Qui désire plus que de vivre n'aimera jamais la vie avec excès.
Compatir, c'est s'identifier en quelque sorte avec l'objet qui nous frappe ou nous intéresse ; c'est confondre, pour ainsi dire, son existence avec la nôtre, ou la nôtre avec la sienne.
Ne pas trop présumer de ses forces, c'est être modeste pour soi ; ne point trop chercher à se faire valoir, c'est être modeste pour les autres.
La civilisation de l'homme commence par la propreté.
La mort n'est à mes yeux que l'aurore d'une nouvelle vie, le passage du néant à l'être.
Douce espérance, ne me refuse point ton dernier asile !
L'homme n'existe qu'autant qu'il pense.
La vie n'est qu'un moment d'épreuves qui promet une éternité de repos et de bonheur.
Que dire au malheureux dont je ne puis adoucir les souffrances ni par mes soins ni par ma pitié ?
Que dire à l'homme qui souffre sans l'avoir mérité, et sans aucun espoir de soulagement ?
Il est dans cette vie des peines cruelles qui portent le caractère d'une fatalité inévitable.
Une manière d'exister qui serait constamment la même, quelque douce qu'elle pût être, nous deviendrait bientôt indifférente par-là même qu'elle ne renouvellerait point assez vivement le sentiment de notre existence.
Quand tes maux te deviennent tout-à-fait insupportables, ils ne sont pas loin de leur terme.
La plupart de nos maux nous semblent plus terribles lorsque nous les craignons que lorsqu'ils nous ont une fois atteints.
À force de sagesse et de tempérance, on s'épargne une infinité de maux.
Si la raison nous empêche d'être malheureux, c'est le caractère seul qui assure notre bonheur.
La vie est une succession continuelle de biens et de maux, il faut tâcher de donner assez d'élasticité à notre âme pour recevoir toutes les impressions dont elle est susceptible, sans perdre la force d'y résister lorsque notre repos l'exige.
Le plus grand bonheur ne peut naître que de la plus grande illusion.
L'imagination va toujours beaucoup plus loin que la réalité.
Si l'on ne peut changer son caractère, on peut du moins se donner des qualités et des habitudes qui en renforcent ou qui en adoucissent le ton dominant et les nuances particulières.
Qui se néglige ne s'aime ni ne s'estime.
La modération n'est le plus souvent que l'humble compagne de l'impuissance.
La modération est l'égide protectrice de notre repos et de notre bonheur.
Se bien juger soi-même est une règle indispensable pour se bien conduire.
Tout mensonge est une bassesse, et sans exception.
Le mensonge nous semble avilissant que parce qu'il accompagne ou qu'il suppose toujours des vices odieux, la bassesse, l'injustice, la trahison et la lâcheté.
Soyons vrais avec nous-mêmes, et nous le serons toujours assez avec les autres.
Plus on a de vertus, et plus il est aisé d'être vrai.
La véritable sensibilité craint les regards indiscrets, elle a sa modestie et sa pudeur.
Le mépris de ce qui nous entoure ne tarde pas à nous conduire au mépris de nous-mêmes.
Le seul bien d'exister est au-dessus de tous les maux et de toutes les douleurs.
Le cours de la vie offre plus de peines que de plaisirs.
Pour modérer une sensibilité trop vive ou trop susceptible, il n'est pas de remède aussi sûr que de prendre l'habitude d'une manière d'être extrêmement simple, peut-être même un peu plus méthodique que ne l'exigerait d'ailleurs un caractère moins faible.
Le mépris de nous-mêmes est le dernier terme de notre dépravation.
La prudence est moins une vertu qu'une qualité ; naturellement elle devrait être la disposition la plus favorable à toutes les vertus, et trop souvent elle n'en est que la dispense.
La vie est un combat, de notre naissance jusqu'à l'heure de notre mort.
Être brave dans un combat est peu, si dans une conversation on est faible.
Le meilleur motif pour braver le danger, c'est que l'on risque souvent plus à vouloir le fuir.
La loi de la nécessité fait tout supporter, l'intérêt d'une grande passion fait tout entreprendre.
Être juste, c'est rendre à chacun ce qui lui est dû.
Il est toujours malheureux pour un homme de dépendre de ses semblables.
À force de patience et de douceur, on s'empare de la main qui tient nos chaînes.
En voulant déchirer des liens qu'on ne saurait rompre, on les resserre davantage.
Il n'est rien de plus malheureux que de dépendre toujours de ses semblables.
L'amour de la liberté est un sentiment si naturel que de toutes les injustices auxquelles nous sommes si sensibles, la plus cruelle de toutes est celle qui ose attaquer ce reste de liberté que nous ont laissé nos institutions sociales.
Le plus doux de tous les rapports que l'on puisse avoir avec ses semblables, c'est celui de la bienveillance. Des services rendus sans aucun espoir d'intérêt ou de reconnaissance, sont des liens dont il est toujours facile de relâcher les nœuds, et qui ne laissent ni souvenirs, ni regrets trop pénibles.
Le besoin rapproche les hommes, l'inconstance les éloigne.
Tout gain au jeu n'apporte qu'un superflu, toute perte nous prive du nécessaire même.
Il n'est pas d'habitude plus entraînante que celle du jeu. Un joueur commence par se dégoûter de toute autre occupation, et finit le plus souvent par se rendre incapable de tout autre intérêt.
