L'honnête homme ne peut se faire place au milieu de notre société corrompue qu'en employant toute sa finesse à dissimuler sa loyauté.
Victor Hugo, ce n'est pas seulement le philosophe, c'est le peintre le plus enthousiaste et le plus émouvant de la nature, c'est l'homme des forêts, du soir, du foyer domestique, c'est le cœur sympathique à tous les élans, à toutes les saines affections, aussi est-il une des plus remarquables figures de l'humanité tout entière.
Tout, dans ce monde, est une question de temps.
L'écueil de celui qui veut être infaillible, c'est la banalité.
Dans une âme élevée, tout sentiment a des racines philosophiques ou religieuses. Aussi, quand il s'éteint ou quand il est seulement déçu, les ravages s'étendent au loin.
La timidité prend parfois les apparences de l'orgueil.
Amour et amitié : Chaleur et lumière.
La mobilité de caractère est ce que nous devons le plus craindre chez les autres.
On doit entendre par le mot âme l'ensemble plus ou moins harmonique des facultés morales et intellectuelles.
L'homme d'honneur passe sa vie à chercher un ensemble de principes, une devise sincère qui puisse expliquer toutes ses actions et concilier tous ses instincts. Tant qu'il n'a pas trouvé ce balancier de son équilibre moral, il est obligé, pour ne pas être inconséquent à ses propres yeux, de résister aux penchants les meilleurs de sa nature. Et quand il l'a trouvé, il est souvent trop tard pour s'en servir.
La culpabilité, c'est le rapport de l'acte à la conscience. Le juge connaît le premier terme du rapport, Dieu seul connaît le second.
Il faut presque toujours croire le mal qu'un homme dit de lui-même.
Le doute plane au-dessus des actions muettes. Grave une devise sur ton épée.
L'absolu désintéressement est un luxe que les âmes les plus fières ne peuvent pas toujours se procurer.
Dieu nous a donné l'instinct de l'autre vie et il ne nous en a pas donné l'imagination. Sans cela, la vie ne serait pas la vie, ce serait une intolérable attente.
L'âme qui s'abandonne à l'approfondissement de la nature ne connaît bientôt plus que deux états : l'épouvante et l'extase.
On n'a pas plus tôt fermé ses volets à la lumière du dehors que la lumière du dedans s'évanouit. L'esprit d'exclusion est un esprit de ténèbres.
Entrer dans une corporation, c'est échanger la liberté contre la puissance.
L'homme ne cède pas toujours lorsqu'on l'a convaincu. Pareil à un soldat russe frappé de mort, il faut encore le pousser pour qu'il tombe.
Voulez-vous une image de l'union de l'âme et du corps ? Prenez une larme et essayez d'y séparer, par l'analyse, ce qui est physique de ce qui est moral.
Les preuves que la raison troublée vous refuse, cherchez-les dans le sentiment et dans l'impression.
Le poète n'entend pas Dieu lui parler avec une voix humaine, mais il l'entend parler avec sa voix divine.
Il y a en nous une mémoire latente, composée de tout ce que nous croyons avoir oublié.
L'âme d'un ami ne doit pas être un double, mais un complément de la nôtre.
Il en est des sombres découragements comme de ces voûtes qui traversent aujourd'hui les montagnes. C'est au milieu des plus épaisses ténèbres que l'on commence à revoir le jour.
Certaines douleurs sont comme des portes hautes ; il n'y a que les grands fronts qui s'y meurtrissent.
La source des émotions est en nous et non pas dans les événements qui les provoquent.
On ne saurait trop prendre en pitié les blessures de l'amour-propre lorsque celui qui les éprouve a de la justesse dans l'esprit et de la justice dans le cœur.
L'embarras est moins le résultat de la timidité que de l'amour-propre impuissant.
Le plus grand bien que l'homme puisse faire à l'homme, c'est de sonder doucement les blessures de son amour-propre et de son cœur.
La pureté, le désintéressement, la grandeur d'âme arrivées à leur perfection n'ont aucun besoin de se cacher ; lorsqu'un homme est parvenu à les fondre dans sa nature, les plus surprenantes vertus n'ont plus à craindre l'indiscrétion.
La vie des écrivains s'éclaire surtout par leurs ouvrages.
