Lorsque vous avez perdu l'être qui vous était le plus proche, tout vous paraît vide, vous pouvez regarder où vous voulez, tout est vide, et vous regardez et regardez et vous voyez que tout est vraiment vide, et cela pour toujours.
Certaines personnes nous sont tellement proches que nous croyons que c'est un lien pour la vie, mais elles disparaissent tout à coup, d'un jour à l'autre, de notre vue et de notre mémoire, voilà la vérité.
L'art suprême consiste à voir les grandes choses comme les petites, sans cesse, simultanément, dans tous les rapports de grandeur.
Chaque homme patauge sans cesse dans la profondeur d'une pensée, les uns au fond, les autres plus bas encore. Jusqu'à ce que les ténèbres leur fassent comprendre que tout est inutile.
Notre système d'enseignement est tombé malade au cours des siècles, les jeunes gens qu'on fait entrer de force dans ce système d'enseignement sont condamnés par la maladie de ce système et tombent malades par millions sans qu'on puisse envisager de guérison. Il faut que la société change son système d'enseignement si elle veut changer parce que, si elle ne change pas, ne se restreint pas, si elle ne se supprime pas en grande partie, elle est assurée de toucher bientôt à sa fin.
Les mots les plus lourds ne sont pas toujours ceux qui ont le plus de poids, tout comme les phrases les plus lourdes ne sont pas toujours celles qui ont le plus de poids.
La façon dont les gens lisent ce que je fais, ça m'est égal, je m'en fiche à un point...
J'ai fui ma famille, c'est-à-dire mes persécuteurs.
Les maisons familiales sont toujours des cachots, rares sont ceux qui parviennent à s'en évader. La majorité, c'est-à-dire quelque chose comme quatre-vingt-dix-huit pour cent, je pense, reste enfermée à vie dans ce cachot, où elle est minée jusqu'à l'anéantissement, jusqu'à mourir entre ses murs. Mais moi, je me suis évadé, à l'âge de seize ans je me suis évadé de ce cachot, et depuis je suis en fuite.
À l'origine l'être humain est la paix incarnée, ce sont les parents qui l'en arrachent et font de lui un être agité, c'est le système parental qui au bout du compte se mue en système universel, auquel personne n'échappe.
L'amour est la meilleure impulsion, le meilleur moteur qu'on puisse avoir.
Toujours vouloir tout changer, c'est un besoin insatiable, un plaisir infâme, et cela mène aux plus pénibles déchirements.
L'amour est une absurdité qui n'est nullement inscrite dans la nature.
Qui ne sait pas rire ne doit pas être pris au sérieux.
À perpétuité nous sommes en compagnie d'êtres qui ne savent pas la plus petite chose sur nous, mais prétendent continuellement tout savoir sur nous ; nos parents et nos amis les plus proches ne savent rien parce que nous-mêmes, nous ne savons pas grand-chose à ce sujet. Toute notre vie, nous sommes en train de nous explorer, nous allons sans cesse à la limite de nos moyens intellectuels et nous renonçons.
Seul l'imbécile admire, l'intelligent n'admire pas, il respecte, estime, comprend, voilà.
Seul écrit celui qui n'a pas de pudeur, seul celui qui est sans pudeur est capable de se saisir des phrases et de les déballer, et de les jeter tout simplement sur le papier, seul celui qui est sans pudeur est authentique.
Je peux écrire n'importe où quand le moment est venu. Je peux même écrire, c'est sûr, au milieu des gens, dans un bruit épouvantable, quand les choses sont à point, et quand les choses ne sont pas à point, le silence a beau être aussi grand, aussi idéal qu'il veut, ça ne marche pas. Il n'y a pas de lieu précis idéal.
Si vous aimez vivre, comme c'est mon cas, il faut vivre dans une sorte d'amour-haine permanent à l'égard de toute chose. On est en quelque sorte sur le fil du rasoir. Se livrer directement, ce serait la mort. Quand on aime vivre, on ne veut pas être mort. Tout homme aime vivre, même celui qui s'est suicidé, simplement il n'en a plus alors la possibilité.
Il y a presque autant de réprobateurs que d'êtres humains sur terre, il n'y a presque personne qui réfléchisse.
Les gens qui travaillent à des productions de l'esprit disent très souvent qu'ils n'y attachent aucune importance et y attachent au contraire beaucoup d'importance, sauf qu'ils n'en conviennent pas parce qu'une telle prétention comme ils l'appellent, leur ferait honte, ils dévalorisent leur travail pour éviter du moins d'avoir à se faire honte publiquement.
Les écoles sont des usines de sottise et d'esprit perverti.
L'admiration rend aveugle, elle rend l'admirateur stupide.
Les gens falsifient tout, ils falsifient jusqu'à l'enfance qu'ils ont eue.
L'une des plus grandes absurdités humaines : Le lycée.
Les pensées absurdes sont souvent justement les pensées les plus claires, et les plus absurdes les plus importantes de toutes.
La voilà, la magie idéale : pouvoir supporter tout à coup d'être ensemble.
L'hypocrisie des biens-portants à l'égard du malade est la plus répandue de toutes.