La vie est un combat où on passe sans cesse de la crainte à l'espérance.
La vie est une lutte contre les coups du sort, que tantôt l'on prévient, que tantôt l'on répare.
Le jeu est la passion des hommes désœuvrés et des âmes oisives.
Ce que le sommeil est au corps le repos l'est à l'âme : le sommeil ranime d'abord nos facultés, mais prolongé trop longtemps, il les accable, il les éteint.
La paresse n'est pas une jouissance, elle n'est qu'une exemption de peine, et le repos n'est vraiment désirable que pour conserver les forces que nous avons acquises, ou pour réparer sans effort celles que nous avons perdues.
L'excès de prévoyance éteint tout.
Le présent est un instant qui nous échappe, il ne laisse pas même au sentiment le temps de s'y reposer et de jouir. Il faut à notre cœur comme à notre imagination plus d'étendue, et plus d'espace.
Les meilleures raisons du monde ne l'emportent jamais sur la colère.
La violence est le délire du pouvoir ; la colère est l'ivresse de la violence.
Il est plus facile de s'aimer dans ses enfants que dans ceux à qui l'on doit le jour.
La tendresse des enfants pour leurs parents est la plus naturelle de toutes les vertus, le devoir le plus saint, mais peut-être n'est-ce qu'un devoir, alors que la tendresse des parents pour leurs enfants est quelque chose de plus grand, c'est un sentiment.
L'extrême jalousie naît d'un extrême amour. L'homme qui aime ainsi abandonne à l'être aimé qu'il adore toutes les affections, toutes les facultés, tout le bonheur de son être. Le soupçon ou la certitude, pour lui c'est la même chose, le soupçon ou la certitude qui lui ravit cet objet l'arrache à lui-même par le plus profond et le plus sensible de tous les déchirements.
L'existence la plus heureuse que celle du mariage lorsque l'amour a présidé au choix, lorsque l'estime le justifie, lorsque la douce confiance en éloigne la contrainte et les soupçons, lorsque tous les goûts de l'esprit et toutes les affections du cœur viennent sans cesse en resserrer les liens et lui donnent chaque jour un nouvel intérêt, ou plus vif, ou plus tendre, ou plus doux.
Le mariage c'est charger son cœur de plus de chaînes qu'il n'en saurait porter.
Si le premier de tous les liens est l'amour, la tendresse maternelle est le second.
La pudeur est un des premiers charmes de l'amour ; elle voile avec le même soin ce qui peut augmenter nos désirs, ce qui pourrait nuire à leur douce illusion ; elle prête au sexe le plus faible une arme de plus pour résister.
La religion simple et pure est le plus ferme appui de la faiblesse humaine ; elle rend la vertu plus sublime et plus touchante ; elle soulage l'infortune ; elle inspire au malheur un courage surnaturel ; à l'espérance, la première et la dernière illusion de la vie, elle donne l'éternité en partage.
S'aimer dans les autres, c'est là ce qui distingue l'homme moral de l'homme sauvage.
S'il n'y avait jamais eu d'amants peut-être qu'il n'y aurait jamais eu d'amis.
L'égoïsme, cet amour de soi qui ressemble à la haine, resserre l'âme au lieu de l'épanouir.
Quand tout semble isoler l'homme, c'est le pouvoir de l'amour qui le rapproche de ses semblables, qui réveille sa sensibilité, qui ranime en lui cet instinct céleste qui le dispose à la douceur, à la bienveillance et à la pitié.
L'homme heureux avec l'être qui lui fit goûter la volupté suprême, ne s'en éloigne qu'à regret, cherche à le rencontrer sans cesse, le retrouve sans cesse avec de nouveaux délices, s'y attache, ne veut plus s'en séparer ; et d'une liaison si douce naissent tous les rapports de l'homme social.
L'amour qui n'est qu'un besoin physique devient aisément un besoin du cœur.
Nous avons tous une grande disposition à devenir des machines, c'est-à-dire, à être le lendemain ce que nous avons été la veille, à faire et à sentir ce que nous faisons et ce que nous sentons, sans aucun choix, sans aucune réflexion. Ce qui n'est guère moins vrai, c'est qu'il est peu de choses que nous fassions ni plus sûrement ni mieux, que ce que nous faisons ainsi machinalement.
Il est bien plus aisé de prévenir la naissance d'une habitude que d'en arrêter les progrès.
La morale, c'est la connaissance des moyens qui peuvent nous assurer assez d'empire sur nos facultés pour en faire le meilleur usage possible, c'est la science des habitudes propres à perfectionner notre être, à nous conduire à l'état le plus constamment heureux.
Les plaisirs de mon ami sont mes plaisirs, ses peines sont mes peines : lui, c'est moi ; et moi, c'est lui.
La seule vue d'un être qui souffre me tourmente et m'afflige.
Si les impressions physiques ont une grande influence sur ce que nous appelons notre cœur ou notre imagination, notre cœur et notre imagination prennent à leur tour un grand empire sur elles.
Entraîné sans cesse par le tourbillon des préjugés, des goûts, des opinions, de toutes les vaines disputes de la société, je cherche à retrouver le guide naturel de mes sentiments.
L'habitude, qui flétrit certaines impressions, en rend d'autres infiniment plus vives.