Que faut-il pour former un enfant ? L'éloigner des mauvais exemples.
Refusez les honneurs du génie à celui qui abuse de ses dons.
On est toujours prêt à penser et à parler mal.
La médiocrité refuse toujours d'admirer et souvent d'approuver.
Jamais une passion dure ou haineuse n'a pu habiter dans un cœur né pour aimer.
Pour rendre vos enfants un peu plus parfaits, ne courez pas le risque d'attrister leur enfance.
L'histoire prouve que la guerre est l'état habituel du genre humain, c'est-à-dire que le sang humain doit couler sans interruption sur le globe.
Dans le vaste domaine de la nature vivante il règne une violence manifeste, une espèce de rage prescrite qui arme tous les êtres in mutua funera. L'homme tue pour se nourrir ; il tue pour se vêtir ; il tue pour se parer ; il tue pour attaquer ; il tue pour s'instruire ; il tue pour s'amuser ; il tue pour tuer.
Il faut amuser les jeunes gens, afin qu'ils ne s'amusent pas.
L'homme a cette manie étrange de se créer des difficultés pour avoir le plaisir de les résoudre.
Celui qui ne comprend point, comprend mieux que celui qui comprend mal.
La raison ne peut que parler, c'est l'amour qui chante, et voilà pourquoi nous chantons nos symboles ; car la foi n'est qu'une croyance par amour ; elle ne réside point seulement dans l'entendement : elle pénètre encore et s'enracine dans la volonté. Un théologien philosophe a dit avec beaucoup de vérité et de finesse : Il y a bien de la différence entre croire et juger qu'il faut croire.
L'amour surmonte tous les obstacles.
Les sciences, il faut les faire désirer avant de les enseigner.
Toute nation a le gouvernement qu'elle mérite.
Les changements les plus heureux qui s'opèrent parmi les nations sont presque toujours achetés par de sanglantes catastrophes dont l'innocence est la victime.
Lorsque nous recevons par la lecture une sorte de pâture spirituelle, chaque esprit s'approprie ce qui convient plus particulièrement à ce que je pourrais appeler son tempérament intellectuel, et laisse échapper le reste. De là vient que nous ne lisons pas du tout les mêmes choses dans les mêmes livres ; ce qui arrive surtout à l'autre sexe comparé au nôtre, car les femmes ne lisent point comme nous.
Il y a une règle sûre pour juger les livres comme les hommes, même sans les connaître : il suffit de savoir par qui ils sont aimés, et par qui ils sont haïs. Cette règle ne trompe jamais.
Le doute ressemble à ces mouches importunes qu'on chasse et qui reviennent toujours. Il s'envole sans doute au premier geste de la raison ; mais la religion le tue, et franchement c'est un peu mieux.
Nul être intelligent ne peut aimer le mal naturellement ou en vertu de son essence ; il faudrait pour cela que Dieu l'eût créé mauvais, ce qui est impossible.
On entend dire assez souvent : Quel est l'art de cet homme, pour être partout ? Rien n'est plus simple. L'art d'y être, c'est d'y aller. Pour être à l'aise quelque part, il n'y a qu'un moyen : c'est d'y paraître souvent. Voilà pourquoi les hommes timides qui ne cessent de tâtonner, et qui craignent surtout d'être indiscrets, sont peu propres aux affaires. Un homme de cette trempe, s'il peut craindre de n'avoir pas réussi auprès d'un autre, trouve une raison pour ne pas le revoir. C'est tout le contraire qu'il faudrait faire ; car le premier article des affaires, c'est que, dès que nous déplaisons à quelqu'un, il faut tâcher de l'accoutumer à nous.
Ô faiblesse de l'esprit de l'homme, qu'il voit peu de choses ! Et ce qu'il prévoit est beaucoup moins encore ! ce qu'il peut, presque rien !
Voulez-vous connaître un grand caractère ? Racontez-lui une grande action. À l'instant il s'enflamme, et la porte aux nues. L'effet contraire dévoilera le vilain.
Le temps est le père des miracles.
Il faut beaucoup de mérite pour sentir vivement celui des autres.
L'amour est un animal féroce capable des plus horribles excès.
L'essence de toute intelligence est de connaître et d'aimer.
Nos enfants porteront la peine de nos fautes.
La science est une plante qu'il faut abandonner à sa croissance naturelle. Je regarde le protestantisme comme un engrais brûlant qui a forcé la végétation. Ce n'est pas le tout d'être savant ; il faut l'être comme il faut, et quand il faut, et autant qu'il faut. Le feu qui fait vivre l'homme, le feu qui le réchauffe quand il a froid, et le feu qui le brûle s'il y tombe, ne sont pas tout à fait la même chose quant au résultat ; c'est cependant toujours le feu.
