Recueil de poésie et de citations ainsi que des proverbes.

Marie de Flavigny, comtesse d'Agoult

Quelques mots sur l'auteur :

Photo de Marie d'AgoultFemme de lettres et écrivaine française née le 31 décembre 1805 à Francfort-sur-le-Main en Allemagne, Marie d'Agoult, connue sous le pseudonyme de Daniel Stern, est décédée le 5 mars 1876 à Paris. Née Marie Catherine Sophie de Flavigny, elle épouse le comte Charles Louis Constant d'Agoult le 16 mai 1827. De cette union sont nées deux filles : Louise (1828-1834), et Claire (1830-1912). Pour de plus amples informations, lisez sa biographie sur Wikipédia.

Les 168 pensées et citations de Marie d'Agoult :

Les femmes qui ont été malheureuses en ménage demandent le divorce ; celles qui aiment leurs maris veulent l'indissolubilité du mariage ; voilà toute leur logique. C'est une nécessité de la vivacité de leurs sentiments et de la faiblesse de leur raison de tout rapporter à l'individuel. Qu'elles me permettent, à ce sujet, une réflexion générale. Étant donnés son infériorité présente, ses connaissances bornées et son caractère amolli, la faculté de changer d'époux ne serait pour la femme que la faculté de changer de maître. Qu'y gagnerait-elle ? De satisfaire la mobilité de ses caprices ? Ce n'est point-là le but de la vie. La fin d'un être libre, c'est de parvenir à toute la dignité, à toute l'excellence de sa nature. Or, pour que la femme atteigne cette fin, il est un divorce préalable, auquel je ne la vois pas songer : c'est le divorce avec son ignorance, avec sa frivolité, avec ses passions puériles. Par ce divorce, qu'il dépend d'elle de prononcer dès aujourd'hui, elle entrera en possession d'une liberté morale qui suppléera d'abord, puis nécessitera la liberté domestique et civile. Sans ce divorce intime, l'autre demeurerait sans fruit ; la condition féminine n'en serait ni meilleure, ni pire.

Marie d'Agoult - Les pensées, réflexions et maximes (1859)

Les hommes de ce temps-ci ne connaissent que deux sortes de femmes : la femme de joie et la femme de peine. L'une qui les amuse après boire, l'autre qui leur apprête à manger. Si, par impossible, l'un d'entre eux venait à rencontrer une compagne véritable, une femme selon Dieu, selon l'amour et la liberté, qu'en ferait-il ?

Marie d'Agoult - Les pensées, réflexions et maximes (1859)

Il est singulier que le plus parfait modèle, le type le plus pur de l'amour féminin, dans toute son énergie, son désintéressement, sa grandeur et sa constance, soit donné à l'histoire et à la poésie, en la personne d'Héloïse, dans un pays où le tempérament et l'esprit des femmes semblent les pousser invinciblement à une coquetterie subtile, légère, égoïste et calculée, qui est l'antipode de la passion.

Marie d'Agoult - Les pensées, réflexions et maximes (1859)

Il me déplaît que les femmes pleurent si abondamment. Elles sont victimes, disent-elles ; mais victimes de quoi ? De leur ignorance qui les rend aveugles, de leur oisiveté qui les livre à l'ennui, de leur faiblesse d'âme qui les retient captives, de leur frivolité qui leur fait accepter toutes les humiliations pour une parure, de cette petitesse d'esprit surtout qui borne leur activité aux intrigues galantes ou aux tracas domestiques. Pleurez moins, ô mes chères contemporaines ! La vertu ne se nourrit point de larmes. Quittez ces gestes, ces attitudes, ces accents de suppliantes. Redressez-vous et marchez ; marchez d'un pas ferme vers la vérité. Osez une fois la regarder en face, et vous aurez honte de vos gémissements. Vous comprendrez que la nature ne veut point de votre immolation stérile, mais qu'elle convie tous ses enfants à une libre expansion de la vie. Elle ne se sert de la douleur que comme d'un aiguillon au progrès. Votre inerte mélancolie, vos vains soupirs et vos douleurs futiles sont contraires à l'énergie de ses desseins. Encore une fois, séchez vos larmes ; prenez votre part de la science un peu amère et du travail compliqué de ce siècle. La société qui se transforme a besoin de votre concours. Méditez, pensez, agissez ; et bientôt le temps vous manquera pour plaindre vos maux chimériques et pour accuser les prétendues injustices du sort, qui ne sont autre chose que le juste châtiment de vos ignorances volontaires.

Marie d'Agoult - Les pensées, réflexions et maximes (1859)

Toute action directe, toute participation aux affaires publiques, étant par nos mœurs interdite aux femmes, le talent n'est pour elles qu'une excitation vaine ; la célébrité les condamne à un isolement retentissant.

