Titre : Le délire.
Recueil : Les nouvelles poésies (1829)
Ô Toi, l'objet d'une longue tendresse, 
Toi, dont je hais les fragiles serments, 
Toi, dont je hais la grâce enchanteresse, 
Et dont je hais les malheureux amants ;
Je hais l'instant qui vit naître ma flamme 
Je hais l'instant qui t'a donné mon cœur, 
Je hais l'instant qui m'a livré ton âme, 
Je hais l'instant qui suivit mon bonheur,
Je hais ton cœur, je hais ta beauté même 
De mes rivaux je hais le court bonheur 
Et je me hais dans mon malheur extrême 
Comme je hais ma perfide douleur !
Je hais l'instant où tu m'as dit : je t'aime ! 
Je hais mes feux, je hais mon doux martyr ; 
Oui, je hais tout dans ma douleur extrême, 
Et cependant je ne puis te haïr !
Claude-Charles Pierquin de Gembloux