Les 77 pensées et citations de Reynaud de Montlosier :
Une chaleur douce et égale dans un couple anime tous les instants de la vie.
L'esprit a, tout comme le corps, sa maladresse et ses gaucheries.
L'homme se noie bien souvent par la peur de se noyer.
Ce n'est pas la mort qui est violente, c'est la vie. La douleur entre avec nous au berceau, et elle ne nous quitte plus.
Le sommeil nous repose de la fatigue de l'état de veille, et la mort de l'état fatigant de la vie.
La religion enseigne plutôt qu'elle n'explique. En commandant des croyances qu'elle ne définit pas, elle enchaîne la soumission plutôt qu'elle n'apporte des lumières. Elle s'acquitte envers la morale plus qu'elle ne satisfait à la raison.
L'homme impérieux et obstiné est craint et repoussé de tous.
La résignation nous soumet à la douleur quand elle est arrivée ; quelque puissance qu'on suppose à l'habitude et au talent, l'homme le plus leste ne peut échapper à la loi de la gravitation que jusqu'à un certain degré ; l'homme le plus fort ne peut échapper à l'ascendant des événements. Rien n'est plus pitoyable que des efforts impuissants contre des maux inévitables.
Dans l'éloignement d'un être chéri, ce n'est pas la société qui console, c'est la solitude.
On peut être seul au milieu du monde, on peut être en société dans une profonde solitude.
Les éclairs de la nuit ne valent pas la lumière du jour.
Un fonds d'ennui parsemé de plaisirs, telle est la vie du monde.
La lecture a été créée pour exercer l'esprit, à défaut d'idées.
La mort est la cessation des mouvements du cœur, et l'ennui en est le ralentissement.
Ce qui fait que le cœur bat trop vite fait qu'il battra moins longtemps.
À force de vouloir être heureux, on devient malheureux.
L'homme qui veut parvenir au but bien souvent s'en éloigne sans cesse.
Il y a du bonheur à être près de son ami, la présence cimente l'union.
L'homme aime à s'associer à ses semblables, il lui faut des compagnons pour ses plaisirs.
Le chien qui a perdu son maître gémit comme l'agneau qui a perdu sa mère.
La coexistence est forte entre deux amis lorsque tous leurs sentiments sont confondus.
Le véritable bonheur est dans la médiocrité.
Qui ne dépense pas ce qu'il a n'est pas riche ; qui dépense plus qu'il n'a est pauvre.
La violence est la défense de l'homme faible quand il est atteint.
La rudesse est presque toujours une enveloppe que se donne l'instinct de notre faiblesse ; elle est une arme de l'homme faible pour ne pas se laisser atteindre.
Si le bonheur se trouve quelque part, c'est dans l'état de famille. Comme mère, comme sœur, comme fille et comme épouse, les soins d'une femme aimante nous suivent de l'enfance à l'adolescence, de l'adolescence à l'âge mûr, et de l'âge mûr à la caducité.
Dans l'amour malheureux où l'âme poursuit sans cesse une chimère qui lui échappe ou un objet réel qui la repousse, l'âme a beau s'exhaler, tantôt par les prières, tantôt par les plaintes, elle ne reçoit rien ; l'âme s'épuise ainsi peu à peu, et si le délire se prolonge elle se consume.
L'amour heureux où l'âme s'exhale et se renouvelle sans cesse, est la plus intime comme la plus entière de nos communications.
Pendant quelque temps donner sans recevoir peut convenir à la générosité ; recevoir sans donner peut plaire à l'égoïsme ; mais à la fin, donner sans recevoir épuise et lasse, et recevoir sans donner charge et importune.
Le bonheur est le flux et le reflux du donner et du recevoir.