Le bon goût fait pardonner même une mauvaise plaisanterie.
Les bons cœurs, ces anges de la terre, sont un asile contre le malheur.
Qu'il est doux d'être aimé ! Tout le monde a dit cela et tout le monde l'a pensé ; et cependant, si l'on était de bonne foi avec soi-même, chacun avouerait que toutes les inquiétudes, tous les orages, toutes les larmes, toutes les angoisses, tous les remords de sa vie lui sont venus de ce bonheur si doux.
Ma fille est un ange que Dieu m'a donné pour m'aider à supporter les peines de cette vie.
Quand ma mère est à mes côtés, il n'y a pas de nuages pour moi dans le ciel.
Les ennuyeux se rendent toujours justice, ils s'ennuient aussi eux-mêmes. Ils se fuient ; pour s'amuser, ils ont besoin des autres, c'est-à-dire d'ennuyer les autres. Ces esprits engourdis aiment le bruit qui les réveille et le mouvement qui leur fait sentir l'existence.
Il y a de jolies femmes, coquettes, gourmandes, et d'une vanité à toute épreuve, c'est-à-dire qui ne résistent à aucune tentation. Elle aiment les diamants avec passion, comme on aime les fleurs et les châles de l'Inde avec caprice. Ces femmes sont célèbres par leurs succès infiniment variés ; on les accusent d'avoir dévoré plusieurs patrimoines et compromis plusieurs hommes. Elles aiment les dentelles, elles aiment les riches étoffes, les montres de valeur, les bijoux ciselés, les chaînes d'or, les dîners fins, les brillantes fêtes, elle aiment tout... excepté cependant ceux qui leur offrent ces richesses et ces plaisirs pour être aimés.
Le paon orgueilleux se métamorphose parfois en colombe.
Les femmes les plus faciles à conquérir, elles ne coûtent que de l'argent.
Tous les conquérants en amour se ressemblent, le passé ne compte pas pour eux. Il leur faut chaque jour des victoires nouvelles ; ils ne savent garder leur prestige qu'à ce prix. Attacher est plus difficile que séduire ; triompher est plus facile que régner ; usurper n'est rien, conserver est tout.
Si le printemps est la saison des amours, ce n'est pas celle des séductions.
Une femme peut cacher qu'elle souffre, qu'elle s'ennuie, qu'elle aime, mais elle ne peut cacher qu'elle attend. Elle ne peut empêcher ses regards de se jeter sur la pendule à tous moments ; elle ne peut empêcher sa tête de se lever au moindre bruit ; elle ne peut s'empêcher de pâlir et de rougir chaque fois que la porte s'ouvre ; ct puis, quand l'heure est passée, quand ses regards éteints se découragent, quand son front incliné se voile d'ennui, il est encore un effort pour elle impossible : c'est de cacher qu'elle n'attend plus.
On ne loue jamais bien une femme quand on en loue deux. Les louanges se détruisent mutuellement. Il n'y a qu'un seul moyen de faire un bel éloge d'une femme, c'est de dire beaucoup de mal de sa rivale.
Le bonheur n'est pas autre chose qu'une suite de petites joies.
L'Argent ! qui rend l'esprit et le courage nuls, change le génie et l'amour en calculs.
L'amour a de singulières terreurs et de pénibles caprices : c'est une étrange passion dont le premier mouvement est de fuir ce qu'elle cherche, et le second de regretter ce qu'elle a fui !
Une femme doit être coquette avant d'être inspirée.
Tout homme est sujet à l'erreur, toute médecine est dangereuse. Mais erreur pour erreur, danger pour danger, je préfère encore le médecin qui nous laisse mourir au médecin qui nous tue.
Le prix d'une chose, c'est l'idée qu'on y attache.
Les esprits dont la mission est de détruire les préjugés sont ceux qui ont le plus de préjugés.
Chaque nouvelle relation est un nouveau roman.
L'infidélité est comme la mort, elle n'admet pas de nuances.
Si pour l'amour l'absence est dangereuse, l'amitié sait la vaincre.
L'amour rend modeste ; à peine sous sa loi, on devient plus timide et l'on doute de soi.
C'est l'intelligence qui fait la valeur d'un homme ; c'est le caractère qui fait la dignité.
La coquetterie, c'est la véritable poésie des femmes.
L'homme s'étant croisé les bras, la femme s'est mise à l'ouvrage.
Ce qu'il y a de plus rare en France, après une femme bête, c'est une femme généreuse.
Un homme intelligent à pied va moins vite qu'un sot en voiture.
Il ne faut pas plaisanter avec les femmes, dont la tête s'enflamme facilement, dont la pensée incessamment travaille. Un mot soudain les refroidit, et ce que l'on a médité pour entraîner leur amour est quelquefois précisément ce qui l'éteint.
Le regard ment, le sourire est perfide, la parure ne trompe jamais.
