Les citations de Sully Prudhomme.

1 - Qui est Sully Prudhomme ?

Photo / portrait de Sully Prudhomme Biographie courte : Poète et écrivain français né le 16 mars 1839 à Paris, René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme est décédé le 6 septembre 1907 à Châtenay-Malabry dans le département des Hauts-de-Seine en région Île-de-France. Il fut le premier écrivain à recevoir le prix Nobel de littérature, le 10 décembre 1901. (Sully Prudhomme sur Wikipédia)

2 - Ce dictionnaire vous propose 84 citations et pensées de Sully Prudhomme :

L'immortalité, l'âme de ceux qu'on aime, c'est l'essence du bien, du beau, du vrai, Dieu même, et ceux-là seuls sont morts qui n'ont rien laissé d'eux.

Sully Prudhomme - Le Zénith (1878)

Un dieu s'empare de mes facultés et les fait jouer à son gré pendant mon sommeil ; ma tête loge un hôte qui s'amuse comme un enfant dans un atelier, à pousser tous les ressorts au hasard !

Sully Prudhomme - Journal intime, le 20 octobre 1862.

Le déjeuner de famille est un plaisir pour moi ; il y a de la vie, de la chaleur, et tout cela sur le fond solide et touchant de l'affection vraie. Que la famille est douce, pure, sainte ! oh ! sainte est le mot ; certains mots, vagues pour l'esprit, satisfont le cœur à merveille.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 5 octobre 1862.

L'élégance est aisée, elle est le geste d'une âme d'élite. Elle ne s'apprend pas, elle est spontanée, toutefois elle se connaît, et en cela elle confine au goût. Aussi n'y a-t-il pas loin de l'élégance à la recherche. La recherche peut encore être élégante, mais où commence l'affectation, l'élégance finit.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 4 juillet 1868.

À cinq ans on enfourche un bâton comme si c'était de l'équitation ; à dix-huit ans on embrasse une fille, comme si c'était de l'amour ; à trente ans on se marie, comme si c'était du bonheur ; à quarante on cherche des places, comme si c'était de l'honneur ; puis un jour vient où l'on meurt, comme si l'on avait vécu.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 22 juin 1868.

Le seul avantage d'un journal intime est de permettre à la plume une entière sincérité, ou plutôt une entière spontanéité. La sincérité est la condition première de toute production de l'esprit, à mes yeux du moins. N'être pas sincère, c'est gâter le plaisir de suivre au dehors la fortune de sa pensée, ce qui est la seule joie véritable d'un écrivain digne de ce nom.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 14 juin 1868.

Il y a dans les souvenirs une odeur de tombe ; oui, il y a l'odeur du passé, odeur vague et fade de vieille poussière qui me jette dans une ivresse lourde, pleine de larmes qui ne peuvent tout à fait couler.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 14 juin 1868.

Le sourire est susceptible d'une multitude de significations. On peut tout exprimer par le sourire, excepté peut-être la colère ; mais de l'indignation à l'amour, en passant par le mépris, le sourire peut rendre toutes les affections de l'âme.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 6 février 1864.

Personne n'est plus attaché à un principe vrai ou faux que l'homme ignorant ; incapable de saisir les nuances qui lient le principe à la pratique par des modifications actuellement nécessaires, il plante d'emblée un système au cœur de la vie : or la vie est toute habitude et transaction ; elle est faite de compromis entre nos besoins et nos maximes.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 6 février 1864.

Les heures passent avec une étonnante rapidité dans les rêveries.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 1er février 1864.

L'estime que les hommes nous inspirent peut se mesurer à la qualité de nos confidences. Nous ne serons pas toujours francs à l'égard des meilleurs, car on peut être réservé pour deux causes : Soit qu'on craigne de se blesser soi-même en se heurtant à la grossièreté des sentiments, soit qu'au contraire on craigne en avouant certaines fautes de ternir la fraîcheur d'une amitié fondée sur des sentiments élevés.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 31 janvier 1864.

L'irrésolution est un dissolvant de la volonté qui la rend fluide et propre à tous canaux. La vie de l'irrésolu est à tous, tout le monde vit pour lui, à sa place, il est mollement malheureux, mollement heureux, annulé.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 30 janvier 1864.

Quand on a approfondi une question philosophique, il faut, en quelque sorte, se reculer comme le peintre et regarder ce qu'on a produit. Le président de l'intelligence prononce alors si elle a bien opéré ; ce président secret, c'est le centre de gravité du système des facultés intellectuelles, je ne le connais pas, je le sens et je le consulte, on le nomme Le bon sens.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 30 janvier 1864.

