Les 81 pensées et citations de Pierre Reverdy :
Le seuil de la mystique, c'est de connaître qu'on ne connaît pas.
On ne saurait être un grand homme si l'on n'admire pas l'homme.
Esprit moqueur, petit esprit ; la moquerie est la fiente de l'esprit critique.
Le rêve est un bain débilitant ; la contemplation est un bain fortifiant.
Le suicide est une stupidité.
La commune mesure des hommes ce sont les petitesses et non pas la grandeur. C'est pourquoi l'on pousse tant en relief les faiblesses qui peuvent rabaisser un peu les plus grands.
Le contemplatif est celui pour qui l'envers vaut plus que l'endroit.
Le propre de l'homme est son inexplicable besoin de merveilleux.
Le rêve, c'est la roue libre de l'esprit.
Penser sans agir n'est pas vivre, mais végéter.
En amour, la femme est plus maîtresse de son désir que l'homme.
Ce n'est pas de liberté qu'on a besoin, mais de n'être enchaîné que par ce qu'on aime.
Qu'un homme soit capable de tourner autour de plusieurs axes, le voilà aussitôt désaxé.
Il n'y a pas d'amour, il n'y a que des preuves d'amour.
Imiter, c'est essayer de se souvenir le plus exactement possible.
Un visage sans intérêt devient tout de suite intrigant sous un masque.
L'esprit se libère par l'abandon de toute initiative, mais il s'amollit.
Un ami, c'est quelqu'un à qui l'on a donné barre sur soi, mais qui doit bien se garder d'en abuser.
L'action qui ne permet pas de retour sur soi-même, unifie.
Il ne peut pas y avoir de christianisme sans amour.
L'homme est une bête féroce par elle-même apprivoisée.
Une ardeur de tempérament excessive nous jette dans une activité sans ordre qui n'est que de l'agitation.
La bravoure est encore le plus beau et le meilleur des masques. Le courage, qui durcit les lignes, les brouille encore mieux, à l'œil qui observe et devant l'esprit qui veut déchiffrer.
La vie n'est qu'une succession de défaites.
La conscience ne s'accommode pas facilement de la notion de liberté. Rien qui nous empêtre davantage, aussitôt qu'elle est engagée. N'en pas avoir est à peu près le seul moyen d'être libre, ou la faire taire avant même qu'elle ait parlé.
Un auteur qui prétendrait n'écrire que pour la postérité serait comme l'enfant qui rêve de suicide pour embêter ses parents : Ils en pleureront bien après. Et l'autre : quelle honte pour ceux qui n'auraient pas su, à temps, l'apprécier. Seulement ceux qui sont de son temps, les responsables, seraient morts aussi bien que lui.
Il y a pour l'âme des aubes et des crépuscules sans nombre chaque jour.
Les hommes de talent sont en général pleins d'eux-mêmes. Ils ne voient qu'eux et leur attention ne se porte guère plus loin que la distance où finit l'atmosphère de succès ou de gloire qui les enveloppe et les isole dans l'espace infini mais insignifiant.
La foi, c'est un cran d'arrêt dans la course à la vérité. Une chose est être avide de foi, une autre être avide de vérité. Je voudrais bien pouvoir croire, disent les uns. Et, s'ils y parviennent, leur crise est terminée. Mais les autres n'en ont jamais fini de chercher et d'attendre dans le tourment.
La morale c'est un bat-flanc de l'esprit pour nous apprendre à ne pas trop ruer dans les brancards.