Les 70 pensées et citations d'Antoine Albalat :
Avoir du talent, c'est comprendre que l'on peut faire mieux, et avoir les moyens intellectuels de réaliser la perfection que l'on rêve. Les vrais artistes ne se rebutent pas ; c'est cette persévérance qui constitue la pierre de touche du style.
Il ne faut surtout pas s'aveugler sur soi-même, car il arrive que ce que nous aimons le mieux en nous, ce sont nos défauts.
L'ignorance juge tout et règne partout : le monde intellectuel est devenu la proie de l'incompétence.
Lire, c'est étudier ligne à ligne une œuvre littéraire. La lecture forme nos facultés, nous les fait découvrir, éveille les idées, crée et soutient l'inspiration. C'est par la lecture que nous naissons à la vie intellectuelle.
L'imagination est une folle, il faut la guider, la tenir, s'en servir comme d'un instrument, mais non l'employer pour elle-même, en faisant d'elle le but de l'inspiration et de l'art d'écrire.
Mieux vaut être rocailleux et dissonant que fade et banal.
Ce qui sauve une œuvre et l'immortalise, c'est le style.
Jamais l'art d'écrire n'a été si facile pour la médiocrité ; jamais le vrai talent ne fut plus rare.
Le vrai style n'est pas celui qu'on apprend par le travail, c'est un don de facilité. Le vrai style n'a ni procédés ni rhétorique. C'est l'expression de la pensée à l'état spontané et inconscient. Rhétorique, mécanisme, règles, labeur, parti pris ne servent qu'à faire du style faux, du style artificiel.
L'important, quand on imite, est de ne pas copier son modèle, mais de le mettre en valeur.
Le meilleur moyen de paraître profond est d'être à peu près inintelligible.
Apprendre, c'est s'accroître ; apprendre, c'est agrandir sa vie.
L'orgueil et la paresse sont les deux sources de tous les vices.
Les yeux aussi entendent les sons. De même que le musicien entend l'orchestre en parcourant une partition, il suffit de lire une phrase pour en goûter la cadence.
La lecture nourrit l'âme, comme le pain nourrit le corps.
La lecture est la plus noble des passions, elle enseigne l'art d'écrire, comme elle enseigne la grammaire et l'orthographe.
La sensibilité, au point de vue littéraire, n'est que l'art de se rendre ému par l'imagination.
Apprendre à bien écrire, c'est aussi apprendre à juger les bons écrivains.
En littérature, peu de gens sont capables de juger leurs propres ouvrages. Qu'on se loue ou qu'on se critique, on se trompe presque toujours : ou on est indulgent ou on est injuste.
Tenir une conférence est à la portée de tous : on n'a même pas besoin d'être orateur, il suffit de savoir lire.
Tout le monde n'est pas destiné à devenir l'idole des dames.
Le grand vice de l'article de journal est sa rapidité : on le fait toujours trop long, parce qu'on n'a pas le temps de le faire plus court. Que de choses pourraient être dites en moins de mots !
Un savoir-faire général tend à démarquer les vocations, et personne n'a plus de talent, depuis que tout le monde en a trop.
À force de vouloir écrire, on finit par ne plus savoir écrire.
Écrire est une noble ambition, mais pour écrire il faut avoir du talent.
L'inspiration est la sœur du travail journalier.
Le roman est devenu un commerce comme celui de la betterave ou de la pomme de terre. Les Revues payent le manuscrit, l'éditeur lance le volume, il se vend, et on recommence. L'écrivain ne travaille que pour l'argent.
Le roman pullule, comme l'herbe pousse, comme le blé mûrit. Le roman a tout envahi : on fait des romans avec n'importe quoi, sur n'importe quoi. Non seulement on est en train de tuer le roman, mais on le déshonore.
Aujourd'hui, on ne travaille plus pour réaliser une œuvre, mais pour gagner de l'argent.
Dans un pays où il y a des malheureux, des familles nombreuses écrasées de charges, des malades, des infirmes, c'est un gros péché d'aller pécuniairement encourager la nullité, le non-talent, le temps perdu.