Un homme médiocre et ignorant montre plus d'assurance qu'un homme supérieur et profondément instruit. Le premier méprise tout ce qu'il ignore, ou ne suppose rien au-delà du peu qu'il sait, le second sent combien il aurait encore de choses à apprendre.
Croire à une vérité morale c'est peu : il faut la sentir pour en tirer une conviction, et pour devenir capable de la mettre en pratique.
On émeut un cœur délicat, bien plus par la crainte de lui déplaire, que par le désir de lui plaire.
L'intrigue l'emporte sur le bon droit, comme un corps en mouvement renverse un corps au repos.
Il est encore trop peu d'hommes qui voient en la femme ce qu'ils devraient voir, un être sans doute inférieur à eux par la force physique et par la force morale, mais supérieur par la délicatesse de l'âme et par la sensibilité. Un être méritant tous leurs ménagements, une compagne destinée à compléter leur existence par l'amour, à la charmer par la grâce et l'esprit, à calmer leurs maux par de tendres soins, et à soulager leurs chagrins en les partageant. Quand elle ne leur donne pas tout ce bonheur, c'est bien souvent parce qu'ils ne savent pas le lui demander.
Ce que l'on n'admire pas en soi, on se garde bien de l'admirer dans un autre.
L'admiration est un éclair qui illumine l'âme et enflamme le génie.
Le vrai satisfait la raison ; le beau charme le goût ; le sublime transporte l'âme dans les plus hautes régions de la pensée et du sentiment.
La critique est un flambeau, et la louange, un bandeau.
L'homme oisif est comme l'eau qui dort : il se corrompt au fil de temps.
Sans la mémoire, l'intelligence ne serait qu'un éclair dans la nuit.
A côté de l'intelligence qui cherche et qui trouve est un auxiliaire indispensable qui recueille et conserve : la mémoire.
Plus on est ignorant, moins on s'en aperçoit.
Plus on a besoin de conseils, moins on les supporte. La présomption donne la mesure de l'imprévoyance.
L'imprévoyance est l'excuse banale de bien des fautes. Quand elle est fondée, quel est le rôle de l'intelligence ?
Avec peu d'esprit, on imite ; et l'on prend, en chaque chose, ce qui frappe le plus, l'exagération, par conséquent le ridicule.
La stérilité de l'esprit produit l'entêtement. Quand on n'a qu'une idée, on y tient.
L'irrésolution est l'embarras d'un esprit obscur et vacillant qui veut aller sans savoir où, qui cherche sans savoir quoi.
Une pensée claire est comme une eau limpide dont on voit le fond, sans en juger d'abord la profondeur.
Les impressions reçues, pendant notre enfance, forment, dans notre mémoire, une espèce de noyau. L'âme, pendant sa période de développement, et pendant sa maturité, le recouvre, chaque jour, d'impressions nouvelles. Puis, au déclin de la vie, il se fait un travail de destruction, qui commence par les souvenirs les plus récents, remonte successivement aux autres, et n'épargne que ceux de nos premières années.
Que gagne-t-on à ne pas prendre résolument son parti de vieillir ? On ne trompe personne, et on échange un droit au respect contre un ridicule.
Il en est du temps comme de la fortune. On se promet d'en faire un bon emploi, quand on en est privé ; et quand on les possède, on les dissipe follement.
La vie est un breuvage dont la jeunesse s'enivre, dont l'âge mûr essaye de faire un usage modéré, et dont la vieillesse savoure, avec un plaisir inquiet, les gouttes les plus amères.
La confiance et la défiance de l'amour ont ordinairement le même principe, l'amour-propre.
L'amour, qui corrompt souvent les cœurs purs, purifie quelquefois les cœurs corrompus.
La crainte de déplaire est un sentiment si modeste et si respectueux qu'il est bien difficile de n'en être pas touché.
L'amour vrai ne se confie pas ; il se trahit de lui-même.
L'homme le plus prompt à se choquer est celui qui craint le moins de choquer les autres.
On vante rarement, dans autrui, la qualité à laquelle on prétend soi-même, sans composer sa louange de manière à en profiter un peu.
Mieux vaut cent fois la haine que l'indifférence d'une femme. La haine a une cause déterminée.
La beauté illumine tout ce qui l'entoure. Une belle femme attire, fascine, enivre.
L'avare n'est jamais, à ses propres yeux, qu'ami de l'ordre, prévoyant, économe.
L'avarice est la plus aveugle des passions, c'est la seule qui n'ait pas la conscience d'elle-même.
Pourquoi tel homme, qui parle à tout venant de ses propres affaires, ne peut-il donner un instant d'attention à celles d'autrui ? Cette question se résout par un mot : Personnalité.
Affections trahies, illusions détruites... quels mots heureux pour déguiser les déceptions de l'amour-propre et de la personnalité !
Nous supposons volontiers aux autres des dispositions conformes à nos vues ; et quand nous reconnaissons notre erreur, nous nous irritons contre eux, comme s'ils nous avaient trompés.
On se réjouit volontiers du bien des autres, pourvu qu'on les juge encore moins heureux que soi.
L'envie et la jalousie sont des passions qui rongent le cœur et finissent par y détruire tous les bons sentiments.
La raison est la lumière de l'âme ; les passions en sont les orages.
Le doute est une infirmité de l'esprit. Qui doute de tout est disposé à tout croire.
Ne mettez en commun, avec un égoïste, que les choses dont vous serez décidé à lui faire un complet abandon.
Le repos du corps n'est pas plus l'oisiveté que l'agitation n'est le travail. Le travail est la pensée ou l'action dirigée vers un but.
Vous demandez aux femmes des qualités, des vertus, et vous ne flattez que leurs défauts. Si vous accordez un froid respect à celles qui trouvent le bonheur dans le devoir, vous idolâtrez, dans les autres, la beauté, les grâces, et trop souvent les vices. Est-ce ainsi que vous les encouragez au bien ?
Les passions agissent sur l'intelligence comme le vent sur la flamme : modéré, il la rend plus brillante ; vif, il la fait va ciller ; impétueux, il l'éteint.
Le bavardage est l'indice certain de l'irréflexion, d'un défaut de tact et d'un peu de sottise.