Travaillez si vous voulez réussir ! Le travail est le remède, l'unique salut, le consolateur suprême. Il équilibre et pacifie tout, établit l'harmonie dans l'univers, et il faut l'envisager comme une raison d'être suffisante, comme le but même de l'existence.
Si le succès vient un jour tant mieux, mais je ferai mon œuvre sans m'inquiéter de ça. Cette soif du succès est malsaine pour l'écrivain, c'est cela qui a gâté notre génération, qui la pousse à toutes les extravagances, à toutes les folies. Les plus heureux sont ceux qui réussissent tard.
La timidité n'est pas ce qui caractérise la jeunesse contemporaine, véritable bande de renards à deux pieds. Aujourd'hui, un peu de savoir-faire vaut mieux que beaucoup de savoir.
Ne compte sur personne, fais ta trouée tout seul. Sache seulement que la lutte est sans merci, et qu'il n'y a ni pitié ni justice pour les vaincus. Il faut être le plus fort, voilà tout !
Ne plaignons pas trop les jeunes gens qui entrent dénués dans la vie et ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Ce n'est pas toujours un bien pour la jeunesse que d'avoir de l'argent, des protecteurs puissants, un avenir assuré. Beaucoup s'endorment dans ce bien-être et dans cette assurance.
Quel que soit votre talent, si vous n'avez pas de succès, les confrères vous mépriseront ; si vous en avez, ils vous haïront, tout en vous caressant et en attendant le jour où ils pourront, sans se compromettre, vous tirer dans le dos. Ce sont des lâches, n'espérez de ces gens-là ni justice, ni générosité.
Un paysage, c'est plus qu'un état d'âme, c'est un acte de l'âme, notre propre création.
Le bonheur n'est pas dans le mensonge et l'ignorance ; il est hors de l'illusion, du rêve creux qui amollit et désespère ; il est dans la vérité, l'effort sans cesse renouvelé, le désir de savoir encore et toujours davantage, dans le plein épanouissement de notre intelligence et de toutes nos facultés, dans l'acceptation courageuse de la vie, qui mérite d'être vécue pour elle-même et qu'on ne se lasse pas de croire bonne.
Quand on est jeune on se dit : « J'ai bien le temps. » Puis les années s'écoulent, l'intelligence se rouille ; on devient un fruit sec, une non-valeur sociale.
La misère est un stimulant, il est peu de vrais grands hommes qui n'aient été élevés seuls, sans maître, à l'école de la souffrance. Presque tous eurent des débuts extrêmement pénibles et auraient pu dire comme Figaro : Rien que pour vivre, j'ai dépensé plus de génie qu'il n'en faut pour gouverner toutes les Espagnes.
On peut être le fils de quelqu'un sans être quelqu'un soi-même.
Peu importe l'avenir qui peut ne pas être, si nous pouvons être heureux dans le présent.
L'amour s'en va, et la femme reste !
Je ne peux plus vivre un seul jour sans toi. Tu es mon rêve, ma religion, ma foi. Je n'aurai de joie et de souffrance désormais que par toi.
Les journalistes, ça vous exécute un artiste d'un trait de plume. Il y a chez eux encore plus d'ignorance et de bêtise que de mauvaise foi. Mais le malheur est que le public les lit.
Quel spectacle ! Paris la nuit m'enchante. Je voudrais le parcourir dans tous les sens, en connaître tous les quartiers, tous les bons coins, car l'aspect en varie avec chaque rue... Et puis j'aime me perdre, ne savoir où je suis ni où je vais.
Tu es très jolie, tu m'apportes un rayon de soleil et de gaieté dans ma solitude laborieuse.
Nos mœurs, nos conventions sociales ont fait de l'amour un art et une lutte. C'est devenu un sentiment complexe, où il entre un mélange de calcul et d'intérêt, de mensonge et d'hypocrisie. Et la plupart ne savent pas eux-mêmes quand ils sont sincères et quand ils ne le sont pas.
La beauté naît de l'amour.
La femme la plus vertueuse est celle qui répand le plus d'amour et de joie en ce monde.
Je t'aime, j'aime tes yeux, ta bouche, tes cheveux, je t'aime toute, jusqu'au plus léger de tes cils. Si j'étais riche, tu aurais des dentelles, des bijoux, tout le monde t'admirerait... mais je t'aime comme tu es, simple, sans un ruban, avec la robe que je t'ai toujours vue, parce que je serais jaloux des regards même de la foule si tu étais parée.
