Les 57 pensées et citations de Maurice Maeterlinck :
On est heureux quand on a dépassé l'inquiétude du bonheur.
La peur de la mort est l'unique source des religions.
Si j'étais Dieu, j'aurais pitié du coeur des hommes.
Nous sommes trop portés à peindre la vie plus triste qu'elle n'est.
Ta joie est tombée sur mes lèvres comme un enfant au seuil de la maison.
Le sommeil annule le temps qui n'existe que dans notre imagination. En vous réveillant dans l'obscurité, vous ne savez pas si vous avez dormi dix secondes ou dix heures. Six cents minutes de votre vie vous ont abandonné et se sont écoulées sans que vous en ayez joui, sans que vous en ayez souffert et vous êtes heureux comme si vous veniez de les dérober au destin, au malheur ou à la mort.
Dis-moi ce que tu entends par destin, et je te dirai ce que tu vaux, ce que tu feras, ce que tu deviendras.
Nul homme n'échappe à son destin.
Le destin est dix fois plus lourd sur la nuque du paresseux, du lâche ou de l'imbécile qui ne sait même pas comment le porter, que sur les épaules de l'homme actif, courageux et intelligent.
Au fond, qu'est-ce qu'une petite vie ? Nous appelons ainsi une vie qui s'ignore, une vie qui s'épuise sur place entre quatre ou cinq personnages, une vie dont les sentiments, les pensées, les passions, les désirs s'attachent à des objets insignifiants. Mais pour celui qui la regarde, par le fait même qu'il la regarde, toute vie devient grande. Une vie n'est ni grande ni petite en elle-même, elle est regardée plus ou moins grandement, voilà tout.
Les pleurs, les souffrances, les blessures ne nous sont salutaires qu'autant qu'ils ne découragent pas notre vie. Ne l'oublions jamais : quelle que soit notre mission sur cette terre, quel que soit le but de nos efforts et de nos espérances, le résultat de nos douleurs et de nos joies, nous sommes avant tout les dépositaires aveugles de la vie. Voilà l'unique chose absolument certaine, voilà le seul point fixe de la morale humaine.
Il faut apprendre à être heureux comme il faut apprendre à mourir.
La propreté de notre âme dont nous sommes si fiers, est aussi délicate que celle de notre corps et réclame des soins incessants.
Ce qui coule dans nos veines, c'est le temps. Ce que compte jour et nuit notre cœur, c'est le temps. Nous ne sommes que du temps qui s'arrête et se coagule dans nos artères à l'instant de notre mort. La mort n'est donc pour nous qu'un arrêt momentané du temps. Dès que nous ne serons plus vivants, il recommencera de couler, en emportant ce qui de nous existera toujours.
Le passé, c'est derrière nous, le temps qu'ont mesuré les pas de notre vie ; le présent c'est l'infiniment petit, et l'avenir l'infiniment grand de ce même temps. La vitesse du passé qui s'éloigne est-elle la même que celle de l'avenir qui s'approche ?
L'avenir est l'envers du passé ; comme le passé, aux yeux de qui aurait cessé d'être homme, serait l'envers de l'avenir.
J'ai connu beaucoup de chiens, je n'en ai pas vu qui eussent mordu leur maître. Je ne dis pas qu'il n'en existe point, mais je n'en ai jamais rencontré. Tout au plus, poussé à bout, se permet-il de rappeler ce maître égaré au respect de l'alliance ancestrale, par un grondement spécial et significatif, auquel on ne se trompe pas et qui arrête les plus téméraires, comme s'il venait des profondeurs d'une histoire qui remonte aux origines de la terre. Mais la crise ou le malentendu passé, tout est oublié ; et la victime, sans rancune, vient demander pardon du mal qu'on lui a fait. Il est cependant une injure que le meilleur chien supporte difficilement, à savoir qu'on lui reprenne un os qu'on vient de lui donner. Aux yeux de la morale, de la justice et de l'honneur canins, c'est le péché qui crie vengeance au ciel, le sacrilège inexpiable. N'avons-nous pas, dans notre morale et dans notre sentiment de l'honneur, d'analogues bizarreries ?
Plus on croit savoir, moins l'on sait, moins l'on est apte à apprendre. Du reste, on a beau faire on n'apprend jamais qu'à mesurer son ignorance.
Les hommes n'ont qu'un bonheur inaliénable et sûr, c'est qu'ils peuvent espérer la mort.
Que serait la vie s'il n'y avait pas la mort ? Qui oserait la vivre ? Car seule la peur, d'ailleurs absurde, de la mort, nous aide à prolonger la vie jusqu'aux déserts de la vieillesse.
Le moment cardinal de la vie est celui où l'on ne cherche plus de raison de vivre.
Au sortir de l'enfance, l'âme prend déjà l'odeur de la mort.
Tout être qui ne possède pas quelque noblesse d'âme n'a pas de vie intérieure. Il aura beau se connaître, peut-être saura-t-il pourquoi il n'est pas bon, mais il n'aura ni cette force, ni ce refuge, ni ce trésor de satisfactions invisibles que possède tout homme qui peut rentrer sans crainte dans son cœur. La vie intérieure n'est faite que d'un certain bonheur de l'âme, et l'âme n'est heureuse que lorsqu'elle peut aimer en elle quelque chose de pur.
Si je ne comprends pas ce que tu dis, je comprendrai ce que tes larmes disent.
Pourquoi mourir au moment où mon corps commençait à s'habituer à mon âme et mon âme à mon corps ?
Le sort de l'homme : Travailler toute sa vie pour gagner de quoi vivre et perdre sa vie pour gagner de quoi ne pas mourir.
Notre amour a passé sur sa vieillesse aveugle comme une pluie d'avril sur un rocher crayeux.
En avançant en âge nous constatons que nos années se précipitent et s'accourcissent. À mesure que notre vitalité diminue, celle du temps augmente. Plus la première s'alentit, plus l'autre s'accélère. Le temps devient impatient et vorace. Tout se passe comme si le temps sidéral, pour un homme de cinquante ans, s'écoulait quatre fois plus vite que pour un enfant de dix ans.
Tout idéal qui ne répond pas à une forte réalité intérieure n'est qu'un mensonge.
Il y a bien de l'orgueil à se dire mécontent ; et la plupart n'accusent la vie et l'amour que parce qu'ils s'imaginent que la vie et l'amour leur doivent quelque chose de plus que ce qu'ils peuvent leur accorder eux-mêmes.