Les 50 pensées et citations d'Adolphe Thiers :
Une imagination vive, un cœur sensible, promettent une vie bien orageuse à ceux qui en sont doués.
L'homme le plus implacable est celui qui jadis avait eu peur.
Un gouvernement doit nécessairement réussir. L'obliger à convenir qu'il n'a pas réussi, c'est l'obliger au plus funeste de tous les aveux.
Le premier soin d'un gouvernement est de faire le contraire de celui qui l'a précédé, ne serait-ce que pour obéir aux passions qui l'ont fait triompher.
Le principe du gouvernement démocratique, c'est la vertu, et son moyen pendant qu'il s'établit, c'est la terreur.
La fidélité et l'indépendance sont deux qualités qui semblent contradictoires, mais qu'on trouve souvent réunies chez les hommes de mer.
L'empressement des femmes est toujours le symptôme le plus sûr de l'engouement public. Ce sont elles qui, par leurs soins actifs, leurs discours, leurs sollicitudes, se chargent d'y ajouter le ridicule.
Il ne faut exiger des hommes et des esprits que ce qu'ils peuvent à chaque époque.
Tout gouvernement doit avoir son excès, et ne périt que lorsqu'il a atteint cet excès. Lorsque le signal est donné... chacun agit sans remords, sans répugnance ; on s'habitue à cela, comme le juge à envoyer les coupables au supplice, le médecin à voir des êtres souffrants sous son instrument, le général à ordonner le sacrifice de vingt mille soldats.
Tels sont les êtres vils qui s'acharnent sur les hommes de bien dès que le pouvoir leur en a donné le signal ! Aussitôt que les chefs ont jeté la première pierre, tout ce qui vit dans la fange se soulève, et accable la victime.
On ne va jamais qu'à la suite des étrangers qu'on appelle à son secours.
Tel est le sort des États : s'ils sont forts, ils font eux-mêmes leurs révolutions, mais ils en subissent tous les désastres et se noient dans leur propre sang; s'ils sont faibles, ils voient leurs voisins venir les révolutionner à main armée, et subissent tous les inconvénients de la présence des armées étrangères. Ils ne s'égorgent pas, mais ils payent les soldats qui viennent faire la police chez eux.
Il faut à l'esprit humain malade le lit plein de songes de la superstition : et à voir les fêtes, les processions qu'on institue, les autels et les saints sépulcres qui s'élèvent, il me semble qu'on ne fait que changer le lit du malade, seulement on lui retire l'oreiller de l'espérance d'une autre vie.
L'esprit de l'homme n'est pas fait de telle sorte qu'il cherche ainsi à tout simplifier par la franchise. Le parti vainqueur veut convaincre, et il ment ; un reste d'espoir engage l'esprit vaincu à se défendre, et il ment ; et on voit dans les discordes civiles, ces honteux procès, où le plus fort écoute pour ne pas croire, où le plus faible parle pour ne pas persuader, et demande la vie sans l'obtenir. C'est après l'arrêt prononcé, c'est après que tout espoir est perdu, que la dignité humaine se retrouve, et c'est à la vue du fer qu'on la voit reparaître toute entière.
Telle est la triste condition de celui qui est engagé dans le mal qu'il ne peut plus s'y arrêter. Dès qu'il commence à concevoir un doute sur la nature de ses actions, dès qu'il peut entrevoir qu'il s'égare, au lieu de rétrograder, il se précipite en avant, comme pour s'étourdir, comme pour écarter les lueurs qui l'assiègent. Pour s'arrêter, il faudrait qu'il se calmât, qu'il s'examinât, et qu'il portât sur lui-même un jugement effrayant, dont aucun homme n'a le courage.
L'expérience a prouvé que la guerre interdisant les spéculations commerciales, et ne permettant plus que les spéculations sur les fonds publics, facilite les emprunts, loin de les rendre plus difficiles.
Un dévot sans passions, sans les vices auxquels elles exposent, mais aussi sans le courage, la grandeur et la sensibilité qui les accompagnent ordinairement, un dévot ne vivant que de son orgueil et de sa croyance, se cachant au jour du danger, revenant se faire adorer après la victoire remportée par d'autres, est un des êtres les plus odieux qui aient dominé les hommes, et on dirait les plus vils, s'il n'avait eu une conviction forte et une intégrité reconnue.
Il n'y a pas de gouvernement au monde qui eût réussi à empêcher les désertions en temps de paix.
Aujourd'hui, une génération superficielle et ingrate critique les opérations (du gouvernement révolutionnaire), trouve les unes violentes, les autres contraires aux bons principes d'économie, et joint le tort de l'ingratitude à l'ignorance du temps et de la situation. Qu'on revienne aux faits, et qu'enfin on soit juste pour des hommes auxquels il en a coûté tant d'efforts et de périls pour nous sauver.
Les hommes qui se présentent pour opérer des changements dans une constitution sont toujours les plus prononcés de leur parti.
Il n'y a pas d'exemple qu'un parti ait jamais suivi des conseils.
C'est la confiance qui hâte les travaux du commerce, qui fait arriver les denrées, et qui rend leur distribution égale et facile.
Il n'y a ni force ni consistance sans un certain degré de concentration et d'unité.
Les communications des puissances portent comme toutes les relations entre les hommes, le caractère du temps, de la situation des individus qui gouvernent. Un gouvernement fort et victorieux parle autrement qu'un gouvernement faible et vaincu ; et il convient à une république appuyée sur la justice et la victoire, de rendre son langage prompt, net et public.
Une commission militaire à laquelle un gouvernement envoie des accusés importants ne sait jamais les lui rendre absous.
Les combats que se livrent les peuples par ordre des despotes ressemblent aux coups que deux amis, excités par un instigateur perfide, se portent dans l'obscurité ! Si le jour vient à paraître, ils s'embrassent et se vengent de celui qui les trompait.
Avant que l'humanité se jette dans la route de la civilisation, il y a un point de simplicité, d'ignorance et de pureté, où on voudrait l'arrêter, si son sort n'était de marcher à travers le mal vers tous les genres de perfectionnement.
Les circonstances font surgir les hommes.
Un homme est en place, il suffit, on le calomnie.
Il faut admirer les batailles grandes par la conception ou le résultat politique ; mais il faut célébrer surtout celles qui sauvent. On doit l'admiration aux unes et la reconnaissance aux autres.