Méryem était la chose éphémère et jolie, la fleur qu'on cueille au passage et qu'on trouve évanouie le lendemain en s'éveillant. Elle disparaissait des jours, des semaines entières, puis reparaissait sous les mêmes chiffons légers, une mauvaise robe grise qui moulait son corps frêle, ses membres graciles, et sous laquelle ont eût cru voir courir les frisons de sa chair.
Le journalisme mène à tout, à la condition d'en sortir.
Il n'y a que le silence de grand, tout le reste est petit. Faites donc votre œuvre sans bruit, tôt ou tard vous serez récompensé.
Il y a des œuvres qui demandent à être vues deux fois.
En ces temps le médiocre seul, que rien ne révolte, que n'exaspère aucune lâcheté, a toutes les chances de réussir. Il bénéficie des haines et des jalousies, qui s'unissent contre toute originalité, toute indépendance, toute supériorité réelle. Son absence de personnalité lui permet de se plier à tout ; il est l'homme de tous les partis ; notre époque lui appartient, il en est le roi, le triomphateur, l'autocrate. Tout le pousse et le favorise, parce qu'il ne blesse personne. S'il n'est pas quelqu'un, il est quelque chose. Ce qui vaut infiniment mieux, car les hommes ne considèrent que le rang, le pouvoir et les honneurs. À leurs yeux, un individu n'a de valeur que par la situation qu'il occupe, et le plus niais est autrement respecté que le génie. Soyez donc médiocre !
La jalousie de l'amour n'est qu'un sentiment exaspéré de la propriété.
L'homme s'attache bien plus par ce qu'il donne que par ce qu'il reçoit.
Dans la littérature, la lutte pour la vie est plus féroce qu'ailleurs, car elle se complique de la lutte pour la gloire et de tout ce qu'enferme de vanité souffrante le cœur humain. Ainsi, la passion des lettres, la plus noble et la plus haute de toutes, dégénère en une âpre concurrence, où s'aigrissent et s'avilissent les meilleures âmes. Tout le monde aujourd'hui voulant de la gloire, c'est la faillite de la gloire même.
Les uns font leur chemin debout, les autres à plat ventre, et moi je fais le mien assis.
Vous voulez faire du journalisme ? Faites ! cela vous apprendra la vie. Mais ne soyez pas impatient. Les jeunes, aujourd'hui, sont trop pressés. Pour créer, il faut avoir vécu. Vivez donc, prenez du bon temps, jouissez de tout ce qui vous entoure. Et faites votre œuvre, sans vous inquiéter du résultat, le talent a toujours son heure, et le livre la gloire qu'il mérite. Allez, promenez-vous dans la rue en vous persuadant que vous êtres le plus heureux, et vous serez dans la vérité.
L'humanité repousse la vérité et se fâche quand on la lui dit, elle aime à être trompée !
Il faut croire en la vie, se persuader qu'elle est bonne, qu'elle vaut la peine d'être vécue.
Le bonheur n'est pas dans l'ignorance, la paresse et l'illusion, mais dans l'effort quotidien, l'œuvre accomplie, le désir de savoir sans cesse davantage, le libre épanouissement de notre nature.
On n'arrive qu'à force de patience, de ténacité et de persévérance.
Si je ne vaux rien en dix lignes, je vaudrai peut-être quelque chose en cent pages ! Je pousserai mon bouquin jusqu'au bout, quitte à le jeter au feu après si c'est raté, pour en entreprendre un autre. J'en vois qui, à vingt-ans, ont du talent, ils savent écrire. Moi, je suis un esprit lent à se développer, un de ceux qui atteignent tard à leur épanouissement.
J'ai le travail terriblement pénible ; je crains, par moments, d'avoir entrepris une œuvre encore trop au-dessus de mes forces. Pas la moindre virtuosité ! J'ai beau sentir vivement, l'expression ne vient pas, la plus simplement phrase me coûte un effort extraordinaire, c'est désespérant parfois !
La page blanche me fait peur, mais dès que j'ai pris la plume, tout s'en va.
La misère paralyse les faibles, elle est un stimulant pour les forts.
Le sommeil, il n'y a que ça de merveilleux sur terre !
Quel malheur de vivre trop longtemps, de n'être point mort avec les siens, ceux qui sentaient et pensaient comme vous, de vieillir lentement dans ce silence et cette solitude, de voir autour de soi la terre rajeunir et de jeunes gloires apparaître, dédaigneuses du passé !