Le bon sens est la dose minime, mais suffisante de véracité que la nature pour les besoins de la vie, pour la subsistance du sujet, a mise dans l'intelligence. Il fallait au moins que l'esprit eût la certitude jusqu'à un certain degré pour être un instrument utile, comme il fallait que les jambes fussent capables d'un certain écart pour la marche ; sinon, pourquoi un esprit ? Le bon sens donne donc la mesure de véracité octroyée à l'esprit humain par la nature pour la solution des premiers problèmes de la vie. Les philosophes ont forcé le bon sens à un travail qui le détériore et l'émousse et il y a certainement le même rapport entre un homme de bon sens et un métaphysicien qu'entre un bon marcheur et un acrobate. Nos esprits sont des acrobates moraux qui font sourire l'infini, comme le soleil rit du tremplin.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 30 janvier 1864.

J'ai cédé aux instances d'un ami par crainte de lui déplaire, je ne sais pas dire non, je cherche un biais, j'allègue un devoir, une fatigue, je m'esquive. Cette pusillanimité est le résultat de la fausse opinion sur l'impression que laisse un refus. J'ai remarqué que les hommes francs et rudes blessent moins qu'ils n'intimident ; ils font ce qu'ils veulent sans se nuire dans le cœur des importuns ; on aime la sincérité dans le refus, on y préfère la résistance droite à la feinte oblique ; les défaites ont quelque chose de faux et de vil qui est mal accueilli. Vice à corriger.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 29 janvier 1864.

Le style ne peut valoir mieux que la pensée, car il tient tout d'elle, n'existant que par elle et pour elle. Tout ornement qui n'est pas délicatesse d'idée ou de sentiment, que peut-il être ? Une excroissance, un parasite agréable, mais indiscret. Il est vrai que par un long usage, une sorte d'habitude acquise par l'oreille, les mots ont une vertu propre, comme la gamme, par leur assemblage, et peuvent plaire à un sens qui s'est créé en nous et qu'on peut confondre avec ce qu'on nomme le génie de la langue. Ce sens nouveau est bien curieux ; il est affecté à la musique des langues, à ce point que de bons poètes sont de détestables musiciens.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 28 janvier 1864.

Je souhaite d'être un ange pour être capable d'une félicité divine.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 19 février 1863.

Les hommes passent, vont et viennent autour de moi, pareils à des ombres colorées et sonores : je ne parviens même plus à me saisir moi-même par la conscience ; je suis comme un être libre flottant paralysé sur une mer fatale, toutes les influences se jouent de ma volonté, je dis : À quoi bon ? Le mot Dieu ne signifie plus rien à mon esprit. Il existe à deux pas de moi, pour des hommes grossiers, des félicités qui dépassent mon ambition : ainsi posséder une femme aimante, bonne, oh ! bonne, c'est-à-dire pleine de pitié pour ces douleurs inexprimables qui sont dans le cœur sans que la bouche ait trouvé leur nom. Et cette femme souffre, elle que je saurais consoler à mon tour par une délicate adoration.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 19 février 1863.

Il faut savoir se dire : Tu ne peux pas, tu ne dois pas.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 19 février 1863.

Qui élève son cœur élève son ambition, et celui-là est perdu.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 10 novembre 1862.

Il m'arrive parfois de ne pas dire la vérité quand il ne s'agit que de mes propres affaires et que la vérité ne serait qu'une satisfaction donnée à la curiosité ; je prétends n'avoir d'autre juge de mes actions que ma conscience ; je ne dois la vérité qu'à elle en ce qui regarde les actes de ma vie qui ne réfléchissent sur personne. Je m'explique ainsi pourquoi je suis si franc ou si faux selon la matière.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 10 novembre 1862.

Le principe vraiment libéral qui régit la question de l'éducation est, selon moi, le suivant : Développer et fortifier les facultés indépendamment de leur matière ; n'imposer que des connaissances qui s'acquièrent scientifiquement ; pour les autres, écouter le cœur de l'élève, surprendre les besoins naturels de la sensibilité morale et y satisfaire en leur donnant le seul aliment que les instincts désignent ; en un mot, enseigner ce qui est certain, rendre apte à la connaissance de l'incertain. On doit respecter le doute, car il n'est pas l'erreur. Il est comme le salut de l'intelligence dans l'océan des doctrines.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 9 novembre 1862.

Les jours coulent et je ne crée rien... j'espère que je mûris ma pensée ; là est ma seule consolation.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 28 octobre 1862.

Mémoire déplorable ; je n'en ai point ; la logique est toute ma mémoire ; si je ne suis pas en état de raisonner, je ne sais plus rien !

