À quoi me sert d'être aimant ? À quoi bon vivre très longtemps ? Cela m'épouvante : vivre peu est encore trop, pour qui souffre.
Ah Seigneur ! dans mes heures dernières, tends vers moi tes bras cléments ; enlève-moi à moi-même, et fais de moi un être qui te soit agréable.
Ce qui, dans le monde, réjouit le plus grand nombre de personnes n'est pas toujours si apprécié et si cher qu'il n'y ait quelqu'un sentant combien ce qui est doux pour les autres est amer et cruel pour lui-même.
Aujourd'hui, lassé par les ans, je donne des ailes à mes pensées et je me stimule moi-même vers un but plus noble et plus sûr ; et de mes erreurs, dont mille pages certainement sont remplies désormais, je demande pardon à Dieu.
L'amour pour que, par hasard ma flamme ne s'éteigne point, dans le temps froid de l'âge moins vert, a tourné de nouveau son arc contre moi, et il me harcèle chaque fois qu'il se rappelle qu'il ne perd jamais ses coups sur mon noble cœur.
L'amour dans les années d'autrui reverdit la saison par le charme d'un beau visage.
Les souffrances humaines ont leur terme par la mort.
Il n'y a pas de malheur égal à la perte du temps.
Chaque pensée du temps passé qui me revient à la mémoire m'est chère en partie et en même temps m'attriste et m'afflige, car la raison me reproche les jours perdus, dont la perte ne se répare pas.
Ma douleur est si grande que ni la raison ni le temps ne l'apaiseront jamais.
J'écris seulement pour exhaler la douleur intérieure dont se nourrit mon cœur.
L'amour, c'est l'aile que Dieu a donnée à l'homme pour monter jusqu'à lui.
Le plus lent ne fuit pas le plus rapide.
L'amour ranime, redresse, et déploie nos ailes pour un vol sublime.
Amant, fuyez l'amour, fuyez son feu, son incendie est âpre et sa blessure est mortelle.
L'amour de même qu'il enchaîne les âmes, étouffe les voix et met un frein aux paroles.
Jamais ne passe une nuit, jamais ne passe un jour, sans que dans ma pensée je ne te voie et ne t'attende ; on n'a jamais pu chauffer une fournaise ou un four, à un point tel que mes soupirs ne soient encore plus cuisants, et quand il m'arrive de te voir auprès de moi, j'étincelle comme le fer dans un feu ardent, et je voudrais te dire tant de choses que dans ma précipitation à parler, la flèche ne peut être décochée.
Les caresses enlèvent aux serpents leurs morsures.
Un faible courage succombe sous un don trop abondant.
La mort n'est pas comme on le croit le plus grand des maux pour celui qui, par la grâce éternelle, remonte du dernier jour au premier, jusque auprès du trône de Dieu.
Le pire est de vivre, puisqu'en aimant je ne recueille que chagrins. Si le ciel est l'ami des amants, le monde leur est cruel et ingrat.
Bienheureux, vous qui là haut, dans le ciel, jouissez du prix des larmes dont le monde ne dédommage pas, l'amour, vous domine-t-il encore ? ou en avez-vous été délivrés par la mort ?
La rumeur blesse l'honneur, et donne la mort.
O femme, belle au-dessus de toutes les femmes, comment celui qui te vénère, qui t'adore et te sert, peut-il te rendre revêche, sauvage, hautaine et méchante ?
L'habitude, quand on aime le beau, embellit ce qu'il y a de laid.
La pâleur provient de l'état de son cœur.
Le mal nuit davantage que le bien ne profite.
L'art conserve la mémoire d'une grande beauté.
Amour et cruauté se sont acharnés contre moi ; l'un s'arme de compassion, l'autre de mort.
Un grand bonheur fait supporter une grande souffrance.
Insensé celui qui, entraîné par son désir avide vers une beauté séduisante, s'en va, aveugle et sourd pour son bien, au-devant du trait de l'amour.
Loin de toi, il me semble que tout en moi succombe, que mon cœur perd toute sa force.
Il n'existe rien qui rende un noble cœur amoureux, si ce n'est un beau visage.
Quelle misère est l'état amoureux pour celui qui vit dans le feu de l'amour, et boit son poison.
Tout ce qui est beau, tout ce qui charme, passe en un instant des yeux au cœur.
L'espoir peut bien quelquefois suivre mon ardent désir et ne pas être trompeur, car si chacune de nos affections déplaisait au ciel, dans quel but Dieu aurait-il créé le monde ?
Il doit aimer l'œuvre, celui qui en adore l'auteur.
Ce que je ressens, ce que je vois et ce qui me guide n'est pas en moi ; mais je ne puis le trouver, et il me semble qu'un autre me le montre. Ceci, madame, m'arrive depuis que je vous ai vue, depuis que m'agite un sentiment doux et amer, un oui et un non ; vos yeux en sont la cause.
De même que le feu ne peut être séparé de la chaleur, le beau ne peut pas être séparé de l'Être éternel.
La puissance d'un beau visage me transporte vers le ciel, car il n'est rien, sur la terre, qui pour moi ait autant de charme.
L'amour a le pouvoir de rendre les âmes parfaites ici-bas, mais il les rend plus parfaites encore dans le ciel.
La sensualité est un désir effréné qui tue l'âme, et non l'amour.
Un artiste éminent ne conçoit aucun sujet qu'un marbre ne puisse renfermer dans son sein ; mais seule y parvient la main qui obéit à l'intelligence.
Seigneur, accordez-moi la grâce de toujours désirer plus que je ne peux accomplir.
Dieu a donné une sœur au souvenir, et il l'a appelée espérance.