Titre : La consolation.
Recueil : Les nouvelles poésies (1829)
Oui, pour toujours, retraite solitaire, 
Je viens à toi ! j'écouterai mon cœur : 
De mes chagrins il a su me distraire, 
Il a souvent adouci mon malheur !
Je vous déteste, ô femmes que j'adore ; 
Et loin de vous je vais chercher la paix : 
Oui, du bonheur vous n'êtes que l'aurore ; 
Le bonheur pur vous ne l'offrez jamais !
Ô compagnons de mes jeunes folies, 
Je vais vous fuir !... Vos nuits de voluptés 
Vos nuits d'amours, et vos tristes orgies, 
N'ont plus pour moi de douceurs, de beautés !
Ce faux plaisir dont retentit le monde, 
Et ce bonheur que vous m'aviez promis, 
Je l'ai trouvé dans une paix profonde, 
Les champs, les bois, deviendront mes amis.
Peut-être aussi qu'un seul mot, qu'un murmure, 
Qu'un doux regard eût pu me retenir ; 
Je l'espérais, mais non ! de la parjure 
Dans mes douleurs je n'ai pu l'obtenir !
J'eusse béni sa rigueur., ma souffrance, 
Et je serais à ses pieds pour jamais ; 
Mais je ne vis que de l'indifférence, 
Quand je cherchai la douleur dans ses traits.
Oublions tout : même les souvenirs : 
Ils doubleraient encore ma tristesse ; 
Ils pourraient même accroître mes désirs, 
Lorsque je dois oublier la traîtresse.
Beaux-arts, étude, ah ! de votre secours 
J'attends en paix la céleste influence ! 
N'êtes-vous pas de secondes amours, 
Mais sans regrets, surtout sans inconstance !
Auprès de vous j'oublierai ma douleur, 
Vous donnerez une gloire fidèle ; 
Néris, Néris m'eût donné le bonheur, 
J'eusse accepte l'ignorance avec elle !
Claude-Charles Pierquin de Gembloux