Il suffit pour être heureux de préférer la vie au néant. Une telle félicité n'exige comme prudence que d'éliminer les maux imaginaires, de se résoudre à l'inéluctable, de manière à laisser jouer sans mélange l'attachement naturel que nous avons pour la vie. Le bonheur, en ce sens, c'est l'existence retrouvée dans sa pureté originelle. Quand elle n'est pas obscurcie par des angoisses ou déviée par des chimères, l'âme libère spontanément ce plaisir de vivre qui est l'une de ses composantes virtuelles. Si l'homme savait épuiser son existence, il éprouverait qu'il n'a pas besoin de raison pour être heureux.
Robert Mauzi - L'idée de bonheur dans la littérature française (1960)
On est assez heureux pourvu qu'on ne fasse jamais le sot projet d'être parfaitement sage.
Robert Mauzi - L'idée de bonheur dans la littérature française (1960)
On ne peut être heureux que sans cause, les causes n'étant jamais des causes de bonheur.
L'important si on veut se mettre en couple, c'est de ne pas s'acharner à chercher dans la vie de couple des choses qu'on n'y trouvera jamais. Pour être heureux en amour, il s'agit avant tout de se contenter de ce qu'on trouve sur la table !
Il m'est arrivé si souvent d'être heureux et plein d'espérance au moment même où, déjà, le souci commençait à poindre dans l'éloignement, que j'en suis arrivé presque à être satisfait de ma tristesse et à craindre une humeur gaie. Pourtant, c'est absurde... je sens que c'est absurde ! Qui sait si mon tour ne va pas commencer à luire maintenant ?
Pour être heureux, il faudrait préférer les nuages au soleil, la pluie au beau temps, la douleur au plaisir, avoir grande envie de rire ou mettre son bonheur à pleurer, n'avoir rien et se trouver trop riche de moitié, prendre que tout ce qui se fait est bien fait, que tout ce qui se dit est bien dit, croire aux balivernes et que les vessies sont des lanternes, se persuader qu'on vit quand on rêve, qu'on rêve quand on vit, adorer des prestiges, des apparences, des ombres, avoir un pont pour toutes les rivières, se payer de belles paroles, nier le diable au milieu des diableries, tout savoir et ne rien apprendre, bouleverser la mappemonde, et mettre enfin chaque chose à l'envers en ce monde.
Mon cœur bat vite et fort. Tout est riant et coloré autour de moi, je comprends le sens d'un mot qui ne m'avait semblé avoir qu'une valeur relative : être heureux ! Oui, c'est être heureux que de vivre dans deux âmes à la fois ; autant dire avoir deux âmes ; c'est la vraie définition de l'amour.
Pour être heureux, ce qu'il me faudrait, je le sens bien, c'est le regard, la voix, la présence d'une femme aimante et aimée, ce serait un chez moi où j'aie un écho, un appui, un conseil, une joie, une affection. C'est une société de cœur qui me manque et un intérêt de tous les jours, ce bien qu'on presque tous les hommes.
Être heureuse, pour l'âme conjugale, c'est être pénétrée, possédée, assimilée toujours plus et toujours mieux ; c'est se diffondre dans l'amour. La suppression de toute distance est l'éternel vœu du cœur ; l'isolement est sa tristesse, l'individualité son supplice.
Pour être sans cesse pleinement heureux et quitte avec Dieu, les autres et soi-même, considérer tout ce qui arrive de fâcheux, de mal comme naturel, par conséquent avec bonne humeur et tout ce qui se présente de bien, le beau temps ou certaines rencontres, comme des dons gratuits.
Avoir l'air d'être heureux n'est pas le bonheur, l'homme véritablement heureux l'est au fond du cœur.
Publilius Syrus - Les sentences et adages - Ier s. av. J.-C.
Pour être heureux, il faut se borner au strict nécessaire, vivre simplement, se contenter de peu et ne mettre de prix qu'à la paix de la conscience, au sentiment du devoir accompli.
Pour être heureux en ménage, et la chose n'est pas impossible, après tout : il faut que vous ayez les yeux grands ouverts avant de vous marier, et après, tenez-les à demi fermés.
Pour être heureux, il n'est pas nécessaire d'être, comme beaucoup le croient, admiré et estimé par un grand nombre d'hommes. Mais il est indispensable d'être estimé par ceux qui vous entourent.
Tous les hommes se réunissent dans le désir d'être heureux. La nature nous a fait à tous une loi de notre propre bonheur. Tout ce qui n'est point bonheur nous est étranger : lui seul a un pouvoir marqué sur notre cœur ; nous y sommes tous entraînés par une pente rapide, par un charme puissant, par un attrait vainqueur ; c'est une impression ineffaçable de la nature qui l'a gravé dans nos cœurs ; il en est le charme et la perfection.
Dans la première jeunesse, la jouissance du bonheur présent a quelque chose de si vif, de si complet, qu'elle fait oublier toute pensée d'avenir. On est alors trop occupé d'être heureux pour songer si on le sera toujours, et la félicité remplit si bien le cœur, que la crainte de la perdre n'y peut trouver place.
Sophie Cottin - Élisabeth ou les Exilés de Sibérie (1806)
Pour être heureux, il faut vivre seul ou être poli.