L'amour-propre est le talon d'Achille chez presque tous les hommes.
Le parti le plus court dans toutes les affaires de la vie, et celui qui ne nous laisse aucun regret, c'est de se livrer à sa bonté, sans trop examiner si les autres en sont dignes, ou s'ils en sont reconnaissants.
Jugeons de l'impression que l'humeur fait sur les autres par celle que nous en recevons nous-mêmes.
La familiarité est presque toujours une maladresse : avec nos supérieurs, ils nous en savent mauvais gré ; avec nos inférieurs, ils ont moins de considération pour nous.
Les grandes mémoires qui retiennent tout indifféremment, sont des maîtresses d'auberge, et non des maîtresses de maison.
Il y a des gens si sensibles qu'ils nous affligent de nos propres douleurs.
Une seule expérience suffit à un homme d'esprit, parce qu'elle germe dans sa tête, et qu'elle y repasse sans cesse ; il en faut mille à un sot avant qu'il se corrige.
Il faut rendre le bien pour le mal, même en paroles, et avec tout le monde, sans distinction, c'est le moyen de calmer tous les orages.
Quand on ne fait pas du bien avec le plaisir d'en faire, on le fait ordinairement très mal.
Les femmes remplissent les intervalles de la conversation et de la vie, comme ces duvets qu'on introduit dans les caisses de porcelaine ; on compte ces duvets pour rien, et tout se briserait sans eux.
Les vers luisants sont l'image des femmes : tant qu'elles sont dans l'obscurité, on est frappé de leur éclat et leur beauté, mais dès qu'elles paraissent au grand jour, on les méprise, et on ne voit que leurs défauts.
On ne fait jamais le sacrifice de son caractère, qu'on ne s'en applaudisse ensuite.
Il y a des gens avec qui l'on ne sort jamais sans être convaincu de l'existence du vide.
La dispute avec un sot est une perte de bon sens.
Une des premières observations à faire dans la conversation, c'est l'état ou le caractère et l'éducation de la personne à qui on parle.
Pour faire rire les personnes sensées, il faut être fou, bête ou excellent comédien.
Rire haut est un ridicule et une sottise, parce que c'est une manière de prendre de la place et de s'occuper de soi, sans esprit et sans intérêt.
Il est des pédants que la nature a fait tels, et qui ne doivent rien à l'art.
L'ordre est un grand moyen d'indépendance, et l'une des marques les plus sûres de la noblesse et de l'élévation de l'âme ; car on calcule avec soi pour n'avoir jamais rien à solliciter de personne.
Quand on demande conseil, on cache toujours la moitié des circonstances qui devraient nous déterminer, sans avoir besoin d'aucun avis étranger.
Le seule manière de cacher son ignorance est de ne jamais parler de ce qu'on n'a pas étudié avec soin.
L'homme a été créé perfectible pour qu'il fût sociable.
Le mariage réunit nos affections éparses, il met deux âmes en communauté de vie.
La politesse, savoir dire Madame et Monsieur, n'écorche point la bouche.
Le grand art du bonheur, c'est de substituer l'amour de la vertu à l'amour-propre.
Les gens d'esprit n'ont de l'esprit qu'avec ceux qui leur ressemblent.
La plaisanterie ne peut pas durer longtemps, car elle tient surtout à la surprise ; on ne saurait être surpris une heure de suite.
Une des choses que les hommes pardonnent le moins, c'est la contradiction de leurs opinions.
Le nom de vertu dans la bouche de certaines personnes fait tressaillir, comme le grelot du serpent à sonnettes.
Un acte de vertu jeté dans la société est à peu près comme ces pierres qu'on fait tomber dans un gouffre ; elles retentissent longtemps, quoiqu'elles aillent se perdre pour jamais.
Le vaniteux est plaisamment égoïste, il pense qu'il n'y a rien de plus important au monde que lui.
Le vaniteux tire vanité de tout, même de ses ridicules : on le méprise ; il s'admire.
Les talents font les hommes de mérite, comme les vertus font les hommes de bien.
Il vaut mieux faire très bien une seule chose que médiocrement un grand nombre de choses.
Le sot découvre un homme d'esprit, par un instinct d'antipathie, beaucoup plus promptement que l'homme d'esprit ne découvre un sot.
Un sot qui veut paraître un homme d'esprit a toujours recours à des moyens qui d'un homme d'esprit feraient un sot.
Toute querelle avec un sot est une perte inutile d'énergie et de bon sens.
Il vaut toujours mieux que nos réprimandes soient au-dessous de la faute qu'au-dessus.
La probité reconnue est le plus sûr de tous les serments.
La conscience a cet avantage qu'elle nous récompense même des sacrifices inutiles, tandis que les hommes ne nous savent gré que des réalités.
La vieillesse craint de soulever le voile de l'avenir qui cache sa tombe ; elle porte les yeux en arrière, parcourt d'un regard rapide les pages d'or de sa vie passée, et s'exclame, hélas, à regret : j'ai vécu.
L'adolescence méprise les jouets du passé, se contemple avec joie dans le miroir enchanteur de l'avenir, et dit : je vivrai.
L'enfance n'est heureuse que parce que, oubliant le passé, n'ayant aucune idée de l'avenir, elle voltige continuellement dans l'étroit sentier du présent, et dit : je vis.
Il est bien important d'occuper ses premières années, c'est le seul moyen de savoir employer les dernières.
Se vanter sans être blâmé, c'est être l'agresseur de l'amour-propre d'autrui.
Rien de si agréable que les bêtises d'un homme d'esprit, rien de si absurde que l'esprit d'un sot.
Pour vivre heureux, il faut savoir borner ses désirs et modérer ses besoins.
Le merveilleux ne se perd jamais, la mémoire le retient toujours.
Être aimé n'est pas le bonheur, mais aimer est le véritable bonheur.
La conversation, pour être intéressante, doit être comme le jeu de domino, où l'on ne peut placer son numéro après son adversaire, à moins qu'il ne corresponde au sien.
Il faut un peu de timidité aux grandes vertus pour les rendre plus aimables.
Il n'y a rien d'absolu dans la morale, et en morale.
La vérité a un caractère que rien ne peut remplacer, et qui n'offense que ceux qui on tort.
D'un sentiment de pureté on tire toujours les plus grands effets prolongés.
Rien n'est si constant que l'expérience de soi, et rien n'est si commun que de ne vouloir pas y croire.
On ne peut ni rester dans les bornes de la raison sans être détesté des gens de parti, ni prendre un parti sans sortir des bornes de la raison. Il faut se faire à soi-même une bannière, où se rallieront dans la suite des temps tous les cœurs honnêtes et sensibles.
Il ne faut jamais négliger de se corriger d'un défaut.
La sévérité ne doit jamais être que l'effet de la réflexion.
Une véritable amitié est sur la terre le terme et la source de tous les plaisirs.
La plus grande duperie est de faire des prévisions pour l'avenir.
Rien ne gâte plus l'esprit que les lectures rapides, sans réflexion et sans attention.