Sourire, c'est parfois montrer que l'on n'est pas si sérieux qu'il semble, c'est atténuer les reproches, assurer une communion spirituelle que l'homme trop sérieux ne connaît pas. Sourire, c'est parfois détourner autrui du monde compact des intérêts pour l'appeler à une communion dans le non-sérieux.
La plaisanterie est un lien social ; elle continue le sourire, ce vestibule de l'humain.
Un vrai salaud ne se contredit pas, il se recoupe, et c'est tout différent. Sa sincérité est un bel édifice où l'improvisation peut laisser quelques pailles qu'un peu d'art camoufle, mais qu'il faut beaucoup de flair pour mettre à jour. La sincérité d'un honnête homme est, comme le nid d'une pie, fait de pièces et de morceaux, de petits bouts de mensonges piqués çà et là au hasard de l'existence. On la démolit facilement, alors qu'il faut toute l'habileté et toute l'obstination d'un policier professionnel pour venir à bout de l'autre.
Croire à ses propres mensonges, c'est cela qu'on appelle la sincérité. C'est une des choses du monde les mieux partagées. On entend tous les jours de fieffées canailles faire leur apologie avec une sincérité qui n'est pas feinte. La sincérité d'un honnête homme ne lui est pas supérieure en qualité.
La seule différence entre ce qu'on appelle un homme véridique et ce qu'on appelle un menteur, c'est que le premier ment comme il respire, naturellement et sans savoir, alors que les mensonges du second portent la marque d'un effort créateur. Ils sont plus construits, plus cohérents, et certainement plus efficaces.
Il y a toujours une certaine méchanceté à rire de quelqu'un et la méchanceté est bien le signe le plus évident d'impuissance que je connaisse.
Il vaut mieux rester à son compte qu'être aux gages de quelqu'un.
J'ai pris l'habitude de ne compter que sur moi pour faire mon bonheur.
Un bon ouvrier ne se plaint pas de ses outils.
Le surnaturel est ce qui n'est pas naturel, mais que votre curé trouve naturel.
On ne peut pas tout savoir, la vie est trop courte.
J'éprouvais pour elle l'amour fou et désespéré du ver de terre pour l'étoile.
L'amour est une flamme qui dure ou qui ne dure pas, peu importe, car toute sa réalité est dans son présent, mais c'est une flamme qui se consume. Elle éclaire le monde d'une lumière étrange et magique qui change les reliefs et métamorphose les perspectives. Sa vérité se suffit à elle-même.
On ne donne vraiment qu'à fonds perdus.
L'homme est le seul animal capable de donner délibérément, mais il ne s'est jamais affranchi des réflexes du chien qui ronge et enterre son os. Pour qu'il accepte de lâcher l'os qu'il tient, il faut qu'on lui en offre un plus gros en échange.
Chaque fois qu'on rit, on réveille le diable.
Une demi-science est pire que pas de science du tout.
Il est dangereux de prendre pour de la culture le vernis qui dissimule l'imbécile ou le rustre.
L'amour exige, l'amitié tient ; l'amour affirme, engage, entraîne, l'amitié attend.
La sincérité, c'est le projecteur sous lequel on prend des poses. La franchise, c'est l'éclair de flash qui fixe la vérité d'un instant sans prétention d'en faire un tableau.
La lecture est la forme la plus haute de la paresse.
Perdre son temps avec soi-même est aussi une manière de s'aimer.
Bien vivre, c'est avoir de la mémoire.
Aimer d'amour, c'est partir à la conquête des étoiles tout risquer pour un embrasement du ciel.
L'enfant, c'est le fruit du péché, le prix de la luxure.
Les dieux, ça ne dure pas assez ; regarde celui des chrétiens : Il n'a pas deux mille ans et il commence déjà à donner des signes de fatigue.
Ne pas mentir, c'est dire ce qu'on sait, non ce qu'on croit savoir.
L'humour est l'unique remède qui dénoue les nerfs du monde sans l'endormir.
Chacun a d'égales richesses, mais elles ne sont pas du même ordre.
Le travail est l'allié de la paresse dès qu'il est motivé.