Les prières et les supplications ont quelquefois le pouvoir d'appeler l'amour, mais elles n'ont jamais celui de le rappeler.
Les femmes sont quelquefois moins décidées à aimer par le mérite de leurs amants que par celui de leurs rivales.
C'est toujours un travers d'esprit que d'affecter des qualités qu'on n'a pas, mais c'en est un plus grand encore que d'affecter celles qu'on ne devrait pas avoir.
La morale est l'hygiène de l'âme.
Celui à qui l'expérience a appris à se défier des autres est malheureux ; celui qui a puisé cette leçon dans son cœur est coupable.
La paresse étouffe plus de talents que l'activité n'en développe.
La paresse est la clé de la pauvreté.
Celui qui craint de reprendre un défaut dans son ami s'est emparé d'une profession dont il ignorait les devoirs.
Le plus grand effort du jugement est d'en refuser à qui nous loue.
Un ennemi est un précepteur qui ne nous coûte rien.
Si Dieu n'a pas écrit dans les nuages : Espérez ou craignez, il l'a écrit dans nos cœurs.
Le véritable scepticisme est de douter du scepticisme même.
Les sots servent bien moins aux plaisirs des gens d'esprit que les gens d'esprit aux plaisirs des sots.
Au fond du cœur des méchants est dressé leur échafaud.
On ne peut jamais trop se presser de se taire devant l'homme toujours pressé de parler.
Le ridicule se montre à le chercher en toutes choses.
La véritable reconnaissance n'attend que des occasions importantes pour éclater.
La raison est une montre dont l'aiguille marche sans qu'on s'en aperçoive ; si quelquefois elle s'arrête, il y a toujours au-dedans de la montre un ressort qu'il suffit de mettre en action pour donner du mouvement à l'aiguille.
L'erreur de ceux qui n'ont que de la prudence est de la croire supérieure à tout.
Le droit que nous avons de nous plaindre de quelqu'un nous ôte le pouvoir de le juger.
Nul ne peut se flatter de n'avoir jamais donné à personne de justes sujets de se plaindre.
Comptons moins sur les remords des méchants pour nous venger d'eux que sur leurs passions.
La paresse émousse toutes les armes dont on pourrait la combattre.
L'utilité morale d'une opinion est la plus forte présomption de son évidence.
La pensée de la mort, qui décourage les hommes ordinaires, n'est pour les grands hommes qu'un avertissement de se hâter.
Rien de plus opposé à l'esprit que la moquerie, puisque rien n'annonce plus l'ignorance de ce qu'on doit aux autres et à soi-même.
Ceux qui, pour faire croire à leur modestie, ou éprouver l'opinion d'autrui, affectent d'avouer des défauts qu'ils ne se croient pas, ne méritent pas qu'on les démente.
Il y a deux sortes de modestie : l'une naturelle, qui est l'effet de notre ignorance sur ce qui nous distingue ; et l'autre, que produisent nos lumières en nous éclairant sur ce qui nous manque.
On s'occupe rarement de ceux qu'on méprise, mais on veut toujours paraître mépriser ceux qu'on hait.
Ce qui empêche les menteurs de pouvoir se corriger, c'est qu'ils tirent vanité de leurs mensonges.
Le menteur ne trompe habituellement que lui.
Quoiqu'on se plaigne de la mémoire en général, on veut toujours, dans les occasions particulières, en avoir plus qu'un autre.
Le mécontentement que nous avons quelquefois de nous-mêmes devrait diminuer notre surprise du mécontentement que les autres ont souvent de nous.
Lors même que nous sommes convaincus du peu de sincérité de ceux qui nous louent, nous leur savons gré du désir de nous plaire qu'ils montrent, et de l'exemple qu'ils donnent.
Ce qui diminue quelquefois l'impression qu'on reçoit des louanges ingénieuses, c'est qu'elles louent plus ceux qui les donnent que ceux à qui elles sont adressées.
C'est un danger d'être trop loué, on ne fait plus rien pour l'être.
La laideur est une douleur qu'une femme conserve toute la vie.
Jouissons de peu, si nous voulons jouir de quelque chose.
Quand c'est l'orgueil qui donne, l'ingratitude le sert autant que la reconnaissance.
L'oubli des bienfaits qui vient de la légèreté, n'est pas plus de l'ingratitude, et que l'oubli des injures qui vient de la même cause n'est de la générosité.
L'ingratitude enlève moins de plaisir au bienfaiteur qu'à l'ingrat.
L'infortune ne fait rien perdre au mérite, elle ne sert que de lustre à la vertu.
On justifie en quelque sorte un ingrat par le plaisir qu'on montre à s'en plaindre.
Ce qui blesse ordinairement le plus un grand nombre de femmes, quand nous leur sommes infidèles, n'est pas tant l'idée de notre infidélité, que celle du triomphe qu'ont dû en ressentir leurs rivales.
On pardonne d'autant moins une infidélité que la personne en faveur de qui elle a été faite nous est plus connue.
L'indiscret devrait rougir de la nécessité où il est sans cesse d'inviter les autres à ne pas lui ressembler.
On n'est pas seulement indiscret par vanité, on l'est plus souvent encore par l'impossibilité de se taire, et même contre son propre intérêt : trop de causes contribueraient à cacher la vérité, si l'indiscrétion ne nous avait été donnée comme un des moyens de la faire connaître.
Les indiscrets, malgré l'exemple qu'ils donnent, croient toujours à la vertu particulière de leurs recommandations.
Il y a des méchants qui ne nuisent qu'à leurs ennemis ; l'indiscret nuit à tout le monde.
L'amitié, l'amour et la fortune peuvent aisément échapper à qui n'a pas en soi de quoi garder un secret.
On doit autant condamner l'inconstance de nos jugements et de nos opinions, quand elle tient à nous-mêmes, que l'approuver quand elle tient à l'inconstance des personnes et des choses dont nous jugeons.
On gagne à modérer son imagination de voir au moins se réaliser quelques-unes de ses espérances.
On n'est jamais plus ignorant que par la science des choses inutiles.
La modestie n'engage jamais à s'humilier autant que la vanité.
Deux espèces d'hommes ne peuvent parvenir à connaître leurs semblables : ceux qui ne descendent jamais en eux-mêmes, et ceux qui n'en sortent jamais.
Nous avons découvert dans l'habitude un pouvoir souvent égal à celui de la nature ; nous sommes bien loin de tirer tout le parti que nous pourrions d'une aussi précieuse découverte.
La durée de nos goûts dépend plus de nos opinions que de nos besoins.
Il ne faut souvent à l'homme doué de force qu'une réflexion juste pour changer un vice en vertu.
La familiarité avec une femme est une porte ouverte vers l'amour.
L'espérance, malgré l'illusion de ses promesses, donne encore de meilleurs conseils que la crainte.