Il faut abolir les lois que l'usage et l'expérience à fait trouver inutiles.
Les bonnes liaisons entre les personnes se font sans condition.
Le succès d'une grande guerre dépend quelquefois d'un petit évènement.
La bonne foi est le lien et l'âme de la société.
Une action de clémence tire du lustre d'une action de rigueur qui l'a précédée.
Plus les maris ont de pouvoir dans leur famille, et moins ils en doivent user.
On ne peut mieux répondre à des discours offensants que par des faits courageux.
Les accusations mal fondées sont des calomnies punissables.
Il y a du mépris de ne pas répondre à une demande, et de la dureté à faire une réponse aigre.
Les âmes intéressées n'ont pour bornes de leurs desseins que leur convoitise.
L'autorité n'est solide que quand on l'a acquise par un mérite avéré de longue main.
Dans la plupart des réconciliations la guerre finit, et non pas la haine.
Une petite chose innocente fait quelquefois naître de grands soupçons.
Il est des rencontres où la prudence doit céder à la hardiesse.
Il ne faut jamais exposer sa famille dans une aventure périlleuse.
Ceux qui ont la hardiesse de commettre un crime n'ont pas toujours celle de le nier.
L'avidité de régner étouffe tous les sentiments de la nature et de l'équité.
Les exemples de punition et de récompense doivent servir à régler notre conduite.
Il n'y a guère de secrets qu'on puisse cacher dans les divisions entre personnes.
Rien n'affermit plus les réconciliations que la franchise et l'honnêteté.
Il est bon de pardonner à d'anciens amis quand ils peuvent réparer leurs erreurs passées.
Les gens d'esprit et de cœur se font leur fortune eux-mêmes.
Quand la fortune est contraire, on n'a guère de partis à choisir.
Il est des nations qui n'ont pour toute loi que la volonté de leur maître.
Les louanges ne sont d'aucun prix si elles ne sortent d'une bouche irréprochable.
Plus les vainqueurs sont au-dessus des vaincus, plus ils doivent les traiter humainement.
Il est d'un homme sage de se modérer dans la victoire, et n'insulter point un malheureux.
Il ne faut conseiller aux autres que ce qu'on ferait soi-même si on était à leur place.
Les faux préjugés rendent les bons avis inutiles.
Il ne faut ni se fier aux grandes promesses, ni trop s'en défier.
Pour pénétrer les dessein d'un homme il faut le surprendre.
Les entreprises injustes retombent le plus souvent sur leurs auteurs.
On se repent bientôt des résolutions mal prises.
La longueur de la servitude ôte le droit d'en sortir.
Les liaisons les plus durables sont fondées sur des contrastes d'humeurs et de goûts.
On ne doit juger d'un homme que par ses actions.
La plupart des gens ne se soucient guère que des nouvelles où ils ont quelque intérêt.
Rien n'est plus beau ni plus digne d'un vaillant homme que de se modérer dans la victoire.
Il est dangereux de diviser son armée quand on prévoit une bataille.
Les maris sont des pères de famille, et non pas des maîtres.
Les riches devraient plus avoir honte de leur luxe que les pauvres de leur médiocrité.
Les richesses possèdent plus les hommes que les hommes ne les possèdent.
L'avarice et le luxe sont les deux plus grandes pestes des Etats.
Il y a des esprits féroces et violents que rien ne peut adoucir.
Il n'y a rien dont la patience ne vienne à bout quand elle est secondée de la persévérance.
Un grand plaisir occupe trop pour laisser sentir les autres.
La plupart des scélérats sont plus habiles à commettre des crimes qu'à les cacher.
Quand les malheurs d'autrui ne nous servent point d'exemple, nous méritons d'en servir aux autres.
Souvent nous refusons des avantages que nous devrions demander.
Il est contre la prudence d'élever quelqu'un aux grands emplois avant qu'il ait passé par les petits.
Il est d'un habile homme d'abandonner une entreprise trop difficile et peu utile.
L'air séditieux rend criminelles les actions les plus justes.
Il faut pardonner les témérités et les imprudences quand elles réussissent.
La négligence fuit ordinairement l'audace.
Les délibérations précipitées sont toujours nuisibles aux affaires importantes.
On ne manque jamais d'abuser de la trop grande bonté des autres.
Il est de la prudence de ne pas changer des conduites qui ont toujours réussi.
On cherche en vain l'occasion qu'on a perdue.
Il y a des peuples qui ne sont fidèles que faute d'occasion de ne l'être pas.
Les grands hommes ont plus soumis de peuples par la douceur que par la force.
Un bonheur imprévu cause souvent une folle joie.
La fortune ne manque jamais de punir ceux qui abusent des grâces qu'elle leur fait.
Les âmes élevées songent plutôt aux grandes choses qu'à celles qui ne sont qu'utiles.
Il est plus facile de censurer les choses faites que de les changer.
Les conquêtes les plus glorieuses ne valent pas toujours les braves que l'on perd.
Les hommes sentent moins vivement les biens que les maux.
La tristesse publique est la plus bette pompe funèbre.
Le soleil ne s'est pas encore couché pour la dernière fois.
Un chef vaut mieux que plusieurs, leur multitude nuit au bien.
Les traîtres se doivent défier même de ceux pour qui ils le sont.
La servitude est plus affreuse aux belles âmes que l'exil et la mort.
La vérité est souvent éclipsée, mais jamais éteinte.
Une paix certaine vaut mieux que l'espérance d'une victoire.
La justice, la bonne foi, et la droiture, doivent être le fondement de la politique.
Un bon magistrat doit soutenir courageusement la dignité de sa charge, dans les cas difficiles.
Un crime impuni ne manque guère d'être suivi d'un autre crime.
Il faut que les amitiés vivent, et que les haines meurent.
Le relâchement de la discipline dans un État y cause peu-à-peu le dérèglement et la corruption des mœurs.
Un bon citoyen ne distingue pas ses intérêts de ceux de la patrie.
L'ambition ne quitte jamais un cœur dont elle s'est une fois emparée.
La grande union dans les États en fait la prospérité et la grandeur.
Un homme sans reproche ne peut s'abaisser à se justifier.
Il est rare de voir en une même personne le mérite et la modestie au même degré.
La paix est toujours bonne à faire quand la guerre est insupportable.
On ne sait lequel est le plus facile, ou de faire des conquêtes, ou de les conserver.
Il est plus difficile d'ébranler une puissance bien établie que de l'abattre quand elle est ébranlée.
Il est plus aisé de faire des conquêtes les unes après les autres que de les conserver toutes ensemble.
Toute faute doit être compensée par une bonne action.
La fierté d'un ennemi vaincu rend la joie des vainqueurs plus vive.
Les conseils peuvent passer pour sincères quand on s'offre de les exécuter.
Les grandes âmes ne peuvent rien souffrir qui sente la servitude.
L'intérêt est le plus fort lien de toutes les sociétés.
Il n'y a guère de nouvelles entièrement fausses ni entièrement vraies.
Les esprits inquiets préfèrent toujours l'avenir au présent.
La liberté modérée est utile aux Républiques, et l'excessive leur est nuisible.
Il y a des lois qui ne sont que pour un temps, et qui changent avec le temps comme les modes.
Il est des personnes d'un naturel doux qui sont austères dans leurs mœurs et dans leurs discours.
Il vaut mieux ne point accuser un méchant homme que de l'absoudre après l'avoir accusé.
Le luxe des femmes ruine les maris en toutes façons.
Il y a de la prudence quelquefois à soutenir avec fermeté ce qu'on a commencé avec audace.
L'insolence des vainqueurs fait qu'on a pitié des vaincus.