Biographie courte : Poète symboliste français né le 3 avril 1858 à Lille dans le Nord, Albert Samain est décédé le 18 août 1900 à Magny-les-Hameaux dans les Yvelines. Poète et collaborateur du Chat noir, un célèbre cabaret de Montmartre, Samain reste longtemps un parfait inconnu. Lorsque paraît son recueil, Au jardin de l'Infante en 1893, il est salué par un article de François Coppée dans Le Journal, un quotidien français qui parut entre 1892 et 1944. Samain devient alors célèbre et l'ouvrage est couronné par le prix Archon-Despérouses de l'Académie française en 1898. La même année, il publie un autre recueil, Au flanc du vase. Au début des années 1890, fortement influencé par Charles Baudelaire, la poésie de Samain devient ensuite, dans ses meilleurs moments, plus proche des Fêtes galantes de Paul Verlaine. Son autre recueil, Le Chariot d'or, ne pourra être lu qu'après sa mort en 1901. Albert Samain meurt à l'âge de 42 ans de la tuberculose, il est enterré le 21 août 1900 au cimetière de l'Est à Lille. Ses principales œuvres : Au Jardin de l'Infante (1893), Aux flancs du vase (1898), et Le Chariot d'or (posthume, 1901). (Albert Samain sur Wikipédia)
Mon cœur, tremblant des lendemains, est comme un oiseau dans tes mains qui s'effarouche et qui frissonne. Il est si timide qu'il faut ne lui parler que pas trop haut pour que sans crainte il s'abandonne.
Il est des heures d'agonie où l'on rêve la mort bénie au long d'une étreinte infinie.
Il est des soirs d'amour subtil, des soirs où l'âme, semble-t-il, ne tient qu'à peine par un fil.
La parole a des notes d'or ; le silence est plus doux encor, quand les cœurs sont pleins jusqu'au bord.
Je veux au bord de l'eau, ô bien-aimée, à ta lèvre d'amour boire un peu de ton âme.
Rien n'est doux comme l'agonie de la lèvre à la lèvre unie dans la musique indéfinie.
Les amants, dont l'âme au firmament s'abîme, enivrés de la nuit transparente et sublime, parfois ferment les yeux et soudain, ô douceur ! Retrouvent tout le ciel étoilé dans leur cœur.
Nous irons, si tu veux, jusqu'au soir, à pas lents, bercer l'été qui meurt dans nos cœurs indolents.
Viens, que je cueille sur tes dents la fleur de ton baiser !
Ta voix me sonne au cœur comme un chant dans le soir.
Blotti comme un oiseau frileux au fond du nid, je songe à l'infini.
Prends garde, il est des cœurs trop tendres pour l'amour. Toute âme devient folle à l'odeur de la femme. Prends bien garde !
Depuis qu'elle est entrée en riant dans ma vie, je souffre !... Toute paix d'autrefois m'est ravie... D'abord, ce fut charmant ; les jours passaient légers, on eût dit une abeille à travers mes vergers. Puis l'aimant, je voulus être beau pour lui plaire, quant, tout à coup, saisi de trouble et de colère, je vis que j'étais laid !
Ce soir, je veux me fondre sous tes dents comme un fruit, tant je t'aime !
Ces beaux yeux que j'implore, quand tu les ouvres, c'est comme un ciel à l'aurore.
Mon cœur est un enfant qui désespère et crie.
Ton souvenir est comme un livre bien aimé, qu'on lit sans cesse, et qui jamais n'est refermé.
Lèvres ! Baiser qui meurt, baiser qui mord ; lèvres, lit de l'amour profond comme la mort !
Il est des soirs de rancœur où la fontaine du cœur est si pleine !
Quand vous devenez pessimiste, regardez une rose.
Le reproche est bavard ; la rancune égoïste.
Mon Âme est une infante en robe de parade.
Mon orgueil est ma vie, et mon royal trésor.
Le repos succède aux travaux des longs jours.
Rien jamais n'est plus grand que notre misère !
Les heures de la nuit sont filles de la peur.
Il est des nuits de doute où l'angoisse vous tord.
Il est d'étranges soirs où les fleurs ont une âme.