Les 24 pensées et citations de Johann Georg Zimmermann :
La mélancolie est le fait d'un faux raisonnement, qui, avec le concours de certaines sensations maladives et pénibles, entretient dans l'âme les idées les plus décourageantes, et lui fait voir en elle et hors d'elle tous les objets sous le point de vue le plus affligeant.
Les relations du monde sont une source inépuisable de nouvelles pensées et d'observations. Elles nous aident à exécuter des choses qui nous paraissent impossibles ; elles nous donnent cette grâce, cette souplesse, cette force qui entraîne le cœur et persuade l'esprit. Combien de savants qui, du fond de leur obscure retraite, prétendent éclairer les hommes, et qui ne savent pas même comment on agit sur les hommes !
Sans la variété, sans la distraction, l'homme s'engourdit dans la solitude lorsqu'il n'a pas assez de force pour soutenir longtemps un difficile effort. Ses idées prennent un caractère de roideur et d'inflexibilité, ses points de vue lui semblent préférables à tous ceux des autres, et il finit par ne plus estimer que lui-même.
La solitude accable celui qui, dans un état de langueur, ne peut s'occuper en lui-même ni avec lui-même. Il succombe au moindre effort, lorsque le devoir ou la passion ne le raniment pas, et l'ardeur de son esprit s'éteint dans un morne isolement, dans une sombre mélancolie.
L'homme, dans l'oisiveté de la solitude, est comme une eau stagnante qui n'a point d'écoulement et qui se corrompt.
Rien ne conduit l'indolent dans la solitude, il y reste par l'effet de sa paresse flegmatique.
Les indolents s'effraient de voir venir la fin de l'année et se demandent chaque matin : Mais quand viendra donc le soir ? En été ils désirent être en hiver ; en hiver ils réclament l'été.
La stérilité de l'esprit fait fuir les plaisirs de l'intelligence, elle fait que l'on se moque de tout ce qui est vraiment grand et beau, que l'on dédaigne les productions des meilleurs écrivains et poètes. Tout ce qu'il y a de meilleur dans les œuvres de la pensée déplaît à ces flegmatiques créatures du monde qui n'ont ni la volonté, ni le pouvoir de sentir ces belles choses, qui ne cherchent partout qu'un passe-temps léger et qui, dans le vide de leur esprit, le cherchent partout sans le trouver.
Il est plus facile de sentir que de penser, de recevoir que de donner, et celui qui ne prend pas l’initiative, aime assez qu'on la prenne envers lui. Voilà pourquoi on s'en va avec empressement là où l'on espère trouver du mouvement, de la gaieté, du bruit. Voilà pourquoi on recherche les soirées, les bals, les salons étincelants de lumière et de diamants, les danses voluptueuses qui éveillent tant de vives sensations ; rien de plus facile que de se procurer ces plaisirs factices ; quant à ceux de la solitude, on n'en jouit pas toujours sans un certain effort.
Tout ce qu'il y a d'essor dans l'esprit d'un homme, d'élan dans son cœur, est comprimé, paralysé par l'ennui qu'il éprouve ou qu'on lui fait éprouver. Dans cet ennui, on s'assied en silence au milieu d'une assemblée, on écoute d'une oreille indifférente ce qui se dit, on ne s'intéresse à aucun entretien, et souvent on perd soi-même toute espèce de pensées.
Le germe de l'amour naît quelquefois des émotions d'une âme qui ne se rend pas nettement compte de ses penchants, mais qui éprouve vivement qu'il n'est pas bon d'être seul.
Il existe un penchant factice pour la société qui souvent rend l'homme incapable de vivre avec lui-même. Ne trouvant plus aucune satisfaction dans son esprit, s'il s'éloigne du monde, il lui semble qu'il s'éloigne de toutes les joies de la vie : alors, adieu le bonheur possible, adieu les charmes de la solitude ! il faut à cet homme le mouvement, le bruit, l'éclat, les réunions nombreuses.
Il faut qu'une jeune fille ait un ami, ne fût-ce qu'un échalas.
Le ciel et la terre disparaissent près de la femme qu'on aime.
La solitude est une situation où l'âme s'abandonne à ses propres réflexions : nous jouissons de la solitude, soit lorsque nous prenons plaisir à nous séparer du tumulte humain, soit lorsque nous détournons notre pensée de ce qui nous entoure.
Dans cette vie inquiète, au milieu de la contrainte des devoirs et des affaires, dans les chaînes du monde, au déclin de mon existence, je veux me rappeler l'ombre de mes joies évanouies, l'ombre des jours de ma jeunesse, où je trouvais mon bonheur dans la solitude, où je n'entrevoyais pas de refuge plus doux que celui des cloîtres, des cellules bâties sur les montagnes, où je m'élançais avec ardeur dans les profondeurs des forêts, dans les ruines des vieux châteaux, et où je n'avais pas de plaisir plus vif que de m'entretenir avec les morts.
Rien de meilleur, en certains moments de la vie, qu'une solitude sage et dignement occupée ; rien de plus dangereux qu'une solitude où l'on ne porte que de mauvais penchants, qu'on ne cherche point à corriger, et des habitudes de désœuvrement.
Si la solitude calme et apaise les passions les plus fougueuses, il est possible aussi qu'elle les entretienne et leur donne un essor plus impétueux. Il faut, pour en goûter la salutaire influence, y porter des pensées de travail, des idées de raison.
L'homme est né pour vivre en société, il a des devoirs à remplir dans le monde, devoirs de citoyen, de famille, de relations affectueuses. Il ne doit pas briser la chaîne de ces devoirs pour se retrancher dans la retraite avec un froid égoïsme ou une sauvage misanthropie.
Le plus sot orgueil est celui qui naît de l'ignorance.
L'amour s'associe volontiers avec l'aspect de la belle nature ; l'enthousiasme subjugue les sens, et le cœur s'attendrit plus aisément sous des ombrages tranquilles que dans le tumulte de nos longues soirées.
Rien au monde ne donne tant d'esprit, même où il n'y en a pas naturellement, que l'amour.
La solitude ne peut vaincre l'amour, mais elle l'épure et le sanctifie. Ce qui est de la nature de l'homme doit rester dans l'homme ; il ne faut pas le détruire, mais apprendre à le bien diriger.
La solitude est la consolation des cœurs trompés.