Sully Prudhomme - Journal intime, le 28 octobre 1862.

Il faut jouir du présent, pourvu que le présent offre des jouissances !

Sully Prudhomme - Journal intime, le 24 octobre 1862.

D'où vient aux femmes leur facilité de parole ? De la vanité du sujet ou d'une qualité oratoire ? Leur corps plus fin, plus achevé est aussi un organe d'expression plus déliée et plus juste.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 24 octobre 1862.

Je suis le captif des mille êtres que j'aime.

Sully Prudhomme - Stances et poèmes, Les chaînes (1865)

L'ennui décolore tout ce qu'il touche.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 24 octobre 1862.

Faire des courses, ce sont mes récréations ; j'aime à traîner mon rêve sur le pavé, les mains dans les poches comme un pauvre.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 24 octobre 1862.

La poésie doit passer par la bouche d'une femme comme la rosée doit couler d'un calice ; la voix pure et tendre de la femme en est la vraie musique.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 22 octobre 1862.

Ma bonne mère, je l'embrasse avec une joie incroyable ; la bonté est tout le prix de l'âme ; une mère est douce au cœur comme un oreiller au front ; on ne sent pas l'oreiller, il soutient en cédant, il est tout baiser.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 22 octobre 1862.

Le génie créateur, on reconnaît qu'on le possède quand on ne peut lire les belles choses sans jalousie, sans entendre le dieu qui crie du fond du cœur : Et moi aussi ! — C'est pourquoi le métier du critique qui prend son parti de la stérilité m'est odieux.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 22 octobre 1862.

Ce qu'on nomme les manières, quand elles sont naturelles, ce sont les gestes de l'âme, elles la rendent extérieure.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 22 octobre 1862.

Le cœur est incorruptible ; il est diamant et sensitive à la fois. Deux manières de jouir de l'amour : solliciter par une tendresse ingénieuse et pénétrante les touches les plus délicates de la volupté et de la passion, ou bien jeter à la porte la personne qu'on adore, et l'écouter qui pleure, sanglote et supplie, et rester muet, sans pitié... sans pitié ! oh ! non, mais ravi d'être aimé, brûlant de l'amour qu'on dissimule pour mieux le répandre tout à l'heure.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 21 octobre 1862.

Pourquoi mon ami ne m'écrit-il pas ? Il faudrait préparer le papier, choisir la plume, chercher des choses agréables... Je suis de même ; la paresse est plus forte que l'amitié, elle n'est vaincue que par l'amour.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 21 octobre 1862.

La musique est le plus élevé des arts ; elle ne formule pas la pensée, elle en est comme la substance pure. C'est par elle que nous nous rapprochons de Dieu ; elle fait bien comprendre qu'il existe un monde supérieur, une félicité, ce qu'on nomme un ciel... Quel dégoût elle donne du travail et de la vie !

Sully Prudhomme - Journal intime, le 18 octobre 1862.

Le passé d'une femme est la racine de la fleur ; la racine plonge dans la boue, cependant vous portez la fleur à vos lèvres. Qui s'avise de chercher ce qui se passe sous la terre ? Moi je le cherche.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 18 octobre 1862.

L'amitié avec une femme m'est impossible, la femme n'est bonne qu'à l'amour ; elle ne nous dit rien qui vaille sur Dieu ni sur la nature ; un ami qui ne m'entretient pas de ces choses ne me sert de rien.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 18 octobre 1862.

On devrait être économe de sa vie, et ne l'employer qu'à des études utiles pour l'esprit.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 18 octobre 1862.

Ma mère m'est nécessaire comme mon cœur.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 16 octobre 1862.

Le comble de la misère de l'homme, c'est la crainte de ce qui pourrait le délivrer de sa misère, la crainte de la mort. On ne peut penser à la vraie douleur sans frémir ; ainsi n'avoir pas d'amis au milieu d'une grande ville très animée, avoir faim, avoir froid, être malade et seul... Et Dieu absent, muet. Nous nous réclamons toujours de quelqu'un, nous nous plaignons, nous souffrons en enfants gâtés ; mais être seul aux prises avec l'inexorable et brutale misère, je ne l'imagine pas... Bénigne mélancolie de poète ! tout est médiocre en moi, jusqu'au malheur.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 13 octobre 1862.

Devant Saint-Eustache, coup de soleil dans mon âme : Ô vous tous, hommes, je vous aime ; le bonheur est possible, il est ! Ces crises de joie me durent une minute au plus, le temps de plonger la tête dans l'eau rafraîchissante et de l'en retirer, le temps qu'il faut à l'espérance pour passer d'un coup d'aile à travers la nuit de la pensée, et fuir.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 13 octobre 1862.

