Chacun de nous emploie la première moitié de sa vie à désirer la seconde ; la seconde à regretter la première.
La vie est un désert à traverser, l'homme n'y trouve que douleurs et dangers de toute sorte. Ah ! donnez-lui la foi, cette source vive où se rafraîchissent toutes les lèvres altérées, ce baume salutaire qui guérit toutes les blessures ; donnez-lui le bâton de voyage et l'arme de combat.
Ce doit être une horrible souffrance que la tristesse de celui qui contemple à la fois le néant du passé et des cieux vides d'espérances.
L'homme se sanctifie par le travail qui est un mérite en même temps qu'un devoir. Il met une armure autour de son cœur pour le fermer à tous les vices, tandis que la paresse et l'oisiveté le leur ouvrent de toutes parts.
La terre est un lieu de passage où Dieu nous a départi plus de devoirs que de jouissances.
On dirait que le temps prend un plaisir féroce à mutiler les plus beaux ouvrages de la nature. Tout porte la trace de son passage, il flétrit tout ce qui brille à nos regards fleurs des champs, fleurs humaines, les seules, hélas ! qui gémissent et qui pleurent sous ses coups.
Rien n'est favorable au développement et au libre exercice de l'esprit, à l'empire de l'âme sur le corps, comme la sobriété.
Il est des hommes pervertis et méprisables qui n'ont de respect pour rien ; ils méritent qu'on les repousse comme des profanateurs et des impies.
Le sentiment du respect est dû à nos parents qui sont pour nous des bienfaiteurs.
Heureux l'homme quand ses repentirs ne sont pas des remords ; quand ils ne sont que de vains regrets appliqués à des illusions perdues, à des espoirs trompés !
Le repentir est la peine que Dieu attache à l'inconstance de l'esprit humain, quand il agit contre son bonheur terrestre, et surtout contre ses intérêts éternels.
La pudeur est l'encadrement enchanteur de la beauté, la couleur de l'innocence ; rien n'égale la suavité des teintes et les mystérieux attraits dont elle pare le visage des vierges ; lumière sacrée de la vertu, elle met en elle d'ineffables douceurs et les colore de reflets angéliques. Attribut de la jeunesse et surtout du sexe féminin, elle existe instinctivement dans toute âme qui n'a pas encore contact du monde, et chez laquelle l'éducation n'a pas étouffé la nature.
Plus les professions sont matérielles et grossières, plus l'âme s'endort et reste dans un repos léthargique : on dirait que l'homme s'abrutit au contact de la matière.
Oh ! non, ne délaissez pas la prière ; c'est le lien qui rattache la terre au ciel ; c'est le baume qui guérit ; c'est la voix qui console.
Ceux qui sont heureux doivent prier Dieu qu'il les conserve dans cet état, si rare ici-bas ; ceux qui sont malheureux doivent le prier d'épancher sur eux quelques-unes de ses consolations.
Pour être goûtés, les plaisirs doivent être un délassement ; c'est le travail qui leur donne tout leur arôme.
La piété véritable a, comme l'or, sa pierre de touche, c'est la charité. Tout arbre qui ne produit pas est mauvais, toute piété qui ne sert pas au prochain est une piété vaine et fausse.
Oh ! que le pauvre qui reste vertueux doit avoir de mérite aux yeux de Dieu !
La pauvreté, objet de scandale pour l'ignorant et pour l'homme sans croyance, apparaît au chrétien comme une source féconde de vertus et de mérite pour les hommes.
Les femmes sont moins orgueilleuses que les hommes ; c'est la vanité qui fait le fond de leur caractère ; elles n'ont pas l'énergie suffisante pour monter jusqu'à l'orgueil.
La vraie noblesse, comme la vertu, existe dans le cœur et dans le présent ; elle n'est plus rien quand elle est dans le souvenir et dans le passé.
Noblesse oblige, a-t-on toujours dit en France ; personne ne devrait oublier cette maxime ; chacun devrait soutenir l'honneur de son nom et ne pas déchoir de la vertu de ses ancêtres : c'est ainsi qu'un noble sang, transmis du père aux enfants, deviendrait une semence de vertus et de belles actions.
La modestie est un sentiment de l'âme, qui nous porte à nous regarder comme peu de chose en nous-mêmes, ou comparativement à nos semblables et à l'idéal que la raison et la foi nous présentent à imiter.
Les larmes sont une harmonie du cœur qui trouve presque toujours un écho dans le cœur d'autrui.
L'homme est libre de se priver des jouissances permises, dans un but de perfection.
L'art de tuer les hommes, la guerre est devenue, hélas ! une science et une source de gloire !
La gourmandise exagère nos besoins réels, en crée de factices ; elle prépare le malheur de l'individu et la ruine de la société.
