Les hommes ont fait un dieu tout-puissant de l'argent afin de pouvoir lui attribuer leurs sottises.
La retraite, comme la mort, fixe à jamais la renommée.
Les âmes douces ne vivent que de caresses et de démonstrations de tendresses ; être froid avec des personnes de ce caractère, c'est leur refuser le bonheur.
Semez les bienfaits, il en naîtra d'heureux souvenirs.
Le véritable honneur consiste à être à ses propres yeux sans reproches.
L'amour est un état de guerre continuelle ; c'est pour cela sans doute que les termes qui sont le plus en rapport avec lui sont tous militaires. Amour vainqueur, amour vaincu, amour invincible ; conquête des cœurs, cœurs indomptés, subjuguer un cœur, etc., etc.
Le divorce pour infidélité est une flétrissure pour le coupable et un malheur pour l'offensé.
Si l'on pouvait savoir ce que les femmes pensent de leur sort dans le mariage, on verrait que rien n'y répond aux vœux ambitieux de leur jeunesse.
Les colères des amants sont comme les orages d'été qui ne font que rendre la campagne plus verte et plus belle.
Le bonheur ou le malheur de la vieillesse n'est souvent que l'extrait de notre vie passée.
Les lunatiques ont l'humeur changeante, bien fou est qui s'y fie.
La meilleure manière que de n'être plus occupé que de soi, c'est de s'occuper des autres.
Certaines personnes nous accrochent plus qu'elles nous attachent.
Le véritable sens des mots ne s'entend jamais que dans le lieu où on les prononce.
Le bonheur est l'accord de nos facultés avec nos besoins, et de nos opinions avec nos mœurs.
Quand on a beaucoup de chaleur dans l'esprit, il faut ne la montrer aux gens froids que graduellement ; sans cette précaution, on les étourdit, et même on les indispose : c'est comme le coup d'archet, qui doit commencer doucement, afin de pouvoir enfler le son insensiblement.
Il y a des gens qui louent la vertu, dans l'espoir secret que leur bouche l'avilira.
Chaque matin est une nouvelle vie que la nuit referme.
Le grand art de la conversation est d'attirer la parole, de parler peu, et de faire parler beaucoup les autres : c'est la véritable poétique de ce genre d'éloquence.
Il faut conduire la déraison par la raison, et non par une autre sorte de déraison.
Rien n'est si prêt de la bêtise que l'esprit sans raison.
Les jeunes d'aujourd'hui ont des pensées, mais rarement de la réflexion.
Les gens qui n'osent s'exprimer sont insupportables, il vous obligent à faire le fond de la tapisserie, dont ils ne veulent tracer que les fleurs.
Les paroles offensent plus que les actions, le ton plus que les paroles, et l'air plus que le ton.
Il est des gens pour qui l'indulgence est une justice, ce sont ceux dont les défauts tiennent à l'excès de quelques qualités.
Les gens qui nous blessent, et qui d'ailleurs ont avec nous des rapports d'utilité et de convenance, doivent être regardés comme des instruments qui nous piquent, mais qui nous servent.
Les livres sont à l'âme ce que les aliments sont au corps.
L'oisiveté fait paraître extrêmement long l'instant qui s'écoule, et ne laisse aucun souvenir de celui qui s'est écoulé, elle a tous les inconvénients de la longueur de l'ennui et de la brièveté de la jouissance.
Le caractère est cette puissance de l'âme, cette force inconnue qui semble unir par une flamme invisible le mouvement à la volonté, et la volonté à la pensée.
La vie la plus douce est comme la surface d'une onde paisible que la chute d'une fleur fait osciller.
Quelques efforts que fasse le luxe, il ne peut prendre l'air de l'abondance.
Le secret pour intéresser les autres, c'est de leur parler comme on se parlerait à soi-même.
De loin nous aimons l'uniformité, elle impose ; et de près la variété, elle amuse.
Le charme de la conversation est un don de la nature qu'on ne peut définir parce qu'il ne peut s'acquérir. Tout ce que la nature donne à l'esprit ressemble aux effets des sens : l'on voit, l'on entend, mais l'on ne peut expliquer ce que c'est que voir et entendre.
Une idée de plus est toujours un rapport de plus avec la divinité.
Quand deux bons esprits se rencontrent dans une même pensée, c'est une preuve arithmétique de sa grandeur et de son utilité.
Quand on est à la source de certaines idées premières, il faut bien se garder de se désaltérer plus bas.
Il est des gens qu'on aime assez pour perdre auprès d'eux la propriété de son amour-propre.
Quand les liaisons sont fondées à la fois sur les penchants et sur les principes, la chaîne est indissoluble, car l'un des bouts s'attache au ciel et l'autre à la terre.
On a toujours plus d'esprit et d'agrément, quand on s'abandonne dans la conversation, sans faire aucun calcul de vanité ou d'amour-propre.
Aimer, c'est penser continuellement à une personne avec le désir de lui plaire.
L'âge rend indulgent sur le caractère, et difficile sur l'esprit.
Il est des gens qui, au milieu de toutes les jouissances, se disent malheureux, afin de pouvoir à la fois goûter les plaisirs et s'honorer du sacrifice.
L'esprit est le zéro qui ajoute aux qualités morales, mais qui seul ne représente que le néant.
Discuter sérieusement avec un sot, autant allumer une lanterne à un aveugle.
L'esprit sans caractère est un tourniquet qui n'a point de place fixe, et qui sert à faire passer indifféremment tous les principes et toutes les opinions.
Un homme d'esprit se tait avec les sots comme un riche refuse l'aumône aux indigents.
Pour être apprécié il faut se montrer rarement, et faire des visites courtes.
Les opinions d'autrui nous gênent, comme un habit qui ne serait pas fait à notre taille.
On prouve que l'on a du caractère quand on parvient à vaincre le sien.
L'amour a besoin des yeux, comme la pensée a besoin de la mémoire.
Il n'y a rien de si méchant que les peuples à demi civilisés, et l'on peut en dire autant des individus.
L'imitation de la douleur morale est toujours belle, celle de la douleur physique est insupportable.
Les yeux étant destinés à être le miroir de l'âme, le regard fixe qui ne laisse entrevoir aucune pensée est très désagréable.
Il faut corriger toutes les fautes qu'on reconnaît en soi ; bien sûr, les autres en apercevront beaucoup encore qui nous ont échappées.
Le grand secret de la conversation est une attention continuelle.
Les personnes qui manquent de mémoire, se persuadent que la lecture leur est inutile : elles se trompent ; quand l'étude ne fait pas germe, elle cultive toujours et prépare une terre plus féconde.
Au physique comme au moral, les peines légères qui se répètent chaque jour sont cruelles, elles ressemblent à la goutte d'eau qui creuse enfin le marbre.
Rien ne fait plus de tort à la mémoire que l'ignorance ; on ne retient pas les choses qui arrivent seules dans notre tête, et qui n'y trouvent rien d'analogue pour les recevoir.
En s'étudiant parfaitement soi-même on parvient quelquefois à bien connaître les autres.