux autres.
L'homme doit faire le bien, et à cause de cela même il le peut à tout moment. Quelles que soient son ignorance et son abjection, quelle que soit la force des passions qui le sollicitent, il peut toujours entre deux voies choisir la meilleure.
L'homme est un atome sur un grain de sable, il roule dans l'immensité avec des millions et des millions d'étoiles dont plus d'une est quelques milliards de fois plus grosse que notre globe.
L'orgueil humain est tenace, s'il a perdu un trône, il tâche de s'en rebâtir un autre.
Il est doux pour l'homme vaniteux et pédant de se considérer comme un personnage à part, de se prendre pour Dieu, de s'ériger en être d'exception.
Quand on doit livrer une nouvelle bataille, abordons de front l'ennemi !
La croyance que l'âme est immortelle est un encouragement au suicide.
Pour qu'on soit obligé de faire une chose, il faut qu'on puisse la faire ; à l'impossible nul n'est tenu !
L'homme qui fait le mal le fait parce qu'il le veut, et il le veut parce qu'il lui plaît de le vouloir. Mais qu'est-ce qu'un être qui fait le mal pour le plaisir de le faire ? C'est un démon, un monstre, qu'il faut écraser sans pitié. Haine mortelle à lui et à tous ses pareils ! Ne me parlez pas de circonstances atténuantes. Si forte que fût la tentation, cet homme pouvait résister. La perversité naturelle, gratuite, et la vengeance que vous tirerez de sa faute ne pourra dépasser la grandeur de son inexplicable méchanceté.
Se vanter de ne pas comprendre, c'est se vanter d'être bête, c'est le comble de l'arrogance nulle.
La jeunesse est l'humanité en mouvement, l'avenir en marche, demain qui vient.
La jeunesse française d'aujourd'hui est indifférente à tout, endormie dans l'égoïsme, molle au travail, veule jusque dans le plaisir !
Marcher de l'avant, c'est toujours combattre.
L'art, comme la vie, est incessamment mobile. C'est un fleuve qui coule intarissable entre des rives toujours changeantes.
Il faut être pape ou fou pour se croire infaillible.
On ne parle pas de corde dans la maison d'un pendu !
Tel est riche aujourd'hui qui est pauvre demain.
Les hommes enferment quelques-uns d'entre eux dans des maisons de fous pour faire croire que les autres ne le sont pas.
Je ne connais pas d'autre raison de mon vouloir que mon vouloir même.
Le raisonnement est impuissant à renverser le déterminisme, tout effort pour concevoir une volonté se résolvant sans motif vient se briser contre ce terrible axiome : Il n'y a pas de fait sans cause.
Quand sa maison prend feu, le fataliste, s'il est conséquent, se croise les bras et la regarde brûler. A quoi bon essayer de l'éteindre ? S'il est écrit qu'elle doit être sauvée, c'est inutile de se fatiguer. S'il est écrit qu'elle doit périr, c'est plus inutile encore.
Le libre arbitre ne se prouve pas ; essayer de le démontrer, c'est le nier. C'est un mystère incompréhensible, qu'il faut croire sans tenter de l'expliquer.
Tout fait a une cause ; tout acte a un motif.
La première condition pour être un grand homme est d'être mort.
Il est dur pour un homme et plus dur pour un philosophe d'avouer qu'il s'est trompé ; on n'aime pas plus à se défaire d'une ancienne opinion qu'un serpent à changer de peau.
Ils sont rares ceux en qui l'exercice du pouvoir n'a pas usé la pitié pour les déshérités, la sympathie pour les idées nouvelles, la volonté de marcher en avant !
L'homme n'est pas un dieu tombé qui se souvient des cieux : c'est une âme montante qui a passé tour à tour par les corps du poisson, du reptile, du vertébré et qui a de vagues réminiscences de ces états successifs. Voilà pourquoi l'enfant aime tant la campagne.
Des vers, de la poésie ! Qui lit des vers aujourd'hui ? En province, dans d'heureux petits coins de terre où la vie est plus lente, plus recueillie, plus intime, il y a sans doute encore des gens pour bercer doucement à la cadence des rimes leur rêverie tendre ou mélancolique. Mais, à Paris, dans le fracas des grandes villes, dans le tumulte des affaires et de la bataille politique, qui donc a le loisir de prêter une oreille attentive au chant du poète ? On fait pourtant des vers ; on en fait même beaucoup, de bons, de médiocres et de pires. Honneur aux braves, aux obstinés servants de l'idéal, aux fidèles de la poésie !
Les lois françaises ayant de temps immémorial favorisé les riches aux dépens des pauvres, elles peuvent bien aujourd'hui, par compensation, favoriser les pauvres et les aider à sortir de la situation misérable que leur a faite une oppression archi-séculaire.