Limite de ce qu'on peut dire à une femme honnête ; on peut tout faire entendre, on ne peut pas tout dire ; les mots ont une vertu propre, une enseigne indépendante de leur sens.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 12 octobre 1862.

Lecture de mes vers, mon supplice ; lire des vers dans un salon m'a toujours paru prétentieux. Un livre est une confidence qu'on dit tout bas à l'oreille du lecteur ; la lecture publique est impertinente, impudique. Confier tout bas son cœur à vingt personnes, ce n'est pas la même chose que de le leur livrer tout haut ; on voudrait qu'elles ne pussent pas se communiquer leurs impressions. Tous les poètes ont senti cela, du moins à leur début ; plus tard, il paraît qu'on perd toute vergogne et que la nudité ne coûte plus.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 12 octobre 1862.

Où l'on voit, avec qui l'on voit, ce qu'on voit ; quand ces trois conditions sont bonnes, le plaisir est suprême.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 12 octobre 1862.

Une causerie est délicieuse quand on parle pour se faire valoir et que l'on écoute pour flatter ; on se caresse mutuellement l'amour-propre ; une bonne et sincère causerie est, en outre, consolante et fortifiante par la sympathie.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 12 octobre 1862.

Sympathiser, c'est sentir de même, c'est se liguer contre les mêmes douleurs et doubler la coupe où l'on respire les mêmes joies ; c'est, au fond, n'être pas seul, et - cela dit tout.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 12 octobre 1862.

L'amour contient un infini désir de rendre l'être aimé heureux, c'est là toute sa dignité.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 11 octobre 1862.

Les amants sont aussi heureux de la volupté qu'ils donnent que de celle qu'ils reçoivent.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 11 octobre 1862.

Le temps est d'une essence insaisissable, je m'y noie.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 9 octobre 1862.

Les femmes sont ravies des vers qu'on leur adresse, ou mieux, elles sont ravies qu'on leur adresse des vers, car il n'est pas essentiel qu'elles les comprennent.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 9 octobre 1862.

Il n'est ni poète ni artiste celui qui parle de la volupté sans tristesse.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 9 octobre 1862.

La tristesse est moins la marque d'un vrai génie que l'effet de la fatigue sur un esprit médiocre. — Je suis triste. Je n'ai de valeur que par ma curiosité. Je cherche, je cherche, et enfin je rencontre.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 8 octobre 1862.

Être profond sans le savoir, voilà le vrai génie qui ne se travaille pas soi-même et qui voit sans froncer les sourcils. Cette intuition inconsciente est tout simplement le jeu naturel d'un bon esprit ; l'effort de l'attention ne s'y remarque pas.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 8 octobre 1862.

La justice est l'amour guidé par la lumière.

Sully Prudhomme - La justice (1878)

Le présent n'est qu'un feu de joie qui s'écroule à peine amassé.

Sully Prudhomme - Stances et poèmes, Ô mémoire qui joins à l'heure (1865)

On appelle « s'oublier » reprendre son naturel.

Sully Prudhomme - Le bonheur (1888)

Il se dépense une somme prodigieuse de savoir et de génie dans des travaux sans gloire. Pour briller parmi les hommes il faut s'attaquer hardiment à ce qui passe pour inaccessible ; une pièce de vers peut vous donner plus de lustre qu'un magnifique plaidoyer. L'ambitieux sera misérable ou célèbre, parce qu'il entreprend une œuvre qui est surhumaine, à laquelle il ne peut atteindre ou qui l'élève au-dessus de tous.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 8 octobre 1862.

La volupté ne cherche pas toujours le beau, l'étrange dans la forme lui convient.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 8 octobre 1862.

J'ai quelque chose en moi qui me vaut la sympathie de plusieurs. Ne serait-ce pas la souplesse de mon humeur que je modèle volontiers sur celle des gens, comme un Jésuite ? Personne ne me connaît, je ne me livre qu'avec peine, de peur de froisser mon cœur contre des natures sèches ou vaines ; confier un sentiment à un homme froid, c'est jeter la fleur sur le pavé, la confier à un homme léger, c'est la jeter dans le vide.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 8 octobre 1862.

La prudence dans la charité ressemble à la réserve dans l'amour, c'en est la négation.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 8 octobre 1862.

L'amitié est la vraie bonne chose ; j'ai des amis rares, je les chéris.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 6 octobre 1862.

