Je n'admets personne dans mon estime avant de m'être assuré qu'il en est digne.
Veiller sur un ami couché sur son lit de douleurs et adoucir ses souffrances est un sublime délice.
Quant à la procréation des hommes, au mode d'y procéder, et aux personnes qui doivent y concourir, voici ce qui me semble le plus conforme aux lois de la sainteté et de la modestie. Il faut d'abord poser en principe que ce n'est pas pour le plaisir que nous nous unissons, mais pour procréer des enfants. En effet, lorsque Dieu a donné à l'homme le pouvoir, les organes et le désir de l'union des sexes, ce n'a pas été pour son plaisir, mais pour la conservation de sa race. Car, comme il eût été contradictoire de faire participer l'homme à la vie divine, l'immortalité fut interdite aux individus ; mais Dieu accomplit ses vues en assurant la continuité non interrompue des générations. Ce doit donc être pour nous une règle fondamentale, que le plaisir n'est pas le but de l'union des sexes.
Je comprends toute l'amertume de l'affliction que vous avez ressentie, et j'y dois sympathiser d'autant plus vivement, qu'il n'y a pas un degré de la douleur que peut nous causer la perte d'un des êtres de notre affection, que l'expérience ne m'ait appris à mesurer. J'ai toujours éprouvé que le temps et le silence étaient le seul remède. Or ce remède adoucit seulement, mais n'efface jamais les regrets profonds que le souvenir ne cesse de renouveler jusqu'à ce que la mémoire soit éteinte avec la vie.
Le meilleur pilote est celui qui se dirige le plus sûrement au milieu des bancs et des écueils semés sur sa route.
À force de répéter une fausse assertion on finit par y croire.
Le général de la veille doit savoir remplir le lendemain le poste de caporal si ses services peuvent être utiles à son pays.
Le général de la veille doit être, s'il le faut, soldat le lendemain.
Dieu est juste, et tôt ou tard sa justice éclate et punit.
La liberté est un don de Dieu, et nul ne peut y porter atteinte sans s'exposer à sa colère.
J'aime autant une personne qui me relève d'une erreur qu'une autre qui m'apprend une vérité, parce qu'une erreur corrigée est une vérité.
Le moment de se précautionner contre la tyrannie est celui où nous sommes encore libres.
Il vaut mieux empêcher le loup d'entrer dans la bergerie que d'attendre à le combattre lorsqu'il y est entré.
Un lien de plus peut souvent soutenir un édifice qui s'écroulerait si cet appui venait à manquer.
La peine que cause une légère critique, même lorsqu'elle est injuste, me semble plus vive que le plaisir que peuvent procurer de brillants éloges.
Les gouvernements aiment toujours les peuples comme les loups aiment les brebis.
Il n'y a pas d'attachements plus remplis de charmes que ceux qui ont été contractés dans la première période de la vie. J'aimerais mieux me renfermer dans une maison des champs, avec mes livres, ma famille, et un petit nombre de vieux amis, vivre avec du lard, et laisser le monde aller à sa guise, que d'occuper le poste le plus brillant que puisse conférer la puissance humaine.
Des amis qui se brouillent une fois ne se raccommodent jamais cordialement.
Le mieux qu'un président puisse faire, c'est de laisser la direction de tout à ses ministres ; et que sont ces ministres ? Rien autre chose qu'un comité mal choisi.
Dans un pays civilisé, les hommes n'exposent jamais leurs femmes et leurs enfants à des travaux qui ne conviennent ni à leurs forces ni à leur sexe, tant qu'ils peuvent les en exempter par leur propre travail.
Une petite émeute, de temps en temps, est une chose aussi nécessaire au monde politique que les orages au monde physique. Lorsqu'elles n'ont pas de succès, elles tendent, dans le fait, à consolider les empiétements sur les droits du peuple qui les avait excitées.
L'espèce humaine doit jouir d'un degré précieux de liberté et de bien-être.
Sous des gouvernements dont le principe est la force on est malheureux d'exister sous un pareil régime, c'est la domination des loups sur les moutons.
L'instruction est la base la plus sûre pour fonder le bonheur et la liberté.
La richesse, les titres, les fonctions ne sont pas des recommandations à mon amitié. Au contraire, il faut de grandes et bonnes qualités pour compenser à mes yeux la possession de tous ces avantages.
Un sublime délice est de partager son pain avec celui qui n'en a plus !
À un ami qui est malade il nous faut veiller près de sa couche, et ressentir tous ses maux. Sa fortune est détruite, il faut que la nôtre contribue à réparer sa ruine ; il perd son enfant, ses parents, sa compagne, il faut partager son deuil, comme si cette perte nous était personnelle.
L'amitié n'est qu'un mot pour exprimer une association aux folies et aux malheurs des autres. Notre lot de misère devrait nous suffire : Pourquoi prendre volontairement notre part de celles qui nous sont étrangères ? Notre coupe contient-elle donc si peu d'amertume qu'il nous faille encore aider notre prochain à vider la sienne ?
Laissons l'éclat et le bruit de la société à ceux qui n'ont pas la faculté de s'occuper d'autre chose.
L'on ne peut espérer de conversion là où il n'y a pas de repentir.
Une séparation est pire que la mort : la mort met fin à nos souffrances, la séparation les fait naître.
L'un des plus sublimes délices est de mêler ses larmes à celles de l'homme que le ciel a frappé.
