Où vas-tu légère hirondelle, de Clément Michaëls.

Titre : Où vas-tu légère hirondelle ?

Recueil : Les sonnets et poésies choisies (1878)
Où vas-tu, légère hirondelle ?
Je vais où renaît le printemps ;
Je vais où la saison nouvelle
Retrouve des échos chantants...

Avril sourit ouvrant mon aile,
Je vais où vont les coeurs constants ;
Je vais où le zéphir m'appelle ;
Je vais vers des cieux éclatants...

Je vais où le soleil rayonne ;
Je vais où l'abeille bourdonne ;
Je vais au berceau de mes jours :

Je vais où la terre est fleurie ;
Je vais où je vois la patrie :
Je vais au nid de mes amours !

Clément Michaëls (1821-1887)

Titre : L'hirondelle.

Recueil : Les saisons en poésies (1859)
L'hiver et ses frimas ont chassé l'hirondelle :
Fuyant le blanc manteau que la neige répand,
Elle est partie un jour, offrant au vent son aile ;
Elle sait qu'au midi le doux zéphyr l'attend.

Elle cherche un soleil dans un ciel sans nuage,
Elle veut des gazons par les fleurs étoilés.
C'est sur les bords lointains, au terme du voyage,
Que verts gazons, soleil et fleurs, sont rassemblés.

Elle est partie un jour, fendant l'immense espace,
Jetant un long regard sur le nid délaissé ;
Le doux zéphyr l'attend, mais elle est déjà lasse ;
Que lui fait l'avenir : elle songe au passé.

En la voyant s'enfuir, on dit : « Qu'elle est heureuse ! »
— Mais qui saura jamais les regrets de son cœur ?
Elle songe au passé, la pauvre voyageuse,
Et le voit revêtu d'indicible bonheur.

Sur le nid délaissé semble planer la joie :
C'était le tendre abri, l'asile des amours.
Ah ! des fleurs, le soleil du midi les envoie,
Mais sait-il faire éclore aussi les heureux jours ?

Sautter de Beauregard (1826-1885)
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