Quiconque n'emploie que les moyens légaux et réguliers, et compte sur le temps, a le temps pour lui. Le temps protège qui l'invoque.
Il faut parfois savoir sacrifier la moitié de son pain pour conserver l'autre moitié.
Travaille, dit la société à l'homme, travaille tant que tu voudras, tant que tu pourras, comme tu sauras, bien ou mal, avec ou sans intelligence, avec les moyens que tu as reçus à ta naissance. Ce que tu gagneras sera pour toi. Es-tu vieux ? Travaille encore, car ce que tu gagneras sera pour tes enfants. La société, outre qu'elle dit à l'homme : travaille, travaille sans mesure, lui laisse quand même le choix du métier dans lequel il s'exercera. L'homme, en s'essayant, finira par trouver son art, et, une fois sa voie trouvée, il la parcourra comme l'aigle traverse les airs.
Sans un salaire proportionné au travail, à sa quantité et à sa qualité, point de zèle à ce travail.
Qui fera beaucoup, aura beaucoup ; qui fera peu, aura peu ; qui ne fera rien, n'aura rien. Voilà la justice !
L'homme est plus paresseux que lâche, pour chaque genre d'effort il lui faut des stimulants différents. Pour l'exciter au travail, il faut lui montrer l'appât du bien-être ; et pour l'exciter au dévouement, il faut lui montrer la gloire.
Travaille, mon ami, deux ou trois heures de plus par jour, et dans dix ou vingt ans, la société française sera plus riche.
Les partis se pardonneraient, s'ils pouvaient se voir et s'entendre.
Il est une vérité qu'il faut répéter toujours : la passion n'est jamais ni sage ni éclairée, mais c'est la passion seule qui peut sauver les peuples dans les grandes extrémités.
Aucun parti, même celui qui prend l'humanité pour devise, n'est sage dans sa vengeance.
La parole touche beaucoup lorsqu'on est prêt à en venir aux mains, et on se prête volontiers à un arrangement qui dispense de s'égorger.
On pardonne volontiers à un ordre de choses dans lequel on a trouvé place.
Il n'y a que l'élite d'une nation qui soit sensible à la gloire, à la liberté, aux idées nobles et généreuses, et qui consente à leur faire des sacrifices.
Tout mouvement d'énergie honore, et perd un peu plus tôt un parti qui lutte contre un mouvement supérieur.
Ce sont toujours les moments de la misère publique que les partis choisissent pour en venir aux mains, et pour faire triompher leurs désirs.
Dans tout État dont les institutions sont représentatives, monarchique ou république, c'est par le choix des ministres que le gouvernement prononce son esprit et sa marche.
Certes la nature ne fait pas tant de monstres pour un jour, et l'esprit de parti égare seul tant d'hommes à la fois ! Triste leçon pour les peuples ! on croit à des dangers, on se persuade qu'il faut les repousser, on le répète, on s'enivre, et tandis que certains hommes proclament avec légèreté qu'il faut frapper, d'autres frappent avec une audace sanguinaire.
Pour se créer des moyens d'énergie, il faut l'énergie, et tout parti modéré qui veut arrêter un parti violent, est dans un cercle vicieux dont il ne peut jamais sortir.
Un homme de génie aime à faire seul ce qu'il croit être seul capable de bien faire. Le génie n'aime pas à être contrarié dans ses œuvres.
La faiblesse cherche à se donner des espérances plutôt qu'à s'assurer le succès, et elle ne parvient de cette manière qu'à se perdre, en inspirant des soupçons qui irritent autant les partis que la réalité même, car il vaut mieux les frapper que les menacer.
Le regret veut tout recouvrer, l'ambition veut tout conquérir.
Il est dans la nature des réactions, non seulement de chercher à réparer le mal accompli, mais encore de vouloir des vengeances.
Hélas ! pourquoi faut-il que dans ces temps de discordes la raison ne suffisse pas ?
Vaines prévoyances du génie qui veut éterniser toutes choses, dans un monde mobile et changeant !
La révolution doit tout hâter pour ses besoins. La révolution est à l'esprit humain ce que le soleil d'Afrique est à la végétation.
Un peuple vraiment disposé à s'insurger, éclate, va chercher des chefs, les supplie, les force de se mettre à sa tête, mais n'attend pas qu'on l'organise.
Les braves militaires font la guerre et désirent la paix.
Je n'ai de scepticisme d'aucune sorte ! ce n'est pas ma nature, ce n'est pas celle de mon esprit, ce n'est pas celle de mon caractère. Les résolutions nettes et décidées sont les seules conformes à ma nature. Je ne suis pas plus sceptique en politique que je ne le suis en philosophie.
J'ai pour maxime qu'il faut tout prendre au sérieux, mais rien au tragique.
Une tentative augmente ordinairement, par la rapidité de son bruit, la puissance de ceux contre lesquels elle était dirigée.
Une transaction n'est possible qu'après l'épuisement des forces. Vouloir opérer la transaction avant le combat, c'est vouloir faire la paix avant la guerre
On ne détruit pas les souvenirs avec des baïonnettes.
Peu importent les revers, pourvu que des succès viennent s'y mêler, et rendre au vaincu l'espérance et le courage. L'alternative ne fait qu'augmenter l'énergie et exalter l'enthousiasme de la résistance.
Les grandes réunions nous élèvent, nous détachent de nous, et nous rattachent aux autres.
La vile populace est toujours prête à outrager le génie.
L'existence est une lutte de tous les jours, un combat permanent.
On se trompe si l'on croit qu'un peuple en révolution est disposé à être conquis, il est prêt au contraire à conquérir les autres.
On ne peut étouffer une forte passion que par une plus forte passion.
L'or et l'argent vont, comme toutes les marchandises, là où la demande les attire ; seulement leur prix est plus élevé, et se maintient jusqu'à ce que la quantité soit suffisante, et que le besoin soit satisfait.
Chaque mouvement d'un parti qui n'est pas assez fort pour vaincre, ne fait que hâter sa perte.
Il n'y a que des moments dans la vie des peuples, comme dans celle des individus.
Les mesures qu'on prend dans les moments de crise, à la suite d'un changement de système, sont imaginées pour sauver un État, et arrivent rarement à temps pour le sauver, car tout est souvent décidé avant qu'elles puissent être mises à exécution.
Quand le pouvoir a su s'assurer une soumission générale, il n'a qu'à laisser faire les âmes basses, elles viennent achever elles-mêmes l'œuvre de sa domination, et y ajouter un culte et des honneurs divins.
Il faut toujours qu'un homme ait les inconvénients de ses qualités.
Une imagination vive, un cœur sensible, promettent une vie bien orageuse à ceux qui en sont doués.
Quand des idées qui ont préoccupé les esprits touchent à leur fin, elles restent dans quelques têtes, et s'y changent en manie et en imbécillité.
L'homme peu cultivé et d'une classe inférieure est toujours sensible aux démonstrations amicales de l'homme, que son costume, son langage, ses manières, placent au-dessus de lui.
Les hommes peu cultivés sont peu généreux, et chez eux la grandeur n'est pas pardonnée, aussitôt qu'elle est tombée.
Les hommes les plus éclairés ne sont pas toujours les plus résolus.
Nul n'est plus dangereux, plus cruel que l'homme sans lumières et sans éducation, revêtu d'une autorité récente.