Rien n'est plus commode que de juger quelqu'un d'un mot, sur l'étiquette. Cela évite la peine d'apprendre, de réfléchir, de raisonner ; cela permet d'approuver, de condamner, sans paraître ignorant. Il vaut mieux n'avoir rien fait, c'est un grand avantage, et dont on peut abuser inconsidérément.
La presse est fantasque, capricieuse, affolée parfois, voilà surtout son défaut. Mais, somme toute, elle fait plus de bien que de mal, et on doit y trouver autant d'honnêteté qu'ailleurs, et peut-être plus de spontanéité généreuse. Si elle n'a pas une réputation meilleure, c'est que leurs journalistes mettent toute leur canaillerie à se salir et à se dévorer les uns les autres. Puis, calomnier la presse, c'est calomnier la littérature, car presque tous les écrivains aujourd'hui font du journalisme.
Chacun aujourd'hui veut écrire, moi, j'estime qu'il vaudrait mieux vivre. Il y a déjà trop de livres ; il en paraît, à Paris, cinquante par semaine qu'on ne lit pas, et qui vont jaunir sur les quais de la Seine.
Je crois qu'on doit réussir en travaillant ; j'ai toujours été un bûcheur. Et qu'importe même si l'on ne réussit pas, l'essentiel est d'avoir donné tout son effort, cela seul est beau.
La plus grosse sottise, placée dans la bouche d'autrui, captive le public !
Tous les prétextes sont bons quand on veut se débarrasser de quelqu'un.
Il faut d'être utile en ce monde pour n'être pas inutilisé.
La vie est large, il y a de la place pour tous.
Sois de ton époque... on parvient de deux manières en ce monde : en brisant tout sur sa route, ou en louvoyant comme les malins. Choisis, selon ton tempérament.
On n'arrive aujourd'hui en ce monde qu'à la condition de tout oser.
Je suis pour la liberté de la presse comme pour toutes les libertés intellectuelles et morales. La presse fait plus de bien que de mal, elle est plus utile que nuisible.
Plutôt le silence, l'éternel soufflet du néant que le succès dû au mensonge et à la lâcheté !
Il est dangereux de s'attaquer au journalisme, qui seul, aujourd'hui, fait vivre l'écrivain, qui établit et détruit les réputations, distribue la gloire ou l'infamie, – puissance telle que les hommes et les évènements n'ont que l'importance qu'elle veut bien leur donner.
La presse, qui dénonce, attaque, flétrit, se donne le droit de relever les abus et les torts de chacun, ne peut prétendre demeurer invulnérable, se soustraire à toute critique. Car elle exercerait un despotisme inacceptable en notre temps et contre lequel un écrivain libre aurait le devoir de s'élever. Elle a, d'ailleurs, bec et ongle pour se défendre, tandis que ses victimes n'ont contre elle que des recours illusoires. Son silence seul peut être mortel.
Il faut aimer la vérité, ne trouver de joie qu'en elle et la dire, quoi qu'il en coûte.
Le talent réduit à lui-même ne suffit pas toujours s'il n'est soutenu par le savoir-faire.
L'action ne vaut que lorsqu'elle s'appuie sur l'idée.
L'esprit brillant abonde ; l'esprit juste, voilà la rareté.
Il faut vivre, vivre tout entier, vivre toute la vie, et plutôt la souffrance, la souffrance seule que le renoncement à ce qu'on a de vivant et d'humain en soi.
Il en coûte moins de rendre hommage aux morts qu'aux vivants, dont la concurrence nous menace.
Il n'y a de meilleure œuvre au monde que de communiquer avec toutes les âmes.
Une femme est souvent plus punie pour ses vertus que pour ses vices.
Le hasard n'a jamais rien créé qu'entre les mains des créateurs.
Un homme fait sa vie, une femme subit la sienne.
Le bien ne fait pas de bruit.
Pour bien écrire, rien n'est tel que d'avoir vraiment quelque chose à dire.
Il y a des gens qui ne savent jamais ce qu'ils veulent, mais qui le veulent avec une indomptable énergie.
La publicité a tué la critique : il faut que tout rapporte.
Le jour n'est pas loin où la presse, en France, sera toute au pouvoir de trafiquants véreux.
La presse, toute puissante maîtresse de l'opinion, est capable de tout bien et de tout mal.
L'impartialité de bien des gens consiste à faire une part égale à l'erreur et à la vérité.
Mieux vaut aimer qu'être aimé ; mieux vaut embêter que d'être embêté.
L'imprévu seul arrive.
On s'illusionne d'abord, on se révolte ensuite, on se résigne enfin.
On détrousse au coin des lois plus sûrement qu'au coin des bois.