L'immortalité est le mot de l'énigme de la vie.
Les trahisons, les perfidies ne sont fréquentes que dans le tourbillon du monde, où tant d'intérêts opposés, tant de plaisirs trompeurs étourdissent et divisent les hommes. Des êtres simples et bons, dont la vie s'écoule dans une douce retraite, sentent mieux chaque jour le prix des nœuds qui les unissent ; une obscurité tutélaire voile et conserve leur bonheur.
Si ton ami t'abandonne, n'ajoute pas au poids de ton chagrin le fardeau de la haine ; que la haine ne prenne jamais la place des sentiments qui faisaient ton bonheur. Tes années heureuses ne doivent pas s'effacer entièrement de ta mémoire ; pardonne aux êtres dont tu fus aimé les peines qu'ils te causent en te souvenant des jours qu'ils ont embellis pour toi.
Les femmes s'obstinent à croire notre infidélité aussi coupable que la leur. Elles jugent avec leur cœur plus qu'avec leur raison ; et, comme il est un point où les délits se confondent et n'admettent pas de degrés entre eux, elles croient la violation de notre engagement équivalente à celle dont les suites sont cependant plus graves. Toutes n'emploient pas une vengeance aisée : elles se vengent au moins par leurs reproches, leurs plaintes, leur tristesse ; et le bonheur s'enfuit.
Le misanthrope répète sans cesse que, dans ce monde peuplé d'êtres pervers, l'existence est un poids odieux.
Dans quelle circonstance l'amitié n'a-t-elle pas des charmes et de douceurs ? Il est peu de plaisirs aussi vifs que ceux dont jouissent deux personnes qui sont unies par les mêmes opinions, par les mêmes désirs, et qui se communiquent leurs pensées sans gêne et sans aucune réserve.
La raison est un pâle flambeau ; mais Dieu nous l'a donné, et nous devons placer la main de manière à garantir sa flamme vacillante.
Au milieu des hommes, la vertu la plus utile est l'indulgence : devenir sévère, c'est oublier de combien de qua lités on est dépourvu et de quelles fautes on ne fut préservé que par le hasard ; c'est oublier la faiblesse des hommes et l'empire qu'exercent sur eux les objets dont ils sont entourés.
Une qualité si précieuse qu'à mes yeux elle devient une vertu, c'est la douce et constante égalité d'humeur. Elle exige non seulement une âme pure, mais encore une force d'esprit qui résiste aux contrariétés légères qu'excite chaque jour une multitude d'objets. Quel attrait elle donne à la société de l'homme qui la possède ! Comment ne pas chérir celui qu'on est certain de trouver toujours avec la sérénité sur le front et le sourire sur les lèvres !
Le bonheur n'est point, comme le plaisir, une sensation fugitive ; c'est un sentiment si doux de l'existence, que, plus nous l'éprouvons, plus nous souhaitons de prolonger sa durée.
La vertu est une constante habitude de s'exercer à remplir tous ses devoirs.
La bienfaisance ressemble à l'amour ; pour enivrer l'âme de ses faveurs les plus douces, elle a besoin, comme lui, de l'ombre et du mystère.
Avant de se plaindre de n'avoir point d'ami qu'on examine si l'on est digne d'en avoir un. L'élévation d'âme est nécessaire, non seulement pour connaître l'amitié dans toute son étendue, mais encore pour l'inspirer d'une manière durable. Quand on a de vrais amis, il est possible qu'on ait de grands défauts, mais on a sûrement de grandes qualités aussi.
Un enfant que l'on condamne à passer une année sous la férule d'un maître sévère est aussi malheureux qu'un homme à qui l'on ôte pendant un an sa liberté.
Les pédants ne pouvant être aimés n'ont d'autre moyen que de se faire craindre.
Pour être heureux par ses enfants, il faut leur donner le bonheur ; c'est de leur bonheur qu'on jouit. L'expérience m'a convaincu de tous les avantages de la douceur pour développer les facultés intellectuelles et morales, pour inspirer aux jeunes gens le sentiment de l'honnête et du beau.
Notre tendresse pour nos enfants est indépendante de la réflexion ; nous les aimons parce qu'ils sont nos enfants. Leur existence fait partie de la nôtre, ou c'est plus que la nôtre. Le bonheur qu'on leur doit naît de tout ce qui leur est avantageux, de tout ce qui leur est agréable ; il naît de leur santé, de leur gaieté, de leurs amusements ; on leur sait gré de leurs plaisirs.
