La débauche sert beaucoup plus à détruire qu'à multiplier les hommes.
Vouloir justifier opiniâtrement une faute reconnue telle, c'est y ajouter une seconde faute.
De toutes les plaisanteries les plus agréables sont celles qui n'annoncent ni fiel ni rancune.
Il n'est pas de véritables douleurs que le temps n'adoucisse.
Il faut s'attendre à être traité comme on a traité les autres.
Que l'éloquence prenne son essor non par d'humbles sentiers, mais en pleins champs, qu'elle ne soit pas comme ces fontaines qu'alimentent d'étroits canaux ; mais que, semblable à de larges fleuves, elle inonde tous les vallons, qu'au besoin même son impétuosité sache se frayer un passage.
La conscience vaut mille témoins.
Un ami vaut un trésor.
Une armée sans chef est comme un navire sans pilote.
On éprouve toujours du plaisir à mesurer le chemin qu'on a fait.
Rien n'anime plus à poursuivre ce qu'on a commencé que de savoir ce qui reste à faire.
On ne trouve jamais long ce dont on aperçoit le terme.
Rien n'est plus choquant que d'être obscur quand on est sensé éclairer les autres.
Il faut demander au-delà de ce qui est juste pour obtenir ce qui est juste.
Le triomphe de l'éloquence est d'émouvoir.
Un menteur doit avoir bonne mémoire.
Qui veut obscurcir la vérité met le faux à la place du vrai.
Un chemin agréable et doux, quoique plus long, fatigue moins qu'un autre plus court, mais rude et triste.
Il n'y a qu'un mauvais pilote qui fasse naufrage en sortant du port.
Savoir dissimuler l'art est le comble de l'art.
La grammaire, indispensable aux enfants, est un délassement pour la vieillesse, et fait le charme de la retraite. De toutes les sciences, c'est peut-être la seule qui ait plus de fond que d'apparence.
Mieux vaut perdre l'occasion d'un bon mot qu'un ami.
Du commencement on peut augurer la fin.
L'art d'écrire correctement est inséparable de l'art de parler correctement.
Trop de travail fait prendre l'élude en aversion.
Le véritable foyer de l'éloquence, c'est l'âme. Il faut qu'elle soit émue, il faut qu'elle se remplisse d'images, et qu'elle s'identifie pour ainsi dire avec les choses dont on a à parler. Plus l'âme est généreuse et élevée, plus il lui faut de puissants leviers pour l'ébranler. C'est pour cela que la louange lui donne plus d'essor, et que la lutte redouble ses forces.
Si vous versez de l'eau trop abondamment dans un vase dont l'embouchure est étroite, rien n'entre ; mais versez-la avec ménagement, ou même goutte à goutte, vous finirez par le remplir. Il faut de même calculer ce que l'esprit des enfants est capable de recevoir, car ce qui excédera leur intelligence n'entrera pas dans leur esprit, pour ainsi dire faute d'ouverture.
L'esprit veut être sans cesse excité, aiguillonné. Il languit dans l'isolement, et se rouille, pour ainsi dire, dans les ténèbres, ou bien il s'enfle d'une vaine présomption.
Un bon maître ne doit jamais se charger d'un nombre d'élèves au-dessus de ses forces.
On peut enseigner à plusieurs à la fois tout ce qu'on a à enseigner à chacun en particulier.
Les enfants ne font que répéter ce qu'ils nous ont entendu dire. Ils sont témoins de nos amours et de nos passions les plus infâmes ; il n'est point de repas qui ne retentisse de propos obscènes ; des choses qu'on n'oserait dire sans rougir sont exposées en spectacle à leurs yeux. Tout cela passe en habitude, et bientôt en nature.
Les impressions que nous recevons dans le premier âge sont les plus profondes. Ainsi un vase conserve toujours l'odeur dont il a été imbu étant neuf, et la laine, une fois teinte, ne recouvre jamais sa blancheur primitive. Mais ce sont surtout les mauvaises impressions qui laissent les traces les plus durables. Le bien se change aisément en mal, mais quand vient-on à bout de changer le mal en bien ? Que l'enfant ne s'accoutume donc pas, si jeune qu'il soit, à un langage qu'il lui faudra désapprendre.
Les esprits stupides et rebelles à toute instruction sont dans l'ordre intellectuel ce que les monstres sont dans l'ordre physique : le nombre en est infiniment petit.
Les ignorants n'ont commerce ni avec les Muses ni avec les Grâces.
Le signe de la perfection est de paraître facile à imiter, et de ne pouvoir l'être.
Notre langage trahit nos mœurs, et découvre le fond de notre âme.
Chacun parle comme il vit.
À force d'écrire on parle mieux, et à force de parler on écrit plus facilement.
Qui veut passer pour habile aux yeux des sots passe pour un sot aux yeux des habiles.
Par l'habitude et l'exercice on acquiert la facilité.
On court en vain si l'on ne sait ni où l'on doit aller, ni par où.
Le plus grand fruit que l'orateur puisse recueillir de ses études c'est la faculté d'improviser.
De bonnes mœurs seront toujours une puissante recommandation.
Quand on doit succomber, quoi qu'on fasse, autant vaut céder de bonne grâce.
On n'est jamais pris au dépourvu quand on a médité avec soin sur toutes les objections probables de sa partie adverse et les réponses qu'on peut y faire.
Rien ne nuit plus à notre jugement que la colère.
Une injure est souvent une raillerie de bon aloi.
Trop de délassement fait contracter l'habitude de l'oisiveté.
Des antécédents honorables et intègres seront toujours une puissante recommandation.
Gardons-nous de cette manie, d'aimer mieux perdre un ami qu'un bon mot.
C'est le cœur, c'est la force du sentiment qui rend éloquent.
Qui paraît sage parmi les sots paraît sot parmi les sages.
L'ambition est un vice qui peut engendrer la vertu.
On écrit l'histoire pour raconter, non pour prouver.