Marie d'Agoult - Les pensées, réflexions et maximes (1859)

Ce qui égare les femmes, c'est l'esprit de chimère. Elles le portent dans tout, en religion, en amour, et jusque dans la politique, quand elles y touchent. Cela provient de leur éducation séquestrée et de l'éloignement où on les veut de toute réalité. Elles ignorent également le monde physique et le monde moral. Toutes choses retiennent à leurs yeux un élément de mystère. La sagesse masculine en a décidé ainsi. Je m'étonne que, voyant les résultats, elle ne soit pas tentée d'essayer d'un autre système.

Marie d'Agoult - Les pensées, réflexions et maximes (1859)

On apprend à bien penser comme on apprend à bien coudre, et je souhaiterais que la mode en vînt dans l'éducation des femmes.

Marie d'Agoult - Les pensées, réflexions et maximes (1859)

Ce qui manque essentiellement à l'esprit des femmes, c'est la méthode. De là le hasard introduit dans leurs raisonnements, et trop souvent aussi dans leurs vertus.

Marie d'Agoult - Les pensées, réflexions et maximes (1859)

La tristesse de l'homme moderne, si on l’étudie avec soin, révèle plus encore sa grandeur que sa faiblesse. La conquête du monde fini pouvait combler les ambitions d'Alexandre ; mais quel orgueil, si gigantesque qu'on le suppose, ne s'arrêterait consterné au seuil de ce monde infini que nous ouvre la révélation chrétienne ?

Marie d'Agoult - Les pensées, réflexions et maximes (1859)

Trop souvent une femme arrache à l'homme qui l'aime des actes de faiblesse dont elle est fière. Il est rare qu'un homme voie avec plaisir dans la femme qui se donne à lui le moindre symptôme de force. Hercule, pour plaire à Omphale, dut filer la quenouille ; nous ne lisons pas qu'en revanche il ait invité la belle reine à la chasse du lion de Némée.

Marie d'Agoult - Les pensées, réflexions et maximes (1859)

La morale est l'hygiène de l'âme, comme l'hygiène est la morale du corps.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Il faut aller au loin, dans les lieux solitaires et d'accès difficile, pour chercher la vérité ; l'on ne sort guère de chez soi sans rencontrer l'erreur : L'homme est paresseux, il aime les compagnies faciles.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Ce qui montre le mieux combien l'homme est destiné, par sa nature même, à la vie extérieure, c'est qu'il a chez lui, quand il est forcé d'y demeurer seul, un sentiment d'abandon et d'isolement presque intolérable. La femme, au contraire, sent la maison remplie, animée de sa seule présence. C'est elle qui constitue, à proprement parler, la famille, le foyer. Contemplative, recueillie, sédentaire par nature, son âme est le sanctuaire du Dieu domestique. Elle absente, la maison n'est plus qu'un abri sans consécration, dont la grâce mystérieuse s'est évanouie.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Aimez la vie, la vie vous aimera.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Rien de plus dangereux, de plus haïssable en politique que les mots vagues. Les mots vagues font les hommes fanatiques ; les formules obscures égarent et exaltent les esprits ; le malentendu ensanglante le monde.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Les esprits profonds pénètrent la nature des choses ; ils reconnaissent la rigueur des lois et lisent à la voûte splendide des cieux l'immuable arrêt qui pèse sur l'imbécillité humaine. Les esprits légers flottent de surface en surface ; ils se laissent emporter au hasard de l'événement, entraîner par la mobilité des rapports et leurrer sans cesse par l'apparente nouveauté des phénomènes. Nul cependant n'est satisfait. Les uns gémissent de ne pouvoir rien changer ; les autres, de ce que tout change dans le monde.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Les plus amers censeurs des grandes ambitions, ce sont les petites cupidités.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

La sincérité est une qualité que beaucoup de gens revendiquent, mais plus sont fourbes et hypocrites que véritablement sincères.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Il y a une sincérité haïssable, c'est celle qui ne souffre point à dire une vérité cruelle.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Chaque âge a ses joies, ses satisfactions propres, ses peines et ses déplaisirs.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

On ne sait pas combien, dans l'âme d'un enfant, l'instinct de la justice est clairvoyant et inflexible, même alors qu'il est personnellement intéressé. L'enfant souffre bien davantage de votre amour excessif, partial, aveugle, qu'il ne souffrirait de votre sévérité, si rude qu'elle fût, pourvu qu'elle se montrât équitable.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Nous savons bien ce que nos enfants nous doivent, mais pensons-nous à ce que nous leur devons ? Si nous sommes la sécurité de leur existence, ils sont la grâce de la nôtre. La nature a doué leurs attitudes, leurs gestes, leurs sourires, d'un charme mystérieux, involontaire, qui paye et au delà tous nos soins. Nous exigeons trop d'eux en demandant davantage, et quand nous les nommons ingrats, nous risquons fort de l'être nous-mêmes.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

En contraignant nos enfants, comme on le fait, à recevoir plus de nourriture qu'il ne leur en faudrait, en les bourrant de connaissances indigestes, on en fait des esprits obèses, des cerveaux obstrués, où la vie ne circule plus.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Vous respectez la vieillesse, c'est bien ; mais respectez donc aussi l'enfance ; respectez dans cette âme, à peine émanée du sein de la nature, l'image de Dieu que l'haleine corrompue de la société n'a point ternie encore ; respectez les desseins providentiels qui reposent dans ce berceau. Cet enfant sera peut-être Descartes, Washington, Michel-Ange ; et s'il n'est rien de tout cela, n'est-il pas déjà pour vous le souvenir vivant des ravissements de l'amour, le gage et comme le sourire de votre immortalité ?