Quand deux époux sont unis par l'amour, quand ils ont un bon cœur et des goûts simples, tout leur promet un riant avenir ! Qu'ils joignent à leurs qualités une grande indulgence pour les torts légers qu'ils auront dans le cours d'une longue vie, et leur bonheur est assuré !
La femme tempère notre sévérité par sa douceur, notre impétuosité par sa patience, notre orgueil par sa modestie, et quelquefois par sa légèreté ! Ses grâces nous éloignent de la triste pédanterie, et ses exemples touchants nous rappellent aux vertus paisibles et douces.
La beauté enflamme un amant ; l'esprit fait briller dans la société.
L'acte le plus important de la vie est le choix d'une femme. Si, dans ce choix, on se trompe, au lieu des charmes durables que devait offrir la société sur laquelle on fondait son bonheur, on trouve au sein de sa maison des chagrins dont l'amertume se fait sentir à chaque instant du jour.
Un fidèle ami est un soutien précieux dans les jours difficiles.
Soyez indulgent, vous ne sacrifierez point l'estime de vous-même, et loin de vous nuire, la franchise rendra votre affabilité plus aimable.
Un ami nous reproche nos fautes, mais il sait les excuser.
S'il est dans le cœur de l'homme un sentiment désintéressé, c'est l'amour paternel. Notre tendresse pour nos enfants est indépendante de la réflexion ; nous les aimons, parce qu'ils sont nos enfants : leur existence fait partie de la nôtre, et elle est même bien plus que la nôtre.
Le bonheur le plus pur est celui de deux êtres qu'unissent l'estime et l'amour.
La femme est un être charmant, mélange heureux de sensibilité, de sagesse et de légèreté.
Quand deux époux, unis par la tendresse et l'amour, ont un bon cœur et des goûts simples, tout leur présage un souriant avenir. Il faut qu'ils apprennent à vivre loin du monde, qu'ils n'existent que pour eux, qu'ils cachent leur bonheur loin des envieux, et leur vie sera ainsi le plus heureux des songes.
Une femme est le meilleur ami que nous destine la nature.
La plus belle des qualités, c'est l'égalité d'humeur : cet être est à chérir ; c'est celui qu'on aime côtoyer, celui qu'on est certain de trouver toujours avec la sérénité sur le front, et le sourire sur les lèvres.
Le crédit n'est pas un revenu, c'est une somme qui s'épuise à mesure qu'on la dépense.
La qualité la plus précieuse, c'est la douce et constante égalité d'humeur.
La curiosité est le défaut d'un petit esprit qui, ne sachant pas s'occuper, a besoin de s'amuser des occupations des autres.
La modestie donne aux talents, aux vertus, un charme pareil à celui que la pudeur ajoute à la beauté.
Le vice peut faire d'heureux mortels, la vertu seule fait des mortels heureux.
Soyons reconnaissants, la reconnaissance prolonge le plaisir que le bienfait a causé.
S'il ne reste rien des services qu'on a reçus, il reste toujours quelque chose de ceux qu'on a rendus.
L'indulgence porte avec elle sa récompense, voyons nos semblables tels à peu près qu'ils devraient être.
Pour ramener les esprits égarés, croyons au repentir, et portons l'espérance dans le cœur du coupable.
Moins on s'occupe des vices et des travers des hommes, plus l'existence est douce.
L'heureux secret pour être bien avec soi-même, et bien avec les hommes, c'est l'indulgence.
Devenir sévère, c'est oublier les qualités dont on est dépourvu, c'est oublier la faiblesse des hommes.
Pour mériter l'affection d'autrui, il faut l'aimer, et cultiver les vertus qui répandent des charmes sur sa vie.
Pour être heureux, il faut d'abord être content de soi, et si possible, contenter les autres.
Telle est la folie des pauvres humains que, si on leur donnait le choix ou de vivre heureux tandis qu'on les croirait misérables, ou d'être dévorés d'inquiétudes tandis qu'on célébrerait leur félicité prétendue, beaucoup d'entre eux feraient envier leur sort aux dépens de leur tranquillité.