Vivre, c'est stimuler sans cesse son potentiel vital.
Seuls ceux qui possèdent la clé des champs et la clé des songes ouvriront l'école sur une société ouverte.
Si l'enseignement est reçu avec réticence, voire avec répugnance, c'est que le savoir filtré par les programmes scolaires porte la marque d'une blessure ancienne : il a été castré de sa sensualité originelle.
Ce qui rend l'homme plus fort, c'est ce qu'il a de vivant en lui et qu'il a le privilège d'offrir à ses semblables, sans nulle contrepartie.
On est au-dessous de toute espérance de vie tant que l'on reste en deçà de ses capacités.
La plupart des polémiques à la mode ont déjà les relents d'une querelle de bouffons.
Intolérance pour tout acte de violence perpétré à l'encontre d'un enfant, d'une femme, d'un homme.
La foule est un monstre décervelé que la conscience humaine de quelques-uns suffit à abattre.
Dans une société industrielle qui confond travail et productivité, la nécessité de produire a toujours été antagoniste au désir de créer. Que reste-t-il d'étincelle humaine, c'est-à-dire de créativité possible, chez un être tiré du sommeil à six heures chaque matin, cahoté dans les trains de banlieue, assourdi par le fracas des machines, lessivé, bué par les cadences, les gestes privés de sens, le contrôle statistique, et rejeté vers la fin du jour dans les halls de gares, cathédrales de départ pour l'enfer des semaines et l'infime paradis des week-ends, où la foule communie dans la fatigue et l'abrutissement ?
Parler de vie sonne aujourd'hui comme parler de corde dans la maison d'un pendu. Perdue la clé du vouloir-vivre, toutes les portes s'ouvrent sur des tombes.
Rien n'est plus passionnant, plus redoutable que le dialogue avec soi-même. On y est aux prises avec une foule que nulle harangue n'arrive à apaiser, une multitude où chacun vocifère ou, pire, se tait. C'est une solitude harassante. Plénitude et vacuité s'y conjuguent dans le magma froid et ardent où la conscience fraie son chemin entre peines et plaisirs.
Se protéger contre un danger sans créer les conditions qui l'éradiquent, c'est combattre la peur par une peur plus grande : le marché de l'insécurité ne procède pas autrement.
Il existe un bonheur qui arrive quand on n'a plus besoin de le solliciter, parce qu'on en est venu à oublier combien il fut intensément voulu.
L'alcool possède le privilège d'ensorceler l'esprit le plus lucide. Grâce à lui, le mur bétonné de l'isolement semble un mur de papier que les acteurs déchirent selon leur fantaisie, car l'alcool dispose tout sur un plan théâtral intime. Illusion généreuse et qui tue d'autant plus sûrement.
Le monde et l'homme comme représentation puent la charogne et nul dieu n'est présent désormais pour changer les charniers en parterre de muguet.
La machine du profit fait de la planète une colonie pénitentiaire, un camp d'extermination géré démocratiquement où bourreaux et tortionnaires sont interchangeables et travaillent à leur anéantissement programmé.
Les hommes ne se distinguent pas par leur intellectualité mais par leur humanité et la conscience qu'elle leur inspire. La plupart se transmettent, de génération en génération, des banalités ressassées sans fin.
Qu'est-ce que la volonté de vivre ? – Un ogre qui donne la vie à ce qu'il dévore, un prédateur qui s'empare d'un bien pour l'offrir au centuple, un cyclope forgeant son bonheur pour le bonheur de tous, un génie tout-puissant dans un flacon de parfum bon marché.
J'aimerais que soit gravée au fronton des écoles - et qu'elle ne s'efface qu'une fois gravée dans les cœurs - l'inscription : Ne vous sacrifiez à rien ni à personne ! Apprenez à être heureux car le bonheur d'un seul est inséparable du bonheur de tous !
L'amour de soi s'ouvre à l'amour des autres en frayant en chacun l'intime chemin qui mène, pour le meilleur et non pour le pire, au cœur des destinées. Il y a un bonheur de la création qui ne s'atteint vraiment que dans la création du bonheur de tous.
