Titre : L'amour passe sans laisser de trace.
Recueil : Les poèmes et sonnets mystiques (1886)
Le ruisseau caresseur s'écoule insoucieux,
Le nuage s'enfuit dans le ciel éphémère,
La fumée au lointain se dissipe légère,
Instantané, l'éclair a sillonné les cieux.
L'aube meurt en naissant dans le ciel radieux,
La frêle fleur pâlit au front de la bergère,
Le parfum laisse à peine une odeur passagère,
Le rêve est oublié quand nous ouvrons les yeux.
Le chant s'envole au loin sur ses agiles ailes,
Le regard luit et meurt au fond de nos prunelles,
Le sourire à la fois naît et s'évanouit :
Et quand tout ce qui lui ressemble aussitôt passe,
Étonnons-nous encor si notre amour finit,
Et traverse nos cœurs sans y laisser de trace.
Jacques Villebrune