Les 84 pensées et citations de Saint François de Sales :
Les humilités que l'on voit le moins sont les plus fines.
Il ne faut qu'une saignée faite à propos pour redonner la vie, et qu'une répréhension faite aussi à propos pour sauver une âme de la mort éternelle.
Il n'est pas en notre pouvoir de n'avoir point de passion, et Dieu veut que nous les ressentions jusqu'à la mort pour notre plus grand mérite. Le péché consiste dans les actes que nous en faisons par un mouvement de notre volonté.
L'amour ne nous trouvant pas égaux, il nous égale ; ne nous trouvant pas unis, il nous unit.
Le bruit ne fait pas de bien, et le bien ne fait pas de bruit.
Estimons beaucoup et faisons grand état de ce qui nous est dit en confession ; car nous ne saurions croire le grand profit que retirent de ce sacrement les âmes qui y viennent avec l'humilité requise.
La modestie est une vertu qui règle notre maintien extérieur ; et elle a deux vices opposés, à savoir : la légèreté dans les gestes et contenances, et l'affectation ou contenance affectée.
Ne faisons rien par humeur, même les actions qui seraient les plus saintes, mais faisons-les pour plaire à Dieu.
Celui qui peut exercer la douceur parmi ses douleurs, la générosité parmi les mauvais traitements, et la paix entre les tracas, est presque parfait. La douceur, la suavité de cœur et l'égalité d'humeur sont vertus plus rares que la chasteté.
La volonté nous porte souvent à des dévotions relevées et pleines d'éclat, et nous craignons le mépris. La vertu solide se contente de Dieu.
Toute dévotion est fausse qui est incompatible avec notre état.
En quoi voulons-nous témoigner notre amour à celui qui a tant souffert pour nous, si ce n'est entre les contrariétés, les répugnances et les aversions ? Hé ! mettons notre tête à travers les épines des difficultés ; laissons transpercer notre cœur de la lance de contradiction ; mangeons l'absinthe, buvons le fiel, et avalons le vinaigre des amertumes temporelles, puisque c'est notre doux Sauveur qui le veut.
Tout ce qui n'est pas pour l'éternité n'est que vanité.
Les marques d'amitié que nous donnons contre notre propre inclination aux personnes pour lesquelles nous sentons de l'aversion, sont meilleures et plus agréables à Dieu, que celles que nous donnons, poussées par une affection sensible.
Pour témoigner notre amour au prochain, il est nécessaire de lui procurer tout le bien que nous pourrons, tant pour l'âme que pour le corps, priant pour lui, et le servant cordialement aux occasions.
Il faut toujours interpréter en la meilleure part qu'il se peut ce que nous voyons faire au prochain. Dans les choses douteuses, nous devons nous persuader que ce que nous avons aperçu n'est point mal ; dans les choses évidemment mauvaises, nous devons en avoir compassion, et nous humilier de ses fautes comme des nôtres propres.
L'amour-propre ne meurt jamais qu'avec notre corps.
C'est une bonne pratique d'humilité de ne regarder les actions d'autrui que pour y remarquer les vertus, et non jamais les imperfections : car tandis que nous n'en avons point la charge, il ne faut pas tourner nos yeux de ce côté-là, encore moins notre attention.
Nous nous devons à Dieu, à la patrie, aux parents, aux amis. À Dieu premièrement, puis à la patrie ; mais premièrement à la céleste, secondement à la terrestre ; après cela à nos proches, mais nul ne nous est si proche que nous-mêmes ; enfin à nos amis, mais nous sommes le premier de tous.
Il n'en est pas des soins spirituels comme des corporels : En ceux-ci les épines durent et les roses passent ; en ceux-là les épines passeront, et les roses dureront.
Dieu ne se plaît que dans les cœurs approfondis par l'humilité, et élargis par la charité.
Le désir qui précède la jouissance, aiguise et affine le ressentiment d'icelle.
Penser savoir ce qu'on ne sait pas, c'est une sottise expresse.
La vraie amitié requiert la communication du bien et non pas du mal.
Nous devons toujours nous défier de nous-même, marcher avec une sainte crainte, demander continuellement le secours du ciel. Les ennemis de notre âme peuvent être repoussés, mais non pas tués ; ils nous laissent quelquefois en paix, mais c'est pour nous faire une plus forte guerre.
Le temps mal employé dans la prière est un temps dérobé à Dieu.
Le zèle, pour être bon, ne doit être ni amer, ni inquiet, ni trop pointilleux, mais au contraire il doit être doux, bénin, gracieux et paisible.
Ne regardons jamais nos croix qu'à travers la croix de notre divin Sauveur, et nous les trouverons si douces, ou du moins si agréables, que nous en aimerons plus la souffrance que la jouissance de toutes les consolations du monde.
L'âme de notre prochain est l'arbre du bien et du mal ; il est défendu d'y toucher pour en juger, sous peine d'être châtié, parce que Dieu s'en est réservé le jugement.
Le monde est aveugle ; mettons-nous peu en peine de ce que le monde pense ; méprisons son estime et son mépris, et laissons-le dire ce qu'il voudra, en bien ou en mal.