La plume n'agit jamais plus utilement que lorsqu'elle efface et qu'elle réforme ses premiers traits.
L'homme n'est jamais plus libre que lorsqu'il assujettit ses passions à la raison, et sa raison à la justice.
Une heureuse habitude rend le travail moins pénible, sans le rendre moins exact.
Le luxe en multipliant les besoins, allume la soif des richesses, et entretient dans le cœur un fonds de cupidité.
Le plus précieux et le plus rare de tous les biens est l'amour de son état. Il n'y a rien que l'homme connaisse moins que le bonheur de sa condition.
L'homme riche a des flatteurs ; l'homme de génie a des admirateurs.
Les rivières qui divisent les empires sont devenues les bornes du juste et de l'injuste.
La félicité ne peut naitre sur la terre que de la persuasion religieuse et de la vertu.
Heureuse la personne qui vit contente de ce qu'elle est, et ne désire que ce qu'elle possède.
La véritable grandeur d'âme rougit en secret des applaudissements qu'elle est forcée de recevoir.
Les jolies femmes ont, même sans parler, le don si dangereux de la persuasion.
Le vrai a été souvent beaucoup au-delà du vraisemblable.
Celui qui ne veut relever que de sa raison, se soumet, sans y penser, à l'incertitude et au caprice de son tempérament.
La conviction agit sur l'entendement, et la persuasion sur la volonté.
La vanité divise les hommes au lieu de les réunir.
Le pouvoir de faire le mal est une imperfection, et non pas un caractère essentiel de notre liberté ; et elle ne recouvre sa véritable grandeur que lorsqu'elle perd de cette triste capacité, qui est la source de toutes ses disgrâces.
L'amour de la patrie est le plus généreux des sentiments, c'est celui gui a produit le plus de grands hommes, et qui a fait naître ces héros antiques, dont l'histoire étonne tous les jours notre imagination et accuse notre faiblesse.
De tous les vices, celui qu'on pardonne le moins à un homme dans la société, c'est l'orgueil.
Une trop grande austérité peut être quelquefois l'effet du caractère, et non de la simplicité de mœurs.
Il est plus honteux de céder à la faveur qu'il n'est glorieux de lui résister.
Le sage plaint en secret l'erreur des jugements du vulgaire.
Il n'y a point de vertu plus rare dans notre siècle que la véritable grandeur d'âme.
Le premier soin du juge doit être de rendre la justice, et le second de conserver sa dignité.
Un juge souvent soupçonné peut n'être pas coupable, mais il est rare qu'il soit entièrement innocent.
L'homme, transporté loin de lui par ses désirs, et vieux dans sa jeunesse, il méprise le présent ; et courant après l'avenir, il veut toujours vivre, et ne vit jamais.
L'homme est presque toujours également malheureux, et par ce qu'il désire, et par ce qu'il possède. Jaloux de la fortune des autres ; toujours envieux et toujours envié, s'il fait des vœux pour changer de condition, le ciel irrité ne les exauce souvent que pour le punir.
Le caractère le plus ordinaire de ceux qui déplaisent aux autres est de se plaire trop à eux-mêmes.
L'agréable se trouve dans l'utile.
L'abondance des pensées produit celle des expressions.
Tous les cœurs sont capables de sentir et d'aimer ; tous les esprits ne sont pas capables de raisonner.
La passion triomphe toujours de ceux que la raison n'avoir pu dompter.
Pour convaincre, il suffit de parler à l'esprit ; pour persuader, il faut aller jusqu'au cœur.
L'habitude ne se forme que par des actes réitérés et presque continuels.
Le mérite est le seul bien qui ne s'achète point.
Une heureuse adversité a souvent fait éclater un mérite qui aurait vieilli sans elle dans le repos obscur d'une longue prospérité.
Tous les hommes aspirent à l'indépendance, mais cet heureux état, qui est le but et la fin de leurs désirs, est celui dont ils jouissent le moins. Avares de leurs trésors, ils sont prodigues de leur liberté, et pendant qu'ils se réduisent dans un esclavage volontaire, ils accusent la nature d'avoir formé en eux un vœu qu'elle ne contente jamais.
Les hommes cherchent dans les objets qui les environnent un bien qu'ils ne peuvent trouver que dans eux-mêmes, et ils demandent à la fortune un présent qu'ils ne doivent attendre que de la vertu. Trompés par la fausse lueur d'une liberté apparente, ils éprouvent toute la rigueur d'une véritable tyrannie. Malheureux par la vue de ce qu'ils n'ont pas, sans être heureux par la jouissance de ce qu'ils possèdent ; toujours esclaves, parce qu'ils désirent toujours, leur vie n'est qu'une longue servitude, et ils arrivent à son dernier terme avant que d'avoir senti les premières douceurs de la liberté.
Le caractère de la véritable grandeur est la simplicité.
La vertu dédaigne un vain faste qui ne pourrait que l'avilir en l'énervant.