Le plaisir est toujours devant nous, mais la peine est à nos côtés, et quand nous courons après l'un, l'autre nous arrête. Le meilleur moyen de lui échapper est de nous replier sur nous-mêmes, et de savoir suffire à notre propre bonheur.
Personne n'a le droit de faire le métier de prêteur d'argent, que celui qui a de l'argent à prêter.
Contracter une liaison n'est pas chose de peu de conséquence ; quand on vous en propose une nouvelle, examinez bien tout autour de vous ; considérez les avantages qu'elle présente, et les inconvénients auxquels elle peut vous exposer.
Il vous faut apprendre à regarder un peu devant vous avant de faire quelque démarche qui puisse compromettre votre repos. Toute chose ici-bas est affaire de calcul. Avancez avec précaution et la balance à la main : mettez d'un côté le plaisir qu'un objet quelconque peut vous offrir, mais placez de bonne foi de l'autre côté les peines qui doivent en résulter, et voyez quel est le plateau qui l'emporte.
Si l'on ne peut soulager toutes les misères, ce n'est pas une raison pour ne pas en soulager autant qu'on le peut.
Il n'est point de rose sans épine ni de plaisir sans mélange.
Qu'il est doux de trouver un sein sur lequel nous puissions appuyer notre tête !
L'homme incapable de se gouverner doit être gouverné par la force.
La terre appartient aux vivants, et non aux morts. Suivant la loi de la nature, la volonté et le pouvoir de l'homme expirent avec sa vie.
Chaque année qui s'écoule ajoute à ma faiblesse, et mes facultés m'abandonnent dans la même mesure. L'an dernier c'était la vue, actuellement c'est l'ouïe ; l'année prochaine ce sera quelque autre chose, jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien.
Les hommes ne devraient pas être employés aux occupations qui conviennent aux femmes.
Mieux vaut une demi-ration qu'une abstinence absolue.
L'arbre de la liberté demande à être de temps en temps rafraîchi du sang des tyrans.
Une vertu décidée et hardie est pour l'ambition elle-même l'auxiliaire le plus sûr.
Pour comprendre ce que vaut un avantage, il faut savoir ce qu'il en coûte d'en être privé.
L'homme est un animal imitateur, de son berceau jusqu'à son tombeau, il ne fait qu'apprendre à faire ce qu'il voit faire à ses semblables.
Les lois subséquentes abrogent les précédentes.
L'atmosphère de ce monde est chargée d'un nuage de fanatisme menaçant, plus léger dans quelques parties, plus épais dans d'autres, mais trop sombre dans toutes.
Aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme soi-même est la somme de toute religion.
Je regarde comme un grand bonheur de conserver assez d'intelligence pour comprendre tout ce que j'en ai perdu, pour éviter de m'exposer en spectacle à la compassion de mes amis, et pour avoir ainsi surmonté ce point si difficile de juger quand le moment de la retraite est arrivé. En compensation des facultés qu'elle m'enlève, la nature me donne une bonne santé et une parfaite résignation à cette loi de décadence à laquelle elle a soumis toutes les formes et toutes les combinaisons de la matière.
Il faut avoir vu les choses de ses propres yeux pour pouvoir en juger.
Le pouvoir de faire la guerre est souvent un moyen de la prévenir.
En toute chose, il faut bien se garder de passer d'un extrême à l'autre.
L'homme qui ne craint pas la vérité n'a rien à craindre du mensonge.
Un mensonge impudent, soutenu avec persévérance, est de merveilleux effet.
La santé est la chose essentielle après la moralité.
L'homme est destiné à vivre en société.
Pour un homme savant, il y en a mille qui ne le sont pas.
L'homme est le seul animal qui dévore sa propre espèce.
Les loups et les moutons ne dorment pas ensemble.
Le peuple est le seul censeur de ceux qui le gouvernent.
Le bon sens du peuple sera toujours la meilleure armée.
Il faut qu'une nation jouisse d'une tranquillité parfaite.
Dans l'attente du retour promis, il est doux d'espérer.
Ceux qui ne sont pas enclins à donner ne manquent jamais de motifs pour justifier leurs refus.
Quand la maladie vous accable, il n'est de plus belle douceur que les soins d'un ami.
Les seuls plaisirs sur lesquels compte le sage sont ceux qui dépendent de lui ; car rien n'est à nous de ce qu'un autre peut nous ravir ; c'est ce qui donne aux plaisirs intellectuels une valeur inestimable. Ils sont toujours à notre disposition, ils nous conduisent toujours à quelque nouvelle jouissance, jamais on ne s'en rassasie ; ils nous élèvent dans une sublime sérénité, au-dessus des intérêts de ce monde mortel, à la contemplation de la vérité et de la nature, de la matière et du mouvement, des lois qui lient leur existence, et de l'Être éternel qui les a créés et assujettis à ces lois.
Un ami qui meurt, ou qui nous quitte, c'est comme un membre qu'on nous enlève.
Le grand art de la vie est d'éviter la peine.
Seul celui qui a reçu une blessure similaire peut panser doucement les plaies d'un autre.
Une insulte impunie est mère de beaucoup d'autres.
La faiblesse provoque l'injustice et l'offense.
Se révolter contre la tyrannie, c'est obéir à Dieu.
La terre est un don que Dieu fait à ceux qui vivent, tout comme il l'avait fait aux morts.