Le plus souvent l'infidélité entre dans la maison du mari par la porte qu'il laisse ouverte en courant chez sa maîtresse.
La Providence n'intervient dans les événements humains que par la logique des lois éternelles ; elle n'est autre chose que la sanction de ces lois ; mais c'est assez pour qu'on la craigne.
Le mariage c'est ajouter aux douceurs habituelles de notre vie un accessoire agréable dans la personne d'une femme honnête et gracieuse qui orne notre maison, qui perpétue notre nom et nous apporte enfin, sans trop nous déranger, un supplément de confort et de respectabilité.
Pour porter ses véritables fruits le mariage doit avoir ses racines non pas seulement dans les deux cœurs qu'il unit, mais aussi dans la religion qui l'a institué et qui le consacre. Le sentiment religieux, une foi commune, la fraternité des croyances élevées et des espérances éternelles peuvent seuls donner aux faibles amours de ce monde quelque chose de la solidité et de la durée des amours divines.
L'amour véritable a quelque chose de sacré qui imprime un caractère plus qu'humain aux douleurs comme aux joies qu'il nous donne. Il y a dans la femme qu'on aime je ne sais quelle divinité dont il semble qu'on ait seul le secret, qui n'appartient qu'à vous, et dont une main étrangère ne peut toucher le voile sans vous faire éprouver une horreur qui ne ressemble à aucune autre, un frisson de sacrilège. Ce n'est pas seulement un bien précieux qu'on vous ravit, c'est un autel qu'on profane en vous, un mystère qu'on viole, un Dieu qu'on outrage ! Voilà la jalousie !
Si mon impiété me fait criminel, je le saurai peut-être un jour ; je sais quant à présent qu'elle ne me fait pas heureux. Mais, du moins, elle ne me dessèche pas le cœur ; elle me l'emplit au contraire d'une compassion attendrie pour mes semblables, pour tous ceux qui me paraissent, comme moi-même, cruellement abandonnés en ce monde aux caprices du hasard, de la force et du mal ; elle ne m'ordonne pas de sacrifier à de misérables scrupules mes sentiments les plus vrais, mes élans les plus purs ; elle ne m'apprend pas à immoler sur de mesquins autels, qu'aucun dieu ne peut bénir, mon bonheur ou celui des autres.
Il est peut-être vrai de dire que la vie factice et tumultueuse du monde, le contact d'une société dépravée, les jeux effrayants de la force et du mal sur la terre, contribuent plus encore que les arguments et l'orgueil de la raison moderne à jeter une intelligence dans les abîmes du doute. S'il y avait dans l'univers un lieu où l'homme pût n'avoir sous les yeux que l'aspect des grandes scènes de la nature et le spectacle d'honnêtes gens, il serait difficile que son âme n'y trouvât pas la confiance et la paix.
La puissante coquetterie que celle de l'honnêteté ! On ne peut rendre par des mots les séductions exquises dont un cœur chaste imprègne tout ce qui l'enveloppe et tout ce qui le touche. Nous savons cela en général mieux que les femmes. Qui de nous, rencontrant en même temps deux femmes également belles, mais inégalement respectées, n'a mesuré par la différence de ses impressions la distance de la terre au ciel ?
Les caractères où, sur un fonds riche, mais déraciné de toutes bases morales, la passion et l'enthousiasme règnent souverainement en guise de principes, peuvent se tourner vers le bien ou vers le mal avec une égale sincérité. Tel est le secret de beaucoup d'existences de ce temps qui, dans leurs contrastes et leurs variations, dans leur noblesse et dans leurs défaillances, semblent manquer de logique ou de droiture et ne manquent que de foi.
La nature élimine avec un égoïsme impassible tout ce qui la gêne ; elle supprime tout ce qui fait obstacle à son but ; elle écrase le faible pour faire place au fort.
Le mariage, quand il a cessé d'être un charme, reste un supplice.
Il est plus aisé de dire que de faire.
La veille est ce qu'il y a de meilleur dans le mariage.
Le mariage n'est pas un monologue, c'est une pièce à deux personnages.
Quand certaines femmes, plus vaniteuses que tendres, abusent de l'humilité d'une passion naissante, il est rare que l'amoureux qu'elles mortifient sans égard ne cherche pas sa consolation dans ce mot, gros de représailles : Patience !
Dans toute âme passionnée, la première pensée du désespoir, c'est le suicide, comme le premier mouvement de la haine, c'est le meurtre.
Dites-moi ce que vous adoriez hier et je vous dirai ce que vous raillez aujourd'hui.