L'homme par lui-même n'est rien, c'est un ballon qui n'est par lui-même qu'un vaste chiffon, dont la grandeur, la beauté et la puissance dépendent uniquement du gaz qui le remplit ; ce gaz se nomme religion, liberté, orgueil, colère, etc... En un mot, tout dépend du sentiment moral qui enflamme l'homme, et qui augmente ses forces sans mesure.
On a voulu inventer des méthodes faciles, mais ce sont de pures illusions. Il n'y a point de méthodes faciles pour apprendre les choses difficiles. L'unique méthode est de fermer sa porte, de faire dire qu'on n'y est pas, et de travailler.
Je ne cesserai de le dire comme de le croire : l'homme ne vaut que parce qu'il croit. Qui ne croit rien ne vaut rien. Ce n'est pas qu'il faille croire des sornettes, mais toujours vaudrait-il mieux croire trop que ne croire rien.
Le glaive de la justice n'a pas de fourreau, toujours il doit menacer ou frapper.
Il y a bien moins de difficulté à résoudre un problème qu'à le poser.
Il n'y a rien de si infortuné qu'un homme qui n'a jamais éprouvé l'infortune : car jamais un tel homme ne pourrait être sûr de lui-même, ni savoir ce qu'il vaut.
Les souffrances sont pour l'homme vertueux ce que les combats sont pour les militaires, elles le perfectionnent et accumulent ses mérites. Le brave s'est-il jamais plaint à l'armée d'être toujours choisi pour les expéditions les plus hasardeuses ? Il les recherche au contraire et s'en fait gloire.
Chaque homme est naturellement disposé à s'aimer trop.
L'orgueil est immense de sa nature, il détruit tout ce qui n'est pas assez fort.
L'exagération est le mensonge des honnêtes gens.
Dès qu'une branche est coupée, elle n'appartient plus à l'arbre.
Savoir, c'est savoir par les causes.
L'amitié est soupçonneuse, et ce défaut lui fait honneur.
Pour se battre, il faut être deux.
Une vengeance anticipée est le comble de la prudence.
L'unique réfutation d'une mauvaise histoire est une bonne histoire.
Le doute est le remords de l'erreur.
Le doute n'habite point la cité de Dieu.
Qui dispute avec sa conscience, elle le pince ; c'est son métier.
Un ami véritable est un conducteur qui soutire les peines.
Tout homme sensé doit défendre la famille qu'il a.
Ce ne sont point les hommes qui mènent la révolution, c'est la révolution qui emploie les hommes.
Le plus grand malheur pour l'homme politique, c'est d'obéir à une puissance étrangère.
L'homme est insatiable de pouvoir : il est infini dans ses désirs, et toujours mécontent de ce qu'il a.
Ô faiblesse de l'esprit de l'homme ! qu'il voit peu de choses !
Qui ne fait rien contre la vérité est bien près de celui qui la défend avec courage.
Renonçons donc à la haine et aux disputes, et cédons à l'amour.
La santé n'est pas contagieuse ; c'est la maladie qui l'est trop souvent.
J'aime croire à l'hérédité des talents : elle m'aide à croire à celle des vertus.
La vertu se communique comme la vie.
Ne perdez jamais une occasion de procurer un plaisir à vos enfants, ou de leur épargner un chagrin.
Le bon sens, éclairé par la vertu, suffit pour donner une excellente éducation.
Il faut beaucoup de sagesse et d'attention pour ne pas gêner la croissance de la plante humaine.
S'il est peu de véritables douleurs, les véritables consolateurs sont encore plus rares.
Les véritables douleurs ne veulent point être distraites.
Aimer et connaître, c'est la véritable destinée de l'homme.
Le meilleur gouvernement est celui qui est capable de procurer la plus grande somme de bonheur.
La question n'est pas de savoir quel est le meilleur gouvernement, mais quel est le peuple le mieux gouverné.
Le mal est le schisme de l'être ; il n'est pas vrai.
L'erreur la plus faite pour éteindre le véritable sentiment du beau est celle qui confond ce qui plaît et ce qui est beau, ou, en d'autres termes, ce qui plaît aux sens et ce qui plaît à l'intelligence. Le beau dans tous les genres imaginables est ce qui plaît à la vertu éclairée. Toute autre définition est fausse ou insuffisante.
Un bon livre n'est pas celui qui persuade tout le monde, autrement il n'y aurait point de bon livre ; c'est celui qui satisfait complétement une certaine classe de lecteurs à qui l'ouvrage s'adresse particulièrement, et qui du reste ne laisse douter personne ni de la bonne foi parfaite de l'auteur, ni de l'infatigable travail qu'il s'est imposé pour se rendre maître de son sujet, et lui trouver même, s'il était possible, quelques faces nouvelles.
Celui qui n'a jamais souffert dans ce monde ne saurait être sûr de rien.
Pour le brave les souffrances sont une occupation, et la mort une aventure.