Les véritables et justes conquêtes sont celles que chacun fait chez soi en favorisant l'agriculture, en encourageant les talents, en multipliant les hommes et les autres productions de la nature.
Un homme qui va passer l'eau est environné d'une foule nombreuse ; les bateliers s'empressent autour de lui, chacun lui fait des offres de services, tout le mouvement qui se fait au rivage semble être pour lui ; mais sort-il du bateau, personne ne l'aborde, personne ne le remarque, on ne l'aperçoit pas : c'est la peinture du Ministre, lorsqu'il arrive en place, et lorsqu'il en sort.
Qui n'avouera pas qu'il y a plus de fous que de sages en ce monde, et que, dans le sage même, il y a plus de folie que de sagesse ? Personne n'a jamais cueilli le fruit du bonheur sur l'arbre de l'injustice.
Qu'est-ce qu'une maîtresse ? C'est une femme auprès de laquelle on ne se souvient plus de ce qu'on sait par cœur, c'est-à-dire de tous les défauts inhérents à son sexe.
L'homme de bien n'est occupé que de sa vertu ; le méchant ne l'est que de ses richesses. Le premier pense continuellement à l'intérêt de la République ; mais le second a d'autres soucis, il ne pense qu'à ce qui le touche.
C'est dans le péril qu'on reconnaît les hommes vraiment courageux, de même que c'est dans l'adversité qu'on reconnaît les vrais amis.
Chacun recueille ce qu'il a semé, a dit un philosophe chinois ; si tu sèmes du millet, tu recueilleras du millet ; si tu sèmes du riz, tu récolteras du riz.
Il n'y a rien d'aussi cher que le temps, ceux qui le perdent sont les plus blâmables de tous les prodigues.
L'eau qui tombe goutte à goutte parvient à consumer la pierre.
Le nom de la vertu sert à l'intérêt tout autant que le vice.
Le désir de paraître instruit fait qu'on néglige souvent les moyens de le devenir.
Notre repentir n'est pas tant un regret du mal que nous avons commis qu'une crainte de celui qui peut en résulter pour nous.
Ce n'est pas assez que d'avoir de grandes qualités, il faut encore savoir les économiser.
Il est beau, il est grand d'avoir compassion de son ennemi dans sa défaite.
Combien de personnes ne jugent des autres que par la vogue qu'ils ont, ou par la fortune qu'ils possèdent.
Chaque siècle répète à l'autre : tous les faux biens produisent de vrais maux.
Le lendemain, enfant de la veille, succède à tous ses droits au temps, mais il est souvent déshérité.
Le temps moissonne, et nous glanons ; employons chaque jour de notre vie comme s'il devait être le dernier.
Chacun de nous court à l'avenir comme un oiseau à l'épi de blé que le vent emporte, et nous négligeons le champ où nous trouverions bien d'autres épis.
Deux choses sont bien mauvaises quand la meilleure des deux est le mensonge.
Chasse la cupidité de ton cœur, tes pieds seront à l'abri des fers.
La vertu est belle dans les plus laids, et le vice est laid dans les plus beaux.
Que d'épines sur une seule rose !
Aime et ménage ton frère, car celui qui n'a pas de frère est de même qu'un soldat qui va sans arme à une bataille.
Imprime le cachet sur l'argile tandis qu'elle est humide.
Le crime est le bourreau de l'âme.
Les excuses sont rarement exemptes de mensonge.
L'air qu'on respire sur les tombeaux épure les pensées.
Un fleuve paisible a ses rives fleuries.
La haine est la carie de l'âme, elle use la vie, et précipite des instants dont on ne jouit que lorsqu'on aime ses semblables.
Celui qui se venge d'un petit affront s'expose à recevoir de plus grands outrages.
On guérit la folie, mais comment redresser un esprit de travers ?
Ne fais rien dans le moment de la colère. T'embarquerais-tu au milieu d'une tempête ?
L'homme sage exposera toujours sa vie pour le bien public et pour défendre sa patrie.
Celui qui se fait le plaisant d'une société a juste ce qu'il faut d'esprit pour être un sot.
L'ambition qui n'est pas accompagnée d'un talent réel amène tôt ou tard une disgrâce.
La frugalité et l'industrie sont les servantes de la fortune.
La paresse n'a pas un avocat, quoiqu'elle ait beaucoup d'amis.
Le récit d'une bonne action rafraîchit le sang.
Il n'y a pas de gens plus vides que ceux qui sont pleins de leur mérite.
Travaille à purifier tes pensées ; si tes pensées ne sont pas mauvaises, tes actions ne le seront point.
La magnificence est le moyen du fat pour attirer les regards du sot.
Le Français ne parait léger aux autres peuples que parce qu'il conçoit avec facilité ce qu'ils calculent avec peine.
Nous échappons à la paresse, mais nous y revenons toujours.
La loi qui fait couler le sang familiarise avec le sang ; l'échafaud est l'école de l'assassin, comme les boucheries sont l'école des bourreaux.
Tel homme prodigue les conseils pour vous enseigner à vivre, qui ne donnerait pas un écu pour vous empêcher de mourir.
On exagère ses imperfections pour faire passer l'éloge de ses vertus, comme on montre une égratignure pour étaler un diamant.
L'homme savant, qui parle, ressemble à l'homme généreux, qui donne ; cependant la pauvreté tend la main, et l'ignorant ferme l'oreille.
Ceux qui connaissent le monde savent que se corriger est possible, et que se déguiser ne l'est pas.
La politesse tient un milieu entre la fierté et la bassesse. Elle a la dignité de la première, et la civilité de la seconde.
Celui qui n'a pas honte de médire en secret est capable de calomnier en public.
Ce sont ceux qui ont le moins de livres qui en lisent le plus.
Le cuivre a beau être doré, il n'est que du cuivre : ainsi en est-il d'un fat ; fût-il le premier du Conseil, il n'est qu'un fat.
Plus un lieu est élevé, plus il est exposé aux tempêtes, plus l'air qu'on y respire est froid et malsain : la Cour en général en est une preuve.