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Dans l'enfant, la nature sommeille et fait un beau rêve. Cruels ! vous l'éveillez en sursaut, avant l'heure. Qu'y a-t-il donc de si pressé ? Craignez-vous que le temps lui manque pour souffrir ?

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

L'enfant appartient-il à la famille ou à l'État ? L'enfant n'appartient qu'à Dieu. La notion de possession ne s'applique point à une créature libre. Votre autorité momentanée et conditionnelle n'est qu'un devoir et non un droit. Les parents sont des guides, et non des maîtres.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Un grand esprit sans amour est un phénomène qui nous surprend et nous attriste. On dirait une de ces nuits d'été au Septentrion que l'on appelle nuits d'acier, dont la clarté morne fatigue l'œil et oppresse en quelque sorte la pensée.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Il est des paroles qui montent comme la flamme, et d'autres qui tombent comme la pluie.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Il y a des gens qui, avec peu de paroles, donnent beaucoup à penser ; d'autres qui, avec beaucoup de mots, éveillent peu d'idées. Ils ressemblent à ces deux aiguilles du cadran, dont l'une va très vite et ne marque que les secondes, tandis que l'autre, plus lente en sa marche, désigne les heures.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Il y a un temps du verbe dont on devrait ne pas tant multiplier l'emploi dans le commun discours, c'est l'imparfait du conditionnel. À quoi servent, je vous prie, sinon à fatiguer l'oreille et la conscience, ces perpétuels : J'aurais du prévoir, vous auriez dû faire, etc... ? Les esprits fermes ne s'accommodent guère de ces conjugaisons de regrets inutiles.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Certains esprits d'une trempe particulière, tout à la fois très délicate et très forte, peuvent se hasarder impunément jusqu'à ces limites extrêmes du monde intellectuel où la sagesse touche à la folie et semble parfois se confondre avec elle. Et c'est là, sous des latitudes indécises, en de vagues horizons, à d'étranges et indéfinissables clartés, que se font les plus merveilleuses rencontres de la vie morale.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Il y a trois sortes de bonté qu'il ne faudrait pas confondre : celle qui réside dans l'intelligence, celle qui a sa source dans le cœur, et celle enfin qui naît d'une certaine faiblesse, ou, pour me servir d'un mot moderne, d'une certaine impressionnabilité des nerfs. La première, plus grande, plus calme, plus constante, moins sujette à des excès et à des retours, mais un peu froide en apparence, se rencontre plus fréquemment chez les hommes ; on la pourrait nommer la bonté virile. La troisième, passagère, superficielle, capricieuse, est, hélas ! seule à l'usage de la plupart des femmes. Quant à la seconde, la bonté du cœur, je la tiens pour aussi rare que le génie.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Tout le monde parle de l'amour, et chacun suppose l'avoir éprouvé, une fois au moins, en quelque rencontre de jeunesse, et se croit le droit d'affirmer dans l'âge mûr, suivant que ses souvenirs lui en ont laissé une image riante ou fâcheuse, que l'amour est une charmante faiblesse excusable dans les années d'inexpérience ; ou bien que l'amour est une ardeur des sens aussitôt éteinte que satisfaite ; ou bien encore que c'est la chimère des imaginations romanesques, et qu'on s'égare et se perd à la poursuivre. Mais la passion, la passion de l'amour, qui l'a connue ? Un homme, peut-être, dans un siècle ; et celui-là voudra-t-il, saura-t-il dire ce qu'il a ressenti ? Et s'il le dit, qui le comprendra ?

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Le vulgaire se plaint ou se vante d'être haï, calomnié, aimé, chéri. Le sage ne s'occupe point des sentiments qu'il inspire, mais de ceux qu'il éprouve. Il sait que ce qui est triste, amer, douloureux, ce n'est pas d'être haï, mais de haïr ; que ce qui est doux, noble, grand, divin, ce n'est pas d'être aimé, mais d'aimer.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Le bon conseil vient au bon désir, on est toujours bien conseillé quand on veut l'être.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

L'habitude fait les camarades ; la passion ou l'intérêt fait les complices ; un certain bien commun fait les associés ; il n'est donné qu'à la sincérité et à la franchise de faire les amis.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Le plus utile enseignement de l'expérience, c'est d'apprendre à se supporter soi-même.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Au lieu de chercher absolument à vous consoler d'un malheur, apprenez à vous distraire.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

Bien des cœurs en cherchant le bonheur ont rencontré la joie passagère, et tout a fini en larmes.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

L'esprit d'une femme, c'est l'esprit le moins chargé de bagage inutile.

Marie d'Agoult - Les esquisses morales (1849)

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