L'homme supérieur sait les discours de ses adversaires et ses adversaires ne savent pas les siens.
Nous ne pouvons endurer qu'un homme s'estime plus grand que nous ne l'estimons nous-mêmes.
D'où vient que l'on ne trouve jamais trop orgueilleux l'homme que l'on admire ?
On a bien raison de dire que les auteurs de génie manquent de tact et de discernement, car ils supposent toujours un peu de génie à leur public.
La confiance, c'est la bravoure de l'âme.
Plus un homme a de vertus, moins on lui passe de faiblesses. Plus un écrivain a de beautés, moins on lui passe de défauts.
Si violentes qu'elles soient, les passions contraires s'équilibrent dans une grande âme comme les mondes emportés s'équilibrent dans l'univers.
Le dictionnaire est un lien d'iniquité, une sorte de bagne où chaque vertu est attachée avec le vice qui lui est contraire sous la même casaque et sous le même nom.
La langue a été si profondément troublée par les équivoques de l'incrédulité et de la mauvaise foi qu'elle ne fournit plus aucun terme pour désigner, dans l'ordre moral, intellectuel et politique, l'orgueil légitime, l'imagination vraie et la liberté sans licence.
Les prétentions sont l'apanage de la médiocrité.
L'orgueil coupable ne se mesure pas à l'estime que l'on a de soi, mais au mépris que l'on a des autres.
Que celui qui désire tout abaisser commence par s'abaisser lui-même.
Il faut se défier de toute vertu qui tend à nous fermer la bouche ou à nous retenir la main.
Les hautes natures, alors qu'elles paraissent briguer nos applaudissements, ne songent qu'à nous offrir un idéal. Elles ne demandent rien, elles donnent.
La flatterie est infâme, elle ment et elle mendie ; la louange est auguste, elle dit vrai.
On juge mieux d'un homme par ses admirations que par ses antipathies.
La colère des grandes âmes contre le criminel triomphant est sans bornes comme leur compassion pour le criminel vaincu.
La dureté du destin encourage celle des hommes.
Quand vient la fortune, les petits hommes se redressent, les grands hommes se penchent.
Il est aussi impossible à un homme public de mettre une suite et une harmonie complètes dans sa vie qu'il le serait à un peintre d'esquisser une composition sur une toile immense qui se roulerait au fur et à mesure tsar elle-même et ®e le laisserait juger d'aucun ensemble. C'est beaucoup qu'à l'heure du déroulement, on puisse à travers le flottement et l'enchevêtrement des lignes deviner quelques intentions principales et un vigoureux effort d'enchaînement.
L'invention est une fleur merveilleuse qui éclot d'ordinaire sur une tige méprisée.
Il n'y a pas d'émeraude qui embellisse un front comme la louange. C'est un présent magnifique que le plus pauvre peut toujours offrir à ceux qu'il aime.
Pour qu'un grand artiste s'enivrât complétement des acclamations de la foule, il ne faudrait pas qu'il fût condamné à voir au-dessus du tableau qu'il a fait le tableau qu'il avait rêvé.
Les génies modernes ne sont peut-être pas plus grands que ceux de l'antiquité, mais ils sont plus développés.
II ne suffit pas de mettre son idéal dans la charité, il faut mettre la charité dans la lutte.
Pour avoir le droit de tout soupçonner, il faudrait se sentir la force de tout expliquer.
Ceux qui connaissent le moins un grand homme, ce sont ses connaissances.
Plus on a de vanité, plus on en croit voir chez les autres.
Pour ne rien affecter, l'homme renonce à être sincère.
Tout est science, même la conscience.
Tout despote a l'âme d'un insubordonné.
C'est souvent une garantie contre le soupçon que d'être coupable.
Le génie est un aiguillon. Il n'y a point d'homme de génie flegmatique.
Le voile des vertus, ce n'est pas l'humilité, c'est le naturel.
L'admiration est plus sagace que la haine.
La critique est l'art d'admirer.
La vanité est l'ennemie jurée du légitime orgueil.
L'esprit est fréquent chez les enthousiastes, l'enthousiasme est rare chez les gens d'esprit.
Nul n'est grand, s'il l'ignore.
Les gens simples s'imaginent que, pour être naturel, il faut nécessairement leur ressembler.