Oui, c'est par la femme que les sociétés se corrompent ou s'améliorent ; c'est elle qui est la pierre angulaire de la société morale. Une nation dans laquelle les femmes sont religieuses peut tout espérer de l'avenir ; celle où les femmes n'ont plus de croyances doit tout craindre, ou plutôt elle est déjà perdue.
Dieu a donné à la femme une puissance de cœur étonnante. Elle est le vase d'élection dans lequel il a renfermé des trésors d'amour et de foi, qui, de son cœur, s'épanchent sur l'humanité pour remédier sans cesse aux maux qu'opèrent les égarements de la raison.
Le fat est le suffisant élevé à sa plus haute puissance ; c'est un être tellement rempli de l'amour de lui-même que son esprit demeure vide de tout le reste.
Autant le sentiment religieux est aimé de Dieu et digne des respects du genre humain, autant le fanatisme mérite la haine des cieux et de la terre. Ce vice enchaîne les peuples, les abrutit et les tue.
Le sentiment religieux, exploité par les passions, produit le fanatisme, que nous définirons le zèle aveugle pour la religion, ou l'effet d'une fausse conscience, qui abuse de la religion et l'asservit au dérèglement des passions.
La famille est la source de laquelle découlent les vertus ou les vices qui font le bonheur ou la ruine des nations ; c'est à elle que sont remises les traditions du passé et les destinées de l'avenir.
Dans la famille naissent tous les nobles sentiments que la morale, plus puissantes que la loi, peut seule commander aux hommes et obtenir d'eux.
L'expérience est le produit du malheur et des déceptions : l'enfant ne connaît l'amertume du fruit qu'en le portant à sa bouche ; l'homme n'est convaincu des vanités d'ici-bas qu'après les avoir approchées de son cœur.
L'expérience, c'est le regard que nous jetons sur le passé ; c'est le nom qui désigne nos fautes plutôt que notre sagesse.
Le chrétien qui ne s'abuse pas sur les destinées de l'homme, et qui met son espérance plus haut que la terre, accepte les misères d'ici-bas comme un calice d'expiation ; il sait que Dieu lui payera en félicités suprêmes la dernière de ses larmes et la moindre de ses douleurs. Sublime espérance que celle-là qui produit la résignation d'esprit, ferme la bouche au murmure, ouvre le cœur aux sacrifices de toutes sortes, et verse sur les douleurs du temps qui s'envole le baume des éternelles consolations !
L'ennui fait autant négliger de devoirs et commettre de crimes que la perversité du cœur, et celui qui s'est ennuyé toute sa vie doit trembler à sa dernière heure ; car, pour que l'avenir ne soit pas terrible, il faut pouvoir regarder le passé sans remords.
Les imperfections de l'enfance deviennent les vices de l'âge mûr.
L'égoïsme, ce méprisable vice, est devenu parmi nous une science qui consiste à savoir profiter le plus possible de tout, en rendant le moins qu'on peut : c'est une véritable exploitation des personnes et des choses au milieu desquelles on vit.
Il est naturel qu'on se plaise et qu'on se recherche dans ses semblables ; mais l'égoïste ne se recherche et n'a de satisfaction qu'en lui-même. Il lui semble absurde de s'occuper d'autre chose que de lui.
Ce qu'il faut reprocher à l'égoïste, ce n'est pas d'être le dernier terme de ses affections, mais d'en être l'objet unique ; ce n'est pas non plus d'aimer les autres pour lui, mais de n'aimer que lui.
L'éducation devrait être une arche sacrée, où nul ne pourrait porter la main, sans offrir à la société toutes les garanties possibles. On ne devrait admettre dans le corps enseignant que des personnes d'une moralité à toute épreuve. S'il en était ainsi, la jeunesse offrirait à l'avenir de consolantes garanties d'ordre et de prospérité.
Malheureusement, l'éducation que reçoit aujourd'hui la jeunesse n'est pas de nature à régler, à refréner ses passions. On élève les jeunes gens comme si la vie n'avait pas de lendemain, comme s'il n'y avait pas pour eux d'autres intérêts que ceux d'ici-bas ; on cherche à en faire des hommes de science, mais on s'occupe fort peu de leur moral.
S'il est des passions qui diminuent l'imputabilité des actes, il en est qui viennent aggraver considérablement l'accusation. Les crimes commis par les passions réfléchies, telles que l'avarice, l'orgueil, l'ambition, la vanité, la vengeance, sont de nature à appeler toute la sévérité des lois.
Il est impossible de soulever une question d'imputabilité à l'égard des idiots, de ces êtres imparfaits, placés dans l'intervalle qui sépare les animaux des hommes.
Le criminel peut être en sûreté, jamais en sécurité : sa conscience le poursuit partout.