Le goût est une adéquation entre la saveur et son moment. Il se règle dans un affrontement entre le temps du plaisir, ramassé en intensité, et la durée qui se perd en calculant ses heures.
La paresse est le mouvement naturel du corps qui se tend et se détend avec un soupir extatique en s'allongeant sous la couette, la respiration qui vivifie le créateur. Elle court toutes les saisons, souterraine chaleur d'une hibernation où se fomente avec nonchalance la création du printemps.
Rien ne me consolerait de ne pas tenter le possible et l'impossible pour imprimer à l'instant qui se dérobe la courbe d'un désir.
Résignez-vous donc au parti pris de bêtise qu'implique l'état grégaire, car je ne vois pour éduquer une classe de trente élèves que la férule ou la ruse.
Au royaume du désespoir, la lucidité aveugle à l'égal du mensonge.
La paresse est un acte de guerre contre le travail.
La paresse est l'antichambre de la mort.
La connaissance du monde sans la conscience des désirs de vie est une connaissance morte.
L'obligation de produire aliène la passion de créer.
Tant va la vie au désespoir qu'à la fin elle s'y noie.
L'amour engrosse l'illusion d'unité, et ce ne sont la plupart du temps qu'avortements et foutaises.
La barque de l'amour se brise contre la vie courante.
La créativité est à l'espèce humaine ce que le travail est à l'homme aliéné.
Aux hommes et aux peuples, il suffit de faire avaler des couleuvres pour qu'ils chient des vipères.
Ce qui est désiré du fond du cœur tend vers l'accomplissement.
Tous les êtres sont ensemble bien que chacun d'eux reste séparé.
Ne te compare à rien ni à personne, tout être est unique.
Le passé m'indiffère dès l'instant où je ne le choisis pas. Je parle aujourd'hui.
Rien ne tue plus sûrement que de se contenter de survivre.
Apprendre sans désir, c'est désapprendre à désirer.
Le désespoir est la maladie infantile des révolutionnaires de la vie quotidienne.
Souvent, le faible accord scellé dans une poignée de main, le regard le dément.
Ce qui s'enseigne par la peur rend le savoir craintif.
Juger empêche de comprendre pour corriger.
Tolérer toutes les idées n'est pas les cautionner.
Qui apprend à s'aimer n'a pas besoin de leçon pour aimer les autres.
Les hommes mettent à mal ce qu'il y a de plus beau, de plus précieux en eux et dans le monde.
Il est temps que le « non » à l'oppression s'inscrive dans le sillage du « oui » à la vie.
Il n'y a ni bon ni mauvais usage de la liberté d'expression, il n'en existe qu'un usage insuffisant.
Le riche est aujourd'hui celui qui possède le plus grand nombre d'objets pauvres.
Être propriétaire, c'est s'arroger un bien de la jouissance duquel on exclut les autres.
La vie ne vaut rien mais une vie perdue vaut de l'argent : voilà la philosophie des affaires.
Qui ne fait rien de sa force de vie travaille à la détruire.
La femme est le ventre rond du monde.
Créer selon l'humain, c'est affiner la vie afin qu'elle se recrée sans relâche.
Il n'y a de communautaire que l'illusion d'être ensemble.
Notre richesse est dans l'inventivité. En elle réside la naissance de notre force, celle qui brisera le mouvement de paupérisation des sociétés et des consciences.
La jouissance est l'antidote de la douleur.
La création de soi est l'axe de toute création artistique.
Un artiste sommeille en chacun de nous.
Quand la création se délasse, elle se contemple.
Veille à ce que l'ennemi que tu combats ne soit déjà en toi !
Que personne ne s'avise de te donner des ordres !
Bannis de ton entourage quiconque use de mépris et d'arrogance.
Ne prends la mesure ni des autres ni de toi-même : Aucune vie ne se calcule.
Les citations sont un hommage de la désinvolture à la paresse.
La vie qualifie, la survie quantifie.
La qualité l'emporte sur le nombre.
L'intention fraie le chemin du désir.
Désire tout, n'attends rien.
L'obscurantisme a toujours été le mode d'éclairage du pouvoir.
Le bonheur qui se propage éloigne l'infortune.