Les savants ne comptent que sept merveilles du monde, mais il y en a une huitième pour tout amoureux, c'est la chambre de la femme qu'il aime. Le tapis où elle pose chaque matin son pied nu, les murs saturés de ses parfums favoris, et tout ce monde charmant de petits riens épars sur les meubles, de ces riens dont elle fait des trésors qu'on lui demande à genoux.
Il ne faut pas demander aux plus honnêtes femmes de n'avoir pas d'astuce ; le premier instinct des meilleures comme des pires est la ruse. Pourvu qu'elles se servent de ce don naturel, comme l'abeille de son aiguillon, pour se défendre, et non pour attaquer, il faut bien se résigner à les aimer rusées ou à n'en pas aimer une seule.
Si j'ai été amoureux ? — J'ai le regret de croire que non. J'ai eu des maîtresses çà et là ; mais je n'ai jamais conçu tout ce bruit qu'on fait de l'amour, et les poètes sont pleins sur ce sujet de choses que je ne comprends pas. Il faut que je sois demeuré complétement étranger à certains sentiments que la relation des femmes fait naître en des cœurs mieux organisés. Cela m'afflige. Un écolier qui chante sa première sérénade en sait plus long que moi sur l'amour, et un enfant qui vient de se griser pour la première fois sait mieux ce qu'il y a au fond d'une coupe de vin que je ne le sais, moi, qui ai bu tous les vins du monde dans leurs radieuses patries, sans me griser jamais, comme j'ai mené une vie de débauche avec des femmes sans jamais aimer.
Il n'y a pas de climat où l'on s'ennuie aussi vite que dans le nôtre d'aimer ou de haïr une chose ou une femme. Il n'y a point de peuple qui soit aussi pressé que nous de changer d'amour ou d'habit ; il n'y en a pas qui soit plus prompt à s'enthousiasmer, ni plus prompt à s'en repentir. Ce caractère d'activité insatiable et tout de suite rassasiée nous le portons dans nos affaires de cœur et dans nos affaires de bourse, dans nos appréciations et dans nos croyances : il n'est point de pays où la vogue d'une mine de houille ou d'un beau visage soit si passagère, où la baisse soit si voisine de la hausse, la banqueroute de la fortune, la trahison de la passion, où, quand on est sublime, on soit si près d'être ridicule, où les fêtes et les réputations aient un si brutal lendemain, où la mode dévore d'un égal appétit fidélités, grandeurs et religions.
L'espoir est comme le ciel des nuits : il n'est pas de coin si sombre où l'œil qui s'obstine ne finisse par découvrir une étoile.
Le mariage est une pièce à deux personnages dont chacun n’étudie qu’un rôle : celui de l’autre.
Il faudrait désespérer absolument de la Providence si elle ne nous réservait pas quelques compensations après toutes nos épreuves.
Se marier avec une bouffonne, une peste, je souhaite bien du plaisir à son mari !
Le cœur des femmes est un organe infiniment plus délicat que celui des hommes. L'exercice incessant qu'elles lui donnent y développe des facultés d'une finesse et d'une subtilité auxquelles la sèche intelligence n'atteint jamais ; c'est ce qui explique leurs pressentiments, moins rares et plus sûrs que ceux des hommes. Il semble que la sensibilité des femmes, toujours tendue et vibrante, soit avertie par des courants mystérieux, et qu'elle devine avant de comprendre.
Le bonheur humain ne peut toucher certains sommets sans appeler la foudre.
Toi seule m'a fait comprendre qu'on pouvait aimer à la fois avec toute l'ardeur et toute la dignité de son âme. Je t'ai choisie, parce que tu es aimante et que tu es vraie, parce que tu es belle et que tu es pure, parce que tu es le devoir et le charme, l'amour et le respect, l'ivresse et la paix. Voilà pourquoi je t'aime. Voilà quelle femme, quel ange tu es pour moi !
Le mariage n’est pas un état de pure félicité, mais c'est encore ce qu'on a trouvé de mieux jusqu'ici pour jouir honnêtement de la vie à deux entre gens comme il faut.
Les maris infidèles ne font pas toujours les femmes coupables. C'est même souvent le contraire, tant ce pauvre monde est peu soumis aux lois de la logique.
Il n'est pas très difficile d'aimer ses propres enfants, il suffit de n'être pas un monstre. L'amour qu'on leur porte n'est pas en lui-même une vertu : c'est une passion qui, comme toutes les autres, est bonne ou mauvaise, suivant qu'on en est le maître ou le valet. On peut même penser qu'il n'est point de passion qui puisse être plus que celle-là féconde pour le bien ou pour le mal.