La faiblesse de l'esprit est pleine de ruse, elle se donne toute sorte de faux noms qui la déguisent ; elle ressemble toujours à une espèce de force : l'entêtement, par exemple, qui est une faiblesse de première qualité, l'entêtement se nomme, pour ceux qui en sont doués, fermeté d'opinion ; l'indécision se nomme prudence ; la bêtise se nomme constance dans les idées, et la paresse force d'inertie.
Un bouquet de violettes pour celle-là ; un bon dîner pour les uns ; une promenade en bateau ; du feu en hiver, de la glace en été ; du vin pour le pauvre : tels sont les détails dont se compose le bonheur.
L'amour, ce n'est qu'un moment dans la vie, un rêve, et quelquefois un rêve douloureux.
On ne réussit dans le monde que par ses défauts. De tous les défauts, le plus profitable, celui qu'on doit cultiver avec le plus de soin, c'est la présomption. Ce défaut-là est à lui seul une fortune. Il vaut mieux, pour un jeune homme qui veut faire son chemin, être présomptueux et n'avoir pas le sou, que d'être modeste avec une terre en Normandie. La présomption est un patrimoine.
Nier un danger, cela ne vous empêche pas d'y succomber ; cela vous empêche seulement d'agir à propos et de le conjurer lorsqu'il en est temps encore.
Les misanthropes sont honnêtes, c'est pour cela qu'ils sont misanthropes.
Une fois les exigences de la vie réelle satisfaites, les besoins de la pensée, les rêves de l'imagination se font sentir.
Il y a des gens à qui la plainte sert de consolation.
Rien n'est plus froid dans une fête que les envieux.
On n'est ridicule, on n'est vulnérable que par ses prétentions.
Chaque puissance a son prestige, et le prestige de l'homme d'État populaire est dans sa simplicité.
Le destin des orgueilleux est d'être menés par ce qu'ils méprisent.
Les gens qui détestent le monde sont précisément ceux qui le rendent amusant ; c'est peut-être parce qu'ils sont indépendants de lui, et que les esprits indépendants sont les seuls qui sachent être toujours aimables.
Ça ne doit pas être agréable que de rouler toujours dans sa tête des pensées mauvaises ; si petit que soit un cœur, quand il est chargé de haine, il doit être bien lourd.
Les imbéciles et les niais sont si contents quand par hasard un homme d'esprit se fourvoie !
Voulez-vous être fort dans votre blâme, maintenez-vous dans votre droit ; voulez-vous être cruel, soyez juste.
Nous Français, qui sommes un peuple léger, nous sommes malveillants pour ce qui est nouveau ; nous sommes curieux, mais nous restons incrédules.
Où la liberté n'existe plus pour les partis, la liberté n'existe plus contre eux. Où la compression a tous les droits, la raillerie n'en a plus aucun. Alors l'histoire qui plaisante et qui passe, l'histoire vivante n'a qu'à se taire pour laisser parler l'histoire qui juge et qui reste.
Si les louanges portent malheur, les reproches en compensation portent bonheur. A peine a-t-on fait l'éloge d'un de ses amis ou d'un proche, que l'on apprend une trahison de l'un ou une maladresse de l'autre.
Le ridicule est de tous les agresseurs celui qui a le moins de courage : comme tous les poltrons, il n'attaque que ceux qui le craignent ; il ne poursuit que les gens qu'il fait fuir. Abordez-le franchement, et il devient si timide qu'il vous tend la main, et que, loin de vous nuire, il peut vous servir au besoin.
Le prix d'une chose, c'est l'idée qu'on y attache, à moins cependant qu'on ne soit forcé de la payer ; alors c'est le prix qui fait l'idée.
Nos qualités nous viennent de la nature, mais nos vertus sont le fruit de notre éducation ; un enfant avare, si on lui fait honte de son avarice, peut devenir généreux ; un poltron peut devenir brave ; un égoïste même peut devenir bienfaiteur par orgueil ; mais un homme gauche est toujours maladroit, et un paresseux est toujours inutile.
Les gens d'esprit sont ceux qui disent le plus de bêtises quand ils mentent.
Les vives émotions ont un instinct qui nous servirait de thermomètre pour juger les gens qui nous aiment si nous le consultions plus souvent. Il est des amis que nous allons voir tout de suite quand il nous arrive quelque chose d'heureux ; notre bonheur n'est complet que lorsqu'ils le connaissent, ceux-là sont les vrais amis.
Il n'est rien de plus séduisant que la grâce unie à la force.
Un sot qui parle avec assurance peut dire bien des bêtises impunément.
Le monde élégant est une énigme dont le mot n'est pas intérêt, mais vanité.
L'indépendance d'esprit est une colline d'où l'on voit de haut et de loin.
L'élégance n'est pas toujours la distinction, en élégance rien n'est joli d'une manière absolue.