Les 75 pensées et citations de Louis de Bonald :
La peinture est la poésie des yeux.
La littérature est l'expression de la société, comme la parole est l'expression de l'homme.
L'ignorance ne sait rien, ne voit rien, ne connaît rien, ni le bien, ni le mal.
L'opinion met une différence entre les crimes qui supposent de l'étendue dans l'esprit et de la force dans le caractère, et ceux qui sont le produit de la faiblesse et de la lâcheté. Sans doute la révolte à main armée contre le pouvoir légitime est d'une bien plus dangereuse conséquence qu'un assassinat obscur, et cependant, le rebelle est puni sans être déshonoré, et l'assassin est déshonoré même quand il ne serait pas puni, parce qu'il y a une beauté morale dans le crime de l'un, et qu'il n'y a que laideur et difformité dans le crime de l'autre.
À un homme d'esprit, il ne faut qu'une femme de sens ; c'est trop de deux esprits dans une maison.
L'art de l'intrigue suppose de l'esprit et exclut le talent.
Un peuple qui solde de nombreuses armées ne sait plus se défendre, comme un homme opulent qui a beaucoup de domestiques à ses ordres ne sait plus se servir lui-même.
Rapprocher les hommes n'est pas le plus sûr moyen de les réunir.
Un gouvernement ne périt jamais que par sa faute, et presque toujours par d'anciennes fautes qui en font commettre de nouvelles.
On peut plutôt gouverner avec des faibles, quand les institutions sont bonnes, qu'avec des forts, quand elles sont mauvaises.
J'aime, dans un État, une constitution qui se soutienne toute seule, et qu'il ne faille pas toujours défendre et toujours conserver. Ces constitutions si délicates ressemblent assez au tempérament d'un homme qui se porte bien, pourvu que son sommeil ne soit jamais interrompu, son régime jamais dérangé, sa tranquillité jamais troublée, qu'il ne sorte de chez lui ni trop tôt ni trop tard, et qu'il n'aille ni trop loin ni trop vite.
Depuis qu'on a confié aux seules armées la défense des États, on a pris la tactique pour la force, et la discipline pour l'ordre.
Autrefois en France l'administration allait d'habitude, et l'on ne s'occupait même pas de la constitution ; nous ressemblions à un homme robuste qui dort, mange, travaille, se repose sans songer à son tempérament. Aujourd'hui il faut soigner la constitution comme l'administration, faire aller l'une comme l'autre, et les mettre d'accord si l'on peut.
Avec deux principes opposés de constitution politique, le populaire et le monarchique, il est plus facile de faire dans le même pays deux peuples différents et même trois, que d'y fonder une société.
Les méchants même, lorsqu'ils sont punis, se rendent plus de justice qu'on ne pense ; on ne risque jamais de pousser à bout que les bons.
Il y a des hommes qui, par leurs sentiments, appartiennent au temps passé, et par leurs pensées à l'avenir. Ceux-là trouvent difficilement leur place dans le présent.
Quand une révolution commence ou quand elle doit finir, les obstacles qu'on oppose à ses progrès ou au retour de l'ordre, deviennent autant de moyens qui les accélèrent.
Le pardon n'est ni oubli ni silence.
Ce n'est assurément pas par ambition ou par intérêt, encore moins par vanité, que quelques hommes s'obstinent à soutenir des opinions en apparence décréditées, qui ne conduisent ni aux honneurs ni à la fortune, et font taxer leurs écrits de paradoxe ou même d'exagération. C'est uniquement par respect pour leur nom, et de peur que la postérité, s'ils y parviennent, ne les accuse d'avoir cédé au torrent des fausses doctrines et des mauvais exemples.
Les gouvernements qui exigent des peuples de forts impôts n'osent ni ne peuvent en exiger autre chose. Comment, par exemple, commander le repos religieux du dimanche à des hommes qui n'ont pas assez du travail de toute la semaine pour nourrir leur famille et payer les subsides ? Les peuples le sentent, et se dédommagent en licence de ce qu'ils payent en argent. Le gouvernement le plus fort et le plus répressif serait celui qui aurait le moins de besoins, et qui pourrait n'exiger des peuples que d'être bons.
Quand la politique a perdu de vue les principes, elle fait des expériences et tente des découvertes.
La justice, après une révolution, est l'arc-en-ciel après l'orage.
Dans les crises politiques, le plus difficile pour un honnête homme n'est pas de faire son devoir, mais de le connaître.
L'administration doit faire peu pour les plaisirs du peuple, assez pour ses besoins, et tout pour ses vertus.
Une conduite déréglée aiguise l'esprit et fausse le jugement.
L'extrême opposé d'un gouvernement violent n'est pas un gouvernement doux, mais un gouvernement juste.
Il est aussi barbare de persécuter une famille pour une qualité bonne ou mauvaise, dont elle n'a pu refuser la transmission, et qu'elle ne peut pas perdre, qu'un homme pour un défaut corporel de naissance, qu'il ne peut corriger.
L'irréligion sied mal aux femmes, il y a trop d'orgueil pour leur faiblesse.
La beauté du génie, la force du talent ne se mesurent que par la durée de l'ouvrage, puisque toute imperfection est un principe de destruction.
Bien des gens qui ne savent que ce que d'autres ont écrit, ou qui n'ont écrit que ce que d'autres ont pensé, s'imaginent que tout est connu dans le monde, et qu'il n'y a plus rien à découvrir. Ainsi, l'homme qui jamais n'aurait fait un pas, pourrait prendre son horizon pour les bornes du monde.