Rien n'est plus désolant qu'un ennemi autrefois ami, et qui abuse des faveurs qu'on lui a faites.
Les hypocrites sont de redoutables ennemis, il en faut peu pour faire beaucoup de mal.
Écrire est le moyen de parler lorsqu'on n'espère pas d'être écouté.
Les hommes sont tous sujets à l'erreur et au péché.
Les louanges se donnent à l'amitié, aux dignités, et très rarement à la vérité.
On ne doit pas se laisser étourdir par tout ce que l'on peut nous dire.
La plupart des hommes sont portés à la flatterie ou à nous faire des compliments dans l'espérance de quelque retour, ou enfin par une espèce de malice et de raillerie.
Les jugements précipités sont toujours conformes aux préjugés.
Nos ennemis nous rendent souvent un meilleur service et nous éclairent beaucoup plus l'esprit par leurs oppositions que ne font nos amis par leurs approbations ; parce que nos ennemis nous obligent de nous tenir sur nos gardes et d'être attentifs aux choses que nous avançons ; ce qui seul suffit pour nous faire reconnaître nos égarements.
Un vrai ami ne doit jamais approuver les erreurs de son ami.
Le mépris est la dernière des injures.
Une très grande faute contre la civilité est de parler souvent de soi, surtout quand on en parle avantageusement.
Les hommes jugent selon ce qu'ils sentent et non pas selon qu'ils conçoivent, car ils sentent avec plaisir et ils conçoivent avec peine.
La plupart des hommes ne savent ce que c'est que de rentrer dans eux-mêmes pour y entendre la voix de la vérité, selon laquelle ils doivent juger de toutes choses. Ce sont leurs yeux qui règlent leurs décisions.
L'esprit est esclave de l'imagination, il lui obéit toujours lorsqu'elle est échauffée.
Les pédants ne peuvent raisonner faute d'esprit.
Il y a des passions qui passent et qui ne reviennent plus.
Ceux qui marchent dans l'obscurité se réjouissent à la vue de la lumière.
Les ignorants et les esprits faibles, qui se font des sujets de crainte imaginaires et ridicules, ressemblent aux enfants qui marchent dans les ténèbres sans guide et sans flambeau.
Le désir est augmenté par la joie ; il est renouvelé par la crainte.
Les gens faibles sont les plus susceptibles à la tristesse et au désespoir.
Le désir est animé par l'amour ; il est fortifié par l'espérance.
Le faux savant se flatte toujours des louanges qu'on lui donne.
Les hommes parlant plusieurs langues sont autant de fois hommes qu'ils savent de langues.
Il y a certaines personnes qui apprennent toute leur vie à parler et qui devraient peut-être apprendre avant tout à se taire ; car il est évident qu'on doit se taire lorsqu'on n'a rien de bon à dire.
Certaines personnes ne savent pas assez que pour bien parler il faut bien penser.
L'amitié sincère est parfaitement désintéressée.
On n'est pas toujours en humeur de bien penser et de bien dire, et le temps est si court dans certaines rencontres, que le plus petit nuage et la plus légère absence d'esprit fait malheureusement tomber dans des absurdités extravagantes les esprits mêmes les plus justes et les plus pénétrants.
Si les hommes savaient bien écouter et bien répondre, les conversations seraient fort agréables et bien plus utiles.
Il n'y a rien de plus doux et qu'on ne saurait nous faire plus d'honneur que d'entrer dans nos raisons et d'approuver nos opinions.
Les faux savants se confondent par leurs propres paroles sans aller fort loin.
Les plaies du cœur sont plus dangereuses que celles de l'esprit.
Les vaniteux ne parlent jamais avec plus d'empressement que lorsqu'ils n'ont rien à dire.
Il y a une infinité de gens en ce monde qui ne disent que des sottises.
Le désir déréglé de devenir savant rend souvent les hommes plus ignorants.
Ce n'est pas une preuve suffisante pour croire une chose que de l'entendre dire.
La vérité sait bien que l'erreur ne peut rien contre elle ; et si elle demeure quelque temps comme proscrite et dans l'obscurité, ce n'est que pour attendre des occasions plus favorables de se montrer au jour ; car enfin elle paraît presque toujours plus forte et plus éclatante que jamais dans le lieu même de son oppression.
Il n'est pas au pouvoir de notre volonté de ne pas souhaiter d'être heureux.
La vérité aime la douceur et la paix, et, toute forte qu'elle est, elle cède quelquefois à l'orgueil et à la fierté du mensonge qui se pare et qui s'arme de ses apparences.
Il ne faut qu'un hypocrite adroit pour renverser ce que plusieurs personnes vraiment sages et vertueuses ont édifié avec beaucoup de peines et de travaux.
La curiosité ne nous est donnée que pour nous porter à découvrir la vérité.
La raison est la loi souveraine de toutes les intelligences.
Il faut toujours tendre à la perfection, sans jamais y prétendre.
Qui n'impose plus aux hommes n'a plus rien à prétendre d'eux.
Les hommes ne sont misérables que parce qu'ils sont pécheurs et criminels.
La plus belle et la plus nécessaire de toutes les connaissances est la connaissance de soi-même.
Le savant qui fait parade de sa science s'habille en pédant, et se travestit en ridicule.
Ce qui est désapprouvé par la raison réjouit quelquefois l'esprit.
L'erreur est le principe de tous les maux qui nous affligent.
Un véritable ivrogne n'aime pas le vin, il ne recherche que le besoin de s'enivrer.
Qui ne se fait aimer ne doit s'en prendre qu'à lui-même.
Pour se faire aimer, il faut se rendre aimable.
Le corps tyrannise l'âme.
Les hypocrites, par une malice du démon, se transforment en anges de lumière.
Le faux respect de nos amis nous endort, et nous jette dans une fausse confiance.
L'esprit de l'homme est limité, et tout esprit limité est par sa nature sujet à l'erreur.
Les pédants font parade de leur fausse science pour se faire admirer des sots.
Les pédants sont vains et fiers, de grande mémoire et de peu de jugement.
L'erreur est l'origine de la misère des hommes.
Chacun parle selon sa pensée, et chacun se contredit.
C'est un défaut commun à tous les hommes d'être trop prompts à juger.
De toutes les sciences humaines, la science de l'homme est la plus digne de l'homme.
Mieux vaut être juste que d'être riche.
La vue des perfections divines est le motif de l'amour de bienveillance ou de complaisance.
Il faut aimer Dieu tel qu'il est comme juste aussi bien que puissant.
Rien ne nous rend justes que l'amour de la justice.
Dieu ne parle pas, mais sa voix est distincte ; il éclaire peu, mais sa lumière est pure.
Le néant n'est point si terrible que cet état désolant de vivre sans ce qu'on aime.
Les préjugés occupent une partie de l'esprit et en infectent tout le reste.
À force de boire on devient ivrogne.
Les vertus s'acquièrent, et se fortifient par les actes.
Les actes produisent les habitudes, et les habitudes les actes.
L'attention est une prière naturelle par laquelle nous obtenons que la raison nous éclaire.
Les jugements téméraires sont des péchés.
Il faut toujours rendre justice avant que d'exercer la charité.
L'imagination est la folle du logis.