Les 72 pensées et citations de Sénac de Meilhan :
Un ivrogne donnerait de la poudre d'or en échange d'un verre d'eau-de-vie.
Il est des dévots dont la ferveur ne se refroidit jamais même dans l'âge le plus avancé.
L'intérêt renferme un poison si actif, si subtil, que dès qu'il vient se joindre à un sentiment, il le corrompt et finit par l'éteindre.
L'amour-propre entre dans la composition de tous nos sentiments. II est comme le feu qui vit partout, même dans les substances les plus froides.
Si l'amitié existe, ce ne peut être qu'entre des gens vertueux, il faut pouvoir tout se dire. Et comment ne se rien cacher, quand on a des choses honteuses à révéler ?
L'homme a plus qu'on ne croit besoin d'admirer, et il se livre volontiers à ce sentiment, lorsqu'il n'y a pas de rivalité.
L'amour a sa force, son déclin, sa fin, parce qu'il a un objet à remplir. On voudrait que l'amitié soit éternelle, tandis qu'elle n'a en général, aucune base pour s'appuyer. C'est Ixion qui embrasse la nue.
L'ami le plus intime d'une femme n'est pas aimé aussi vivement que le confident de son amour.
Lorsque la vieillesse appesantit les esprits on ne fait plus que raisonner sur le passé.
Le premier hommage que reçoit l'homme supérieur est la haine des sots.
Rien n'est plus difficile que de juger de l'esprit et des talents. II faut soi-même en avoir beaucoup, et les hommes du plus grand génie ne sont pas toujours ceux qui jugent les plus sûrement.
Plus on a d'esprit et de caractère, et plus on est soi.
Lorsqu'on est vieux, on abrège ses jours en se livrant aux plaisirs de la jeunesse.
Le bon sens est une faible lumière qui éclaire un horizon borné, et qui suffit pour conduire sûrement celui qui n'étend pas plus loin sa vue.
Les gens médiocres excellent dans l'art de relever les fautes des hommes d'esprit.
L'homme est essentiellement paresseux, il voudrait avoir de la fortune sans travail ; du pouvoir sans peine ; et de la réputation sans étude et sans efforts.
Une chose n'a de prix qu'autant qu'elle représente une quantité de journées de travail.
Le premier plaisir qu'éprouve l'homme est d'avoir sa subsistance assurée sans travail.
Le riche, ce despote qui, sous peine de la vie condamne à travailler pour lui.
II faut qu'il y ait un pauvre pour qu'il y ait un riche.
La rareté des choses produit la cherté.
Un mélange heureux de loisir et d'occupation rend l'homme animé et sensible à tous les plaisirs.
On n'aime souvent les gens qu'autant qu'on les oblige, et leur bien-être est indifférent, du moment qu'il émane d'un autre.
Les cris du riche se font facilement entendre, tandis que les gémissements du peuple sont étouffés par la misère.
La galanterie est à l'amour ce que la politesse est aux vertus sociales.
L'amour est comme l'amour-propre ; il se contente de peu, et cependant il aspire à tout.
Les lumières des sciences deviennent à la longue le partage de toutes les nations : les hommes pensants ont l'univers pour patrie.
En présence, le soupçon, la querelle sont bientôt passés ; on se justifie, on se raccommode ; mais pour ceux qui s'écrivent, on s'exagère les impressions défavorables ; elles s'établissent dans le cœur, dans la tête ; elles y fermentent, s'y fortifient. Il faut réserver toutes les querelles pour le moment où l'on se voit.
Ceux qui savent bien haïr savent bien aimer.
Les soins de nos proches versent du baume sur nos maux les plus cruels.