Le véritable courage se connaît dans tous les événements de la vie ; il est utile à chacun de nous pour supporter les traverses et les vicissitudes de l'existence. Il a sa source dans les réflexions, l'étude, la philosophie, et surtout dans une conscience pure et dans le sentiment religieux. Il s'affermit dans les conseils et se guide par la prudence. Il est toujours ce qu'il doit être ; il ne faut ni l'exciter ni le retenir.
Le bonheur et la joie n'existent ici-bas que dans la paix d'une conscience pure. C'est de la pureté de la conscience que naît la paix du cœur, source de toute joie véritable.
Quand on a pris l'habitude de la colère les plus petites causes suffisent pour la produire : l'âme est alors comme ces substances inflammables qui détonnent au plus léger contact.
Pour que la charité régnât sur la terre, il fallait qu'un Dieu vint lui-même l'enseigner aux hommes, et que les mérites infinis de sa croix rendissent à leur nature tombée la puissance de s'élever jusqu'à la pratique de cette vertu céleste.
La charité est l'immolation de l'individualité : tout à Dieu, tout pour Dieu, telle est la devise de cette vertu.
La charité est un épanchement de l'amour divin dans le cœur de l'homme ; c'est un don surnaturel qui centuple sa puissance d'aimer, dirige vers Dieu toutes ses actions, qui sans cela n'auraient qu'un but terrestre et une récompense passagère.
Le bonheur n'est pas fait pour la terre, et c'est au milieu des épreuves de toutes sortes que l'homme doit faire son chemin vers l'éternité.
Malheur aux heureux de la terre s'ils n'ont pas appuyé leur bonheur sur l'amour de Dieu ! les félicités qui n'ont pas leur racine en lui, sèchent comme l'herbe et s'envolent comme le vent.
Le bonheur n'est pas de ce monde : habitant du ciel, il rase quelquefois la terre de son vol, et ne se montre à nous que pour disparaître.
Les femmes ne devraient jamais oublier que le moyen de suppléer à la beauté du corps, c'est d'avoir la beauté de l'âme celle-là brille toujours, et les teintes charmantes dont elle illumine le visage ne s'effacent jamais. Le temps ne peut rien sur la beauté morale.
L'avare est un fou à qui la morale et la religion jettent leur anathème.
Pauvres, ne jugez pas les motifs de celui qui vous fait l'aumône, voyez toujours en lui l'instrument dont se sert à votre égard la providence de Dieu.
Il est rare que les hommes d'argent aient des entrailles pour l'infortune, ils sont d'autant plus durs qu'ils ont été plus malheureux eux-mêmes.
Quand l'amour de soi est renfermé dans de justes limites, il est l'un des plus louables mobiles de nos actions ; mais quand il s'exagère, il devient la source des plus déplorables écarts de notre intelligence. Il se rapetisse alors aux mesquines proportions de l'égoïsme ; il oublie son Auteur et ses devoirs, il s'enfle de fol orgueil, descend jusqu'aux misérables faiblesses de la vanité, subit les entraînements de l'ambition, s'endort dans la paresse ou se vautre dans la fange de l'avarice.
Mères, ne l'oubliez pas, cet amour qui fait vos délices, Dieu l'a mis en vous bien moins pour vous-mêmes que pour vos enfants ; avant tout, vous devez considérer leur intérêt ; vos satisfactions ne doivent venir qu'ensuite.
Toute amitié qui n'est pas fondée sur la vertu a le sort de ces semences qui germent sur le roc : le soleil les dessèche ou le souffle du vent les emporte. Deux amis réunis dans l'amour de Dieu et dans la pratique du bien n'ont point à craindre que leur amitié périsse d'inanition ; elle a ses racines dans un fond suffisant pour l'alimenter toujours ; ses garanties de durée sont proportionnées à la grandeur de ses motifs.
L'amitié peut exister entre des personnes de différent sexe, mais il est rare qu'elle soit exempte d'amour. Une affection tendre entre un homme et une femme a toujours, même quand elle est pure, un caractère spécial ; elle est rarement exempte de danger : c'est comme une substance inflammable que la plus légère étincelle peut embraser. Nous ne prétendons pas qu'il faille condamner une telle affection, mais il faut s'en défier ; elle est souvent trompeuse.
L'amitié, l'une des plus belles tiges de la faculté d'aimer, a été donnée à l'homme pour charmer sa vie et pour doubler son cœur.
Les aliments ont sur nos passions une influence immense. Celui qui fait usage de viandes, de vins généreux, a des passions beaucoup plus vives que celui qui se nourrit de légumes et de fruits. Rien ne développe les instincts animaux et grossiers, comme l'usage de la chair et du sang.
Une mauvaise action ne tarde pas à punir celui qui la commet.