J'ai éprouvé que quand un homme a du succès, les jaloux sont les plus fervents à le féliciter ; ainsi la bassesse de la jalousie se trahit toujours soit par la réserve dépitée, soit par les empressements serviles. L'orgueil ne craint rien tant que de paraître jaloux.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 5 octobre 1862.

Jeunes filles : J'ai senti le charme de la pudeur, elle fait le prix des voluptés. La rougeur, l'ignorance, ce sont les grâces de la vertu ; qui sait en jouir jouit de la vertu dans la beauté. Suprêmes délices.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 5 octobre 1862.

Le bonheur de ma sœur, que je ressens, m'apprend combien je l'aime.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 3 octobre 1862.

On connaît toujours trop les causes de sa peine, mais on cherche parfois celles de son plaisir.

Sully Prudhomme - Les solitudes, Les joies sans causes (1869)

À vingt ans on a l'œil difficile et très fier : on ne regarde pas la première venue, mais la plus belle ! Et, plein d'une extase ingénue, on prend pour de l'amour le désir né d'hier.

Sully Prudhomme - Les solitudes, Sonnet (1869)

La philosophie pratique consiste moins dans la recherche du bonheur que dans l'art de s'en passer.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 31 janvier 1869.

Mon désir du bonheur s'engourdit sous un ciel brumeux, comme le serpent dans une cage ; mais quelle imprudence de le porter au soleil ! Il s'y dégourdit et rampe jusqu'à mon cœur pour le mordre encore.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 31 janvier 1869.

J'ai remarqué que les gens doués de mémoire ont peu de sensibilité. Cela s'explique, les cœurs très vulnérables vivent de deux ou trois souvenirs qui rendent tous les autres insignifiants ; ils soignent ou irritent leurs blessures, et le reste du monde ne les intéresse pas.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 13 juillet 1868.

Il m'arrive de désavouer le lendemain ce que j'ai écrit le soir précédent ; je ne pense pas à la lumière de la lampe comme au soleil, la nuit renouvelle mon être ; les espérances remontent à flot, les couleurs de mon imagination s'éclaircissent ; il s'opère une réconciliation de mon cœur avec la vie, mais cette douceur ne dure pas ; la crise arrive toujours.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 13 juillet 1868.

Quand on commence à aimer la femme pour sa bonté, c'est signe qu'on vieillit, mais c'est en même temps la consolation de vieillir.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 6 juillet 1868.

Quand une femme est moins belle qu'une autre, elle ne peut pas interpréter favorablement son infériorité. Le génie même est moins écrasant pour la médiocrité que la beauté pour la laideur. Pauvres laides !

Sully Prudhomme - Journal intime, le 4 juillet 1868.

La conscience de l'art, comme celle du bien, est à soi-même sa récompense.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 5 juillet 1868.

D'où vient que le mot fat n'a pas de féminin ? On dit d'un homme qu'il est fat, on ne saurait le dire d'une femme. Ce qui sauve la femme de ce défaut c'est peut-être qu'elle peut mettre de la grâce jusque dans la suffisance.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 4 juillet 1868.

S'amuser, mot profond, toute la misère de l'homme y est. Dans un monde heureux l'idée du plaisir ne naîtrait jamais, le bonheur serait la vie même.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 25 juin 1868.

J'ai joui aujourd'hui d'une lucidité d'esprit qui ne m'est pas ordinaire. J'ai vu clair dans les lointains de ma pensée, et j'ai goûté l'inexprimable sans obscurité, suprêmes délices de la philosophie.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 22 juin 1868.

Renaissance au travail, c'est-à-dire à la force, à la joie intime, au seul bonheur inviolable, à la dignité.

Sully Prudhomme - Journal intime, le 17 juillet 1868.

Père avare d'amour n'est père qu'à moitié.

Sully Prudhomme - Stances et poèmes, L'humanité fragile (1865)

La musique double la vie.

Sully Prudhomme - Le bonheur (1888)

On a dans l'âme une tendresse où tremblent toutes les douleurs, et c'est parfois une caresse qui trouble, et fait germer les pleurs.

Sully Prudhomme - Stances et poèmes, Rosées (1865)

La tombe ferme un ciel pour en ouvrir un autre.

Sully Prudhomme - Le bonheur (1888)

Que de fois la mère partage et ne garde pas sa moitié !

Sully Prudhomme - Les vaines tendresses (1875)

Que de jeunesse emporte l'heure qui n'en rapporte jamais rien ! Pourtant quelque chose demeure : Je t'aime avec mon coeur ancien.

Sully Prudhomme - Ce qui dure (1875)

3 - La liste des auteurs populaires :

Le dictionnaire des meilleurs auteurs français et étrangers »
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