Si l'amour a quelquefois été le principe de grandes choses et de grandes actions, il l'est habituellement de choses et d'actions bien petites, bien injustes et bien méprisables.
Si c'est une sottise de se priser plus qu'on ne vaut, et un ridicule de le faire connaître ; c'est une preuve de justesse de sentir la mesure de son mérite, et un acte de courage d'en convenir.
Il est encore plus absurde de nier ce que l'on entend pas que de le croire.
L'enfer attend le coupable, sa mort hâterait son supplice.
Une erreur bien commune est de se croire important dans sa petite sphère.
Qui ne sait pas être pauvre ne saurait pas être riche.
Beaucoup de gens doivent la régularité de leur conduite à la dureté de leurs mœurs.
Les propos qu'on tient aux malades sont des surcroits d'affliction.
L'éducation affaiblit le penchant au mal, et fortifie le penchant au bien.
L'incapacité de rester seul nous procure de sottes compagnies.
À chacun ses défauts, ses faiblesses et ses manies.
Un souper délicat dédommage d'une conversation languissante.
La douceur est d'un grand prix lorsqu'elle est vertu, et d'un prix médiocre lorsqu'elle n'est qu'indolence.
L'excès de l'amour-propre voile l'esprit, et dévoile la sottise.
Avec de la hardiesse et des prôneurs, on devient un personnage.
L'homme probe n'opprime point l'innocent ; l'honnête homme le défend.
Un vice naturel n'est qu'un vice ; un vice feint en fait deux.
La véritable amitié ne veut se feindre, elle veut le sacrifice du moi tout entier.
La violence peut garantir du supplice, mais elle n'absout pas du crime.
Plus grande est la faute, plus grand doit être le supplice.
L'impossibilité du remède doit nous mettre au-dessus du mal.
Les hommes s'en imposent les uns aux autres pour s'étourdir sur leur faiblesse et leurs destinées.
Les sots oisifs s'importunent; ils se recherchent par besoin, et se fuient par dégoût.
Un des plus grands malheurs est d'avoir une volonté impérieuse sans pouvoir.
Au moral comme au physique, c'est de la force que provient la facilité.
L'avarice est une crainte de manquer et une avidité de jouir, dont elle recule toujours le terme.
L'harmonie la plus ravissante pour l'homme vain est celle des éloges.
Il manque quelque chose à celui qui n'a ni la connaissance, ni le sentiment de l'harmonie.
Qui prétend ne jamais s'ennuyer est un sot ou un menteur, s'il n'est même l'un et l'autre.
Tout est médiocre dans l'homme médiocre.
Entre tous les talents celui de gouverner est le plus difficile et le plus rare.
Une jolie femme, toute admirable qu'elle soit, ne charme que par la grâce qui l'accompagne.
La compagnie d'une bête est cent fois moins à charge que celle d'un petit esprit.
Les yeux ne trompent jamais, même en cherchant à tromper.
II est certains esprits qui, par une sagacité peu commune, trouvent clair tout ce qui est obscur, et trouvent obscur tout ce qui est clair.
Un homme d'une immense richesse et d'une éminente générosité serait le Dieu de la terre.
On est agréable par l'esprit, on est aimé par le cœur, on est grand par l'âme.
L'éducation donne le langage de la politesse, l'esprit en donne le sentiment.
La femme coquette veut plaire, la femme galante veut séduire.
Beaucoup de maris trompent leur femme, presque toutes les femmes trompent leur mari.
La modération est la vertu du sage.
Vieillir pour le plus heureux des mortels n'est que différer de mourir.
Qui est aimable dans sa jeunesse le sera dans sa vieillesse.
Un vieillard qui radote est ordinairement né radoteur.
On reproche moins à la vieillesse les maux qu'elle amène que les plaisirs qu'elle enlève.
La fortune serait un grand bonheur, si l'on en savait user et jouir.
Ce n'est pas assez de porter un grand nom, il faut s'en montrer digne.
Les gens faciles, sans aucun mérite, font la volonté des autres.
Le faible craint l'opinion ; le fou la brave ; le sage la juge.
Fort peu de gens ont le courage d'oser être heureux.
La fausse bonté est odieuse, la sensibilité feinte est ridicule.
On épargne souvent les autres pour en être épargné soi-même.
Le goût de la conversation est celui des caractères ouverts, et des esprits aimables.
La médisance est la comédie des dévots.
La gourmandise est la jouissance des vieillards.
Le faste est l'existence de l'homme médiocre.
Les gens à bonnes intentions sont si maladroits qu'ils effraient ceux qui en ont de mauvaises.
Les personnes qui ont de la hauteur ont rarement de l'élévation.
Certains passent leur vie à essayer d'apprendre, sans même sentir qu'ils sont incapables d'apprendre.
La patience est fille de la raison et du courage.
Causer avec un sot est aussi difficile que de voyager à pied avec un cul-de-jatte.
L'homme ennuyeux n'est pas le sot qui se tait, mais le sot qui parle.
Il faut être un sot pour s'ennuyer toujours.
Le défaut le plus difficile à vaincre, c'est la paresse.
La critique du mérite trouve beaucoup d'approbateurs.
On se disputerait bien davantage si l'on pouvait se disputer avec politesse.
Il n'y a point d'absurdités qui ne trouvent de têtes toutes disposées à les recevoir.
Les bruits scandaleux ne sont accueillis que par les esprits faibles, et les esprits méchants.
S'il est louable d'être indulgent, il est indispensable d'être juste.
Beaucoup de gens louent, peu approuvent.
Qui improuve rarement, approuve plus rarement.
Les petits esprits doutent et se défient de tout ; les bons esprits examinent et jugent.
Toute personne qui pense et parle fortement est de droit le scandale des petits esprits.
Entendre, comprendre, juger : trois opérations de l'esprit aussi distinctes que différentes.
Un homme médiocre a tout entendu dire, il a tout vu.
L'importun s'importune lui-même, il ne cherche quelqu'un que pour se fuir.
On fait de grands repas presque partout, et d'excellents repas presque nulle part.
L'enfance ne prévoit pas l'avenir, le seul présent l'intéresse.
Le vide de l'esprit fait accueillir tous les préjugés, toutes les misères, toutes les bagatelles.
Il y a souvent plus de vraie bonté dans la critique que dans l'éloge.