Il en est de certains points culminants de notre vie comme des hautes montagnes : quelle que soit la distance qui nous en sépare, ils nous paraissent toujours proches.
Louise Ackermann - Œuvre : Les pensées d'une solitaire (1903)
Il en est de certains points culminants de notre vie comme des hautes montagnes : quelle que soit la distance qui nous en sépare, ils nous paraissent toujours proches.
À force d'intelligence et de culture nous ne pouvons qu'essayer de ressaisir les émotions des chantres primitifs. Les premiers hommes ignoraient combien ils étaient poètes : nous seuls le savons, parce que nous ne le sommes plus. Ils ne se distinguaient par de leurs sensations. Ces vibrations résonnent encore à travers les âges. Comme à la musique, nous leur prêtons tout ce que nos propres sentiments nous suggèrent.
Chez les romantiques, l'expression embrasse plus de pensées qu'elle n'en peut étreindre. De là son caractère vague et incomplet.
La maladie n'a qu'un droit, c'est le droit au remède.
Fanatisme ou hypocrisie, l'homme ne peut pas sortir de là.
Les causeurs sont des prodigues ; causer, c'est jeter son esprit par la fenêtre.
Le mariage est rarement l'union harmonieuse de deux individus qui se trouvent être dans un même état de cœur. Ce n'est le plus souvent qu'un besoin de finir et un désir de commencer qui se rencontrent.
Pour écrire l'histoire de sa propre vie, la mémoire ne suffit point, il faut encore l'imagination : j'entends l'imagination du souvenir, non pas celle qui invente, mais celle qui rassemble et ranime.
J'ignore ! un mot, le seul par lequel je réponde aux questions sans fin de mon esprit déçu ; aussi quand je me plains au sortir de ce monde, c'est moins d'avoir souffert que de n'avoir rien su.
Sur le passé donner un coup d'éponge en bien des cas serait d'un bon effet.
Il n'est sous les cieux rien de plus doux qu'un regard de tes yeux !
Les blessures de l'amour le plus souvent ne sont qu'égratignures à fleur de peau.
L'amour de tout temps fut un traître, il a foison de dards en son carquois.
Toute lune, en fût-il des milliers, me serait miel auprès de ce que j'aime !
La joie, hélas ! est de si court passage. Elle est si peu coutumière ici-bas !
Un non n'est rien s'il ne sait tenir bon.
Céder toujours c'est un très mauvais pli.
Il y a chez chacun de nous, surtout dans la jeunesse, quelque chose qui chante. La plupart des hommes ne se rendent pas compte de cette musique vague et fugitive ; le poète seul arrête au passage les divins accents.
Les dévots sont des poltrons, les dévots sont des lâches. Prosternés devant un Dieu inique et capricieux, ils n'ont qu'un but, qu'une pensée : le fléchir à tout prix.
Tout se liquide en perte dans la vie : mourir, c'est déposer son bilan.
La mort n'est en réalité qu'une banqueroute définitive.
Si Dieu existe, je ne voudrais point être à sa place ; ne pas pouvoir cesser d'être, quel supplice !
Être et avoir sont deux verbes aussi nécessaires dans la vie que dans la grammaire.
Les croyances religieuses sont comme les vieilles dents : cela branle, mais cela tient !
Si l'amour n'est qu'erreur et souffrance, un cœur peut être fier de n'avoir point aimé.
L'homme est grand lorsqu'il aime.
Le doute est un progrès sur la négation.
Dans la société, les ridicules sont des discordances.
À force d'annoncer les événements, on en provoque l'accomplissement.
En fait d'amour qui dit maternel dit fort tendre.
Il n'est de raconter vieillard qui ne raffole.
Certains époux habitent des mondes différents et parfois même hostiles !
Aimer, c'est fleurir ; cesser d'aimer, c'est se flétrir.
La meilleure manière d'être revenu de bien des choses, c'est de n'y être jamais allé.
Aimant, pleurant, le Temps toujours avance ; c'est un vieillard, mais un vieillard pressé.
Qui n'est rien ou n'a rien n'existe pas.
La vie est comme la journée : elle a ses heures mortes.
Une grande intelligence ne met pas à l'abri de toutes sortes d'erreurs et de faiblesses.
Il y a eu un temps où il fallait une certaine force d'esprit pour ne pas croire à Jupiter. Il en viendra un où l'on ne comprendra pas qu'on ait pu croire en Dieu.
Dans les poésies des troubadours, il règne une grande uniformité de ton. D'ailleurs on n'y rencontre que quelques images toujours les mêmes ; ce n'est qu'un joli gazouillement.
C'est un métier que d'affirmer : il y a même des gens payés pour cela.
Combien le cœur de l'homme est insuffisant ! Il se refuse à la continuité des plus justes douleurs ; un long amour finit par le lasser ; il faut qu'il se repose ou qu'il change.
La passion explique bien des choses, mais ne justifie rien.