Lorsque votre mauvaise étoile vous mettra en rapport avec un contrariant, ne vous avisez pas d'entamer une discussion avec un tel homme : cédez-lui.
Du choc des opinions naît la lumière.
Une heure de conversation avec un pédant fatigue plus qu'un voyage au bout du monde.
C'est une des plaies de la société que ces gens que vous ne connaissez pas, avec lesquels vous vous êtes trouvé cinq ou six fois sans faire attention à eux, et qui se croient autorisés à en agir avec vous comme de vieilles connaissances.
Avec les grands-parents, il y a un point délicat à ménager, c'est l'article succession. De la douceur sans affectation, une impassibilité bienveillante, avancent d'une façon notoire les actions d'un collatéral.
Les femmes qui, toujours et partout, doivent donner le ton à la conversation, sont reines surtout dans le salon, leur avis y a force de loi.
Que votre préférence pour une femme ne vous rende pas inattentif et insensible pour les autres. Celle que vous aimez doit seule s'apercevoir de votre amour. Songez bien qu'une femme a presque autant d'amour-propre pour son amant que pour elle-même. Madame de Staël le savait bien quand elle appelait l'amour l'égoïsme à deux.
Ne répétez pas sans cesse à une femme qu'elle est jolie, qu'elle a de l'esprit, de la grâce. Les dames savent cela beaucoup mieux que nous, et elles aiment assez un homme qui leur apprend quelque chose de nouveau.
Dans le tête-à-tête avec un enfant, établissez entre vous et lui un cordon sanitaire de chaises et de fauteuils, si vous ne voulez pas recevoir la boule de ses quilles dans les jambes, ou celle de son bilboquet au milieu du visage.
On est exposé tous les jours à arriver le premier à un dîner ou à une soirée. De ce tête-à-tête auquel on ne s'attend pas, dépend souvent le degré d'estime et de considération qu'aura pour vous le maître ou la maîtresse de la maison.
Le tête-à-tête est l'écueil des sots : dans une réunion de plusieurs personnes où la conversation est générale, où l'on effleure vingt sujets à la fois, il faudrait être bien malheureux ou bien niais, pour ne pas trouver à placer quelques phrases. Il n'en est pas de même dans le tête-à-tête.
Reconduisez la personne qui vous visite jusqu'à la porte d'entrée de votre appartement ; tenez la porte ouverte, et suivez-la des yeux jusqu'à ce qu'elle se soit retournée pour vous faire un dernier salut d'adieu. Cette politesse est un peu gênante, en hiver surtout ; mais il faut s'y soumettre.
C'est une politesse agréable à accomplir que celle d'offrir la main à une dame qui vous a rendu visite, reconduisez-la jusqu'à sa voiture.
Une visite en vaut une autre, comme un soufflet vaut un coup d'épée.
Le salut est la pierre de touche du bon ton.
On ne doit jamais se permettre une plaisanterie, une épigramme, quand on ne connaît pas tous ceux devant lesquels on parle. Sur trente personnes réunies dans un salon, il s'en trouve toujours quinze au moins, sur lesquelles tombe d'aplomb un trait piquant que vous croyez un ballon perdu.
Les hommes qui ont de l'esprit prennent trop souvent pour de l'approbation les éclats de rire que font naître leurs saillies : s'ils pouvaient acquérir un peu de bon sens, cela ne gâterait rien.
Les niais, dans la société, doivent écouter, se taire, et s'estimer fort heureux qu'on veuille bien supporter leur présence, à titre de tapisserie.
Il y a dans toutes les sociétés trois classes d'individus : des niais, des gens qui ont de l'usage sans esprit, et d'autres qui ont de l'esprit sans usage.
Si vous êtes petit, laid, sans grâce et sans tournure, renoncez à vous produire dans la société ; vous y seriez le but de mille plaisanteries. Tout l'esprit du monde ne vous sauverait pas. Le nom d'Ésope est devenu une sottise.
Si vous avez les yeux petits, privés de cils et bordés de rouge, portez des lunettes à verres azurés : on peut avoir de mauvais yeux ; il est ridicule de les avoir vilains.
Tous les hommes ne peuvent être beaux comme des Adonis : il faut au moins, par les soins que l'on apporte dans l'arrangement de son physique, tâcher de paraître le moins laid possible.
Les usages de la société rendent les vertus plus agréables et plus douces, ils maintiennent la bonne intelligence entre les hommes, et resserrent les nœuds qui les unissent.
La convoitise est la racine de bien des maux.
L'amour est une douce chose assurément, mais sa durée est courte et chanceuse.
En amour, le raccommodement doit être scellé d'un baiser, et suivi d'un quart d'heure de silence, à peine de nullité.
Pour qu'une lettre d'amour soit ce qu'elle doit être, il faut la commencer sans savoir ce qu'on dira et la finir sans savoir ce qu'on a dit.