L'homme oscille tout le temps entre deux envoûtements et deux risques : d'un côté, l'enivrement du cœur et les souffrances que l'on doit en attendre ; de l'autre, la quiétude de la raison, mais l'ennui qui dissout toute vie inactive.
Les cœurs blessés portent le deuil éternel de leurs illusions perdues.
Le bonheur ne doit pas dépasser les bornes de la condition humaine : il est absurde qu'un homme convoite la félicité d'un dieu. Jamais l'âme ne doit s'aliéner aux passions qui l'entraîneraient à la dérive. Toute vie est vouée au désastre, qui ne choisit pas cette sagesse comme centre de gravité.
Le bonheur est de jouir de la présence de ceux qu'on aime.
Le bonheur n'est qu'une éclaircie dans un ciel toujours brouillé et souvent noir.
L'homme doit devenir son maître à force de bon sens, de raison, de justice et de vertu.
Ne seront heureux ici-bas que les gens constitués pour l'être. Tous les efforts des autres ne pourront viser qu'une œuvre limitée d'accommodement ; ils ne changeront pas le fonds de leur tempérament et resteront tristes et malheureux, s'ils sont fâcheusement doués d'une âme mélancolique.
La Fortune fait tournoyer à sa guise les hommes qu'elle saisit déjà tout ligotés, les jette dans des situations soudaines, s'amuse à intervertir les destins, à décevoir ceux qui ont misé sur elle, et à surprendre ceux qui ne l'attendent plus.
Le commencement du bonheur, c'est d'espérer ce qu'on désire.
Le plus heureux des hommes est rarement celui qu'on pense.
On est assez heureux pourvu qu'on ne fasse jamais le sot projet d'être parfaitement sage.
Dans ce monde où nul homme n'ose être lui-même, tous les êtres sont interchangeables.
L'homme mondain tire toute son existence des regards d'autrui.
L'homme du monde se compose de l'être profond et d'un masque, qui cache le premier sans l'effacer. Si l'on prend un masque, c'est moins pour se dissimuler que pour se reconnaître : on veut ressembler à tout le monde, et par là on se rassure.
On est malheureux parce qu'on se fait du bonheur une image forgée à travers mille rêves qui n'ont d'autre existence qu'en nous-même.
La vie humaine est une suite vertigineuse de faux-pas et de reprises, d'illusions et de désenchantements, d'obstinations et de brusques réveils.
La vanité rend toujours content de soi et toujours mécontent de son état.
Les biens que le monde foisonne, il ne tient qu'à l'homme de les cueillir.
L'homme est constitué de manière à n'être jamais heureux, parce que ses exigences sont impossibles à satisfaire et se détruisent elles-mêmes. Le mal est vraiment dans la nature de l'homme, au point que le malheur est la forme même de l'être.
L'homme en soi est bien souvent une chose absurde, un tissu de contradictions.
La pensée ravive les blessures qu'elle voudrait guérir.
L'homme est plus sensible à la douleur qu'au plaisir.
Dieu est au monde ce que le pilote du vaisseau est à son bâtiment. Il ne quitte jamais le gouvernail et dirige à tout instant la marche du navire.
Il est vain de se prétendre heureux si l'on ne sait absolument se suffire à soi- même.
La seule façon de limiter la souffrance est de se réduire le plus possible, afin de n'offrir au monde que la plus petite surface. Il faudrait en somme renoncer à être homme, pour esquiver les maux attachés à la qualité d'homme.
Les tentations détournent l'homme du bonheur plus qu'elles ne l'y conduisent.
Le bonheur appartient à ceux qui ont inventé un milieu entre la solitude et la sociabilité, sachant se tenir par rapport au monde à la bonne distance.
Le pêcheur de plaisirs ramène dans ses filets tous les biens de la vie.
La mélancolie est « la sensation douloureuse, mais affaiblie, d'une profonde douleur ». Elle est à l'affût de toutes les occasions qui lui rappellent et entretiennent cette douleur.
L'ennui coule de l'assouvissement comme de sa source naturelle.
Le bonheur repose sur le choix que chacun fait de ses plaisirs.
L'idée du bonheur appartient à la fois à la réflexion, à l'expérience et au rêve.
L'homme heureux est ce virtuose qui, au lieu de vivre simplement sa vie, la crée comme l'artiste crée l'œuvre d'art.
Le bonheur est chose personnelle qui n'a rien de commun avec l'ordre du monde et s'embarrasse peu de l'intérêt général. Résultat d'un travail pratiqué sur soi-même, il s'atteint à force de discernement, de goût et de mesure.
Oubliez toujours ce que vous êtes, dès que l'humanité vous le demande ; mais ne l'oubliez jamais, quand la vraie gloire veut que vous vous en souveniez.