Le véritable amour est rare, c'est un feu sacré dont chacun dans sa vie a senti quelques étincelles, mais le vent le plus léger, le moindre souffle, dissipe parfois ces feux passagers.
Un ivrogne donnerait de la poudre d'or en échange d'un verre d'eau-de-vie.
Il est des dévots dont la ferveur ne se refroidit jamais même dans l'âge le plus avancé.
L'intérêt renferme un poison si actif, si subtil, que dès qu'il vient se joindre à un sentiment, il le corrompt et finit par l'éteindre.
L'amour-propre entre dans la composition de tous nos sentiments. II est comme le feu qui vit partout, même dans les substances les plus froides.
Si l'amitié existe, ce ne peut être qu'entre des gens vertueux, il faut pouvoir tout se dire. Et comment ne se rien cacher, quand on a des choses honteuses à révéler ?
L'homme a plus qu'on ne croit besoin d'admirer, et il se livre volontiers à ce sentiment, lorsqu'il n'y a pas de rivalité.
L'amour a sa force, son déclin, sa fin, parce qu'il a un objet à remplir. On voudrait que l'amitié soit éternelle, tandis qu'elle n'a en général, aucune base pour s'appuyer. C'est Ixion qui embrasse la nue.
L'ami le plus intime d'une femme n'est pas aimé aussi vivement que le confident de son amour.
Lorsque la vieillesse appesantit les esprits on ne fait plus que raisonner sur le passé.
Le premier hommage que reçoit l'homme supérieur est la haine des sots.
Rien n'est plus difficile que de juger de l'esprit et des talents. II faut soi-même en avoir beaucoup, et les hommes du plus grand génie ne sont pas toujours ceux qui jugent les plus sûrement.
Plus on a d'esprit et de caractère, et plus on est soi.
Lorsqu'on est vieux, on abrège ses jours en se livrant aux plaisirs de la jeunesse.
Le bon sens est une faible lumière qui éclaire un horizon borné, et qui suffit pour conduire sûrement celui qui n'étend pas plus loin sa vue.
Les gens médiocres excellent dans l'art de relever les fautes des hommes d'esprit.
L'homme est essentiellement paresseux, il voudrait avoir de la fortune sans travail ; du pouvoir sans peine ; et de la réputation sans étude et sans efforts.
Une chose n'a de prix qu'autant qu'elle représente une quantité de journées de travail.
Le premier plaisir qu'éprouve l'homme est d'avoir sa subsistance assurée sans travail.
Le riche, ce despote qui, sous peine de la vie condamne à travailler pour lui.
II faut qu'il y ait un pauvre pour qu'il y ait un riche.
La rareté des choses produit la cherté.
Un mélange heureux de loisir et d'occupation rend l'homme animé et sensible à tous les plaisirs.
On n'aime souvent les gens qu'autant qu'on les oblige, et leur bien-être est indifférent, du moment qu'il émane d'un autre.
Les cris du riche se font facilement entendre, tandis que les gémissements du peuple sont étouffés par la misère.
La galanterie est à l'amour ce que la politesse est aux vertus sociales.
L'amour est comme l'amour-propre ; il se contente de peu, et cependant il aspire à tout.
Les lumières des sciences deviennent à la longue le partage de toutes les nations : les hommes pensants ont l'univers pour patrie.
En présence, le soupçon, la querelle sont bientôt passés ; on se justifie, on se raccommode ; mais pour ceux qui s'écrivent, on s'exagère les impressions défavorables ; elles s'établissent dans le cœur, dans la tête ; elles y fermentent, s'y fortifient. Il faut réserver toutes les querelles pour le moment où l'on se voit.
Ceux qui savent bien haïr savent bien aimer.
Les soins de nos proches versent du baume sur nos maux les plus cruels.
Combien de gens se trouveraient heureux si, considérant quelquefois les avantages qu'ils ont reçu de la nature, tous les biens qu'ils possèdent, la santé dont ils jouissent, ils comparaient leur état à celui des autres !
Le désir de s'attirer l'attention poursuit l'homme vain jusque dans les plus petites circonstances.
L'instant rapide du plaisir est une flèche décochée dans l'air qui ne laisse aucune trace.
La vraie religion donne un cœur à ceux qui n'en ont pas reçu de la nature.
Il faut pour s'aimer, se plaire mutuellement, et avoir un objet commun d'intérêt sans rivalité.
L'amitié est le résultat des dispositions d'un cœur sensible et d'une âme généreuse.
On n'aime quelquefois dans ses amis que des témoins vivants des charmes, des succès et des agréments de sa jeunesse.
Le testament de la plupart des hommes est la révélation de leur indifférence, de leur ingratitude et de leur orgueil.
La bienfaisance n'est souvent qu'une envie cachée de domination.
L'amitié est à l'amour ce qu'une estampe est à un tableau.
La vertu consiste dans le combat, dans le triomphe de la volonté sur les désirs.
L'homme qui a le plus d'esprit n'a qu'une somme d'idées dans la tête qui lui appartiennent. Les hommes sont comme les vers à soie qui font leur coque. On tourne autour des mêmes idées, on les représente sous d'autres faces, mais c'est le même fond.
Les vertus de tempérament ne font que des absences de désirs.
L'orgueil est le seul sentiment digne de l'homme supérieur. L'orgueilleux est un riche qui n'a besoin de personne, tandis que l'amour-propre m'offre l'image d'un mendiant sans cesse obligé de recourir aux autres.
La plupart des hommes me paraissent des somnambules qui marchent légèrement sur les toits dans l'obscurité : ne les réveillez pas ; ils tomberaient.
L'amour ne mène pas toujours à la satiété : s'il perd quelque chose de sa vivacité, il la remplace par le charme d'un entier abandon, par une confiance sans bornes.
En fait d'amour, il n'y a que les fripons qui aient raison. Ils ne courent jamais le risque d'être humiliés ; ils ne sont point tourmentés, et ils réussissent, parce que rien ne leur échappe, ils sont maîtres de tous leurs mouvements, et devinent ceux des autres pour en profiter.
L'ardeur et la patience sont nécessaires pour avancer dans le chemin de la fortune.
La bienfaisance est un effet de la sensibilité naturelle, de la générosité et de l'amour du genre humain.
La vie est un canevas qui ne vaut pas grand chose, il n'y a que la broderie qui ait du prix.
Un sot dit autant de mal en un mois qu'un homme d'esprit dans une année.
Aucun homme ne peut être agréable à entendre s'il n'a sur un sujet le désir de briller.
Les femmes sont, en général, trop vaines pour profiter par l'expérience, et les hommes trop insouciants.
Un peu d'exactitude entraîne beaucoup de confiance, c'est tout l'art des grandes affaires.
La bienfaisance fait plus de mécontents par son défaut de continuité qu'elle m'inspire de reconnaissance par son exercice habituel.
Les hommes sont des enfants qu'il ne faut pas contrarier ; laissez-les se piquer aux épines de la vie.
Les yeux et le cœur sont trop souvent la source du jugement des femmes.
Le dernier degré de l'amour est d'aimer les défauts de sa maîtresse.
La liberté est donnée à l'homme pour lui laisser le mérite de la vertu.
La justice épargne bien de la peine à l'esprit.
L'amour-propre est flatté des hommages, l'orgueil s'en passe, la vanité les publie.
II n'est pas rare de voir des hommes sans esprit qui n'ont jamais vécu qu'avec des gens d'esprit.
La débauche, qui est un excès de l'amour, est un principe de destruction.
Les inconvénients qui éloignent de nous les autres sont les plus fâcheux à s'entendre reprocher. Un homme peut pardonner l'injure la plus piquante, et ne pardonnera pas le reproche d'ennuyer.
II est des plaisirs vivement sentis par celui que la maladie paraît devoir accabler ; il se compose un bonheur et des jouissances, dont lui seul peut avoir l'idée ; un changement de position, une permission de manger certains aliments, sont des événements qui remplissent de joie un malade, et qui suspendent momentanément ses douleurs.
La manière de sentir fait tout le prix des choses.
L'extrême amour de la vie trouble à tel point les facultés qu'il ôte les moyens de la conserver.
La vie la plus paisible se passe dans l'étude.
La vie humaine est partagée entre deux règnes, celui de l'espérance et celui de la crainte.
On veut rendre les gens heureux, mais on ne veut pas qu'ils le deviennent.
Les désirs ont des charmes qui cessent d'exister pour celui qui leur cède sans cesse.
Un défaut secret est